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SOURCE : Les crises
Nous vous proposons aujourd’hui ce billet consacré à l’épidémie de Coronavirus (« Covid-19 » pour être plus précis). Il sera remis à jour régulièrement.
I. Le Coranovirus Covid-19
Il convient de rappeler, pour diminuer certaines peurs irrationnelles, que ce nouveau virus entraîne, pour simplifier, une sorte grippe pouvant être très aiguë, ni plus, mais ni moins.
1.1 La grippe « simple »
La grippe saisonnière est une infection respiratoire aiguë, due à un virus Influenza.
Virus Influenza
Rappelons que chaque année, la grippe touche entre 2 millions et 6 millions de personnes en France. La grippe saisonnière se manifeste généralement par un début brutal avec une forte fièvre, une fatigue intense, des courbatures et des maux de tête. La plupart des personnes atteintes guérissent en une à deux semaines sans traitement médical. Il s’agit alors d’une grippe « simple ».
1.2 La grippe aiguë
Cependant, la grippe peut entraîner des complications graves chez les sujets à risque (personnes âgées ou sujets fragilisés par une maladie chronique, femmes enceintes ou encore nourrissons prématurés). La mortalité liée à la grippe saisonnière concerne essentiellement les sujets âgés. Ces complications sont dues aux virus eux-mêmes, mais également aux surinfections bactériennes (pneumonie) qu’ils peuvent engendrer ou à la décompensation d’une pathologie chronique sous-jacente (diabète, asthme, maladie cardiaque, insuffisance rénale, etc.).
La grippe est la seconde cause de mortalité par maladie infectieuse en France (derrière la pneumonie à pneumocoque). Entre 2016 et 2019, elle a entraîné le décès de 8 000 à 16 000 personnes selon les années, à 90 % chez des plus de 65 ans. Au niveau mondial, la grippe saisonnière est responsable de 290 000 à 650 000 décès par an selon l’Organisation mondiale de la santé (source).
La létalité (le nombre de morts par rapport à la population infectée) de la grippe saisonnière est de 0,2 à 0,5% selon Santé publique France.
Ainsi, la grippe, qui passe pour une maladie bénigne, est en fait un vrai problème de santé publique.
1.3 La grippe espagnole de 1918
En 1918-1919, la pandémie dite de la « grippe espagnole » a touché le monde entier. Les estimations de l’OMS indiquent qu’au moins 40 millions de personnes en seraient décédées, dont 400 000 en France (dont Guillaume Apollinaire ou Edmond Rostand ; source ici, là, là et là).
Cette grippe avait une forte létalité, de 2 % à 3 % ; de plus, la moitié des morts étaient des adultes de 20 à 40 ans, alors que la grippe classique décime presque uniquement les bébés et les personnes âgées. Elle se caractérisait aussi par une très forte contagiosité (le tiers de la population mondiale a été touché). La plupart des victimes mouraient de surinfection bactérienne, qui se déclarait au bout de 4-5 jours et conduisait au décès une dizaine de jours après les premiers symptômes grippaux, en l’absence, à l’époque, d’antibiotiques.
1.4 Le coronavirus Covid-19
Les premières études laissent à penser que ce Coronavirus, apparu en décembre 2019 en Chine, aurait lui aussi une létalité de 2 % à 3 %, et une assez forte contagiosité.
Coronavirus
Voici les résultats d’une étude chinoise (dont la transposition en France n’est pas évidente) portant sur près de 45 000 cas (source) :
Mortalité par âge (2,3 % en moyenne) :
La mortalité varie entre 0,2 % chez les moins de 40 ans et 15 % chez les plus de 80 ans.
Les 20-60 ans représentent quand même 67 % des cas et 19 % des morts.
Mortalité par sexe :
On a apparemment une très nette différence par sexe : la mortalité des hommes était 60% supérieure.
Mortalité par gravité :
Seuls 5% des malades finissent dans un état critique, mais leur mortalité est alors de 50 %.
Mortalité par comorbidité :
La mortalité est bien plus forte en présence d’autres maladies, comme les maladies cardiovasculaires ou les affections respiratoires – mais ceci est aussi très probablement corrélé avec l’âge.
