Pour la grève du travail salarié et domestique le 8 mars contre la réforme des retraites et les violences patriarcales !

Le 8 mars aura lieu comme tous les ans la journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Cette journée s’inscrit en France dans un contexte d’intense conflit de classe durant ces deux dernières années, qui ont posé la question sociale au centre, et qui ont vu les femmes s’y investir fortement, en particulier pendant le mouvement des Gilets jaunes. Le mouvement de grève contre la réforme des retraites a quant à lui révélé au grand jour le fait que les attaques de la bourgeoisie se répercutent toujours plus fortement sur les femmes de notre classe. La direction de la CGT elle-même a donné une place importante dans son argumentation à la question de la prise en compte de la maternité dans le calcul de la retraite et à la manière dont le nouveau calcul sur l’ensemble de la carrière s’abat sur les femmes travailleuses. En effet, elles sont particulièrement touchées par le temps partiel contraint ou les carrières saccadées, du fait de la fonction de reproduction de la force de travail dans la sphère domestique (cuisine, maternité, entretien, etc.) qui leur est assignée par la société. 

Mais au-delà de la sphère domestique, le travail reproductif auquel elles sont assignées se déploie aussi dans la sphère marchande et publique, dans des secteurs particulièrement pressurisés depuis la crise de 2008 comme la santé, le travail social ou le nettoyage. Ces secteurs où travaillent majoritairement des femmes font d’ailleurs leur apparition dans la contestation, en particulier les hôpitaux comme ce 14 février dernier, ou encore le nettoyage avec, de manière plus localisée, la grève très combative des Ibis de Batignolles (en grève reconductible depuis le 17 juillet 2019) et les agentes d’entretien à l’université du Mirail. Et bien que la RATP et la SNCF soient des secteurs essentiellement masculins, on a pu voir de nombreuses travailleuses s’exposer au cœur du mouvement de grève reconductible depuis le 5 décembre, dont certaines posaient explicitement le problème de la réforme des retraites pour les femmes. 

Les grévistes doivent donc s’emparer du 8 mars pour en faire une journée de mobilisation nationale contre la réforme des retraites, en l’articulant avec des revendications sur l’égalité salariale entre hommes et femmes et sur la question des violences patriarcales. De telles articulations permettront de dénoncer les politiques d’austérité qui aggravent la situation des femmes : plus de centres d’hébergement d’urgence pour les personnes victimes de violences conjugales, plus de crèches publiques et gratuites pour socialiser une partie du travail domestique !

Si la grève du travail domestique n’impacte pas aussi directement le capital que celle du travail salarié, elle permet de visibiliser ce travail invisible qu’effectuent les femmes au foyer, ainsi que la violence et les rapports sociaux patriarcaux qui s’y jouent. Les tâches domestiques et parentales sont toujours inégalement réparties, et la charge mentale pèse toujours sur les femmes. Il s’agit d’un sujet éminemment politique que le mouvement social doit prendre à bras le corps pour combattre le sexisme qui existe y compris dans ses propres rangs et qui mine son unité ainsi que la capacité des femmes à se mobiliser.

Par conséquent, les directions syndicales doivent prendre leurs responsabilités et formuler un appel clair à la grève du travail salarié et domestique pour le 8 mars ! Pour l’instant, le dernier communiqué de l’intersyndicale daté du 6 février reste très vague et appelle à « de nouveaux temps forts de mobilisation, autour du 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes.». En cette année 2020, le 8 mars tombe un dimanche, mais nombreux-ses sont désormais les travailleus.ses, en particulier les femmes (santé, grande distribution, nettoyage) qui travaillent en entreprise le dimanche. Dès la journée de mobilisation du 5 mars, mettons-nous en ordre de bataille pour faire du 8 mars une journée de grève du travail salarié et domestique, avec les femmes gilets jaunes et grévistes en première ligne. Dans les syndicats, il faut investir les commissions femmes pour préparer la mobilisation dans les entreprises. Sur les facs et les lycées, organiser des assemblées générales non-mixtes pour y porter cette politique. Sur les facs et les lycées, pour préparer le 8 mars dans la continuité de la mobilisation, nous pouvons organiser des AG non-mixtes et y porter cette politique. Dès le 8 mars au soir, des assemblées générales doivent se tenir pour défendre la reconduction de la grève le 9, afin que le 8 mars ne soit plus une journée sans lendemains !

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