Coronavirus
Différence entre le virus de la grippe et le coronavirus
Enfin, il est à noter qu’il semble exister désormais 2 souches de coronavirus Covid-19 (L et S) suite à mutation ; la forme plus sévère (L) représentent 70 % des cas, et sa fréquence semble en diminution (source).
II. Situation dans les pays les plus touchés
Voici la situation des pays les plus touchés hors de Chine :
III. Réactions gouvernementales
Les réactions les plus fortes ont eu lieu en Chine :
Mais venons en à la France.
Notons bien deux choses constantes dans la propagande de crise des gouvernements : 1/ chercher non pas à informer mais à « rassurer » les populations, quitte à mentir 2/ une fois la crise survenue, ne surtout pas demander de comptes au gouvernement sur son échec.
Rappelons les propos du directeur général de la santé en France ; le 25 janvier, eh bien « le coronavirus, ce n’est pas grave » :
D’ailleurs, le nombre de morts augmente moins vite que le nombre de cas – hmm ce qui est normal au début d’une flambée des cas, vu que les décès interviennent au bout d’un certain temps… Mais bon, le Coronavirus est moins mortel que le SRAS – et que la peste noire et l’ébola…
Bon, le 4 mars, désolé, l’épidémie est inéluctable – on n’a pas pu l’arrêter, il a totalement échoué :
Ce qui est finalement peu surprenant :
A « rien », sauf à empêcher l’entrée des personnes malades qui vont contaminer l’aéroport, le métro et/ou taxi etc. Il est vrai que cela n’arrête pas les personnes en incubation, mais c’est un début… Mais bon, parole d’experte :
D’où la « cohérence » observée au fil de semaines :
Il est intéressant de comparer les politiques d’autres pays :
Mais en Europe, cela ne se passe pas comme cela :
Bilan : moins de 10 cas en Russie (plus de 4000 km de frontières avec la Chine), 4 000 en Italie…
Bien sûr, la pandémie va se répandre partout maintenant – mais chaque jour de gagné sauve des vies.
Il est quand même surprenant, alors que la Chine mettait en quarantaine ses villes, que rien n’a été fait pour tenter de mettre la Chine en quarantaine – ce qui n’aurait pas été si difficile…
IV. Situation de l’épidémie
Voici la situation de l’épidémie en Chine, qui a connu 80 000 cas (dont 3 000 décès) :
On constate donc que l’épidémie semble, à ce jour, sur la voie d’être vaincue – si de nouveaux foyers n’apparaissent pas.
La situation est tout autre dans le reste du monde, avec 20 000 cas (dont 350 décès):
L’épidémie est donc en plein développement, comme en France, qui approche des 600 cas (et 9 décès) :
(N.B. : vu les écarts, représenter un graphique pour toute la planète serait trompeur à ce stade. Source : Université John Hopkins)
V. Prévisions pour la France
Nous allons tenter d’estimer (avec prudence) l’évolution de la situation dans les prochains jours.
Nous sommes aider par le fait que l’Italie a hélas, de l’avance sur l’épidémie. On peut penser que le déroulé de l’épidémie devrait être assez proche entre pays occidentaux, au vu de la situation proche de la santé des populations et du système sanitaire. Cela semble être confirmé :
Comme on le voit, l’évolution de l’épidémie en France et en Allemagne est très proche, et très proche aussi de l’évolution en Italie il y a 8 jours.
Dès lors, on peut prudemment s’inspirer de l’évolution de l’Italie pour les prochains jours :
Si la situation se développe identiquement, nous devrions connaître environ 2 000 cas mercredi prochain.
De même, nous pouvons tenter une prospective un peu plus lointaine avec les autres pays :
Il semble ainsi raisonnable de s’attendre à au moins 5 000 cas dans 10 jours.
Il sera ainsi intéressant de refaire alors une estimation de la situation, pour voir si nous avons une bonne ou une mauvaise surprise dans le développement de cette épidémie.
VI. En conclusion
En conclusion, on peut donc dire ceci :
- tout d’abord, il n’y a aucune raison de paniquer, mais il convient d’adopter des mesures de prudence face à un potentiel problème majeur de santé publique ;
- les personnes à risque (personnes de plus de 60 ans et/ou atteints de problèmes de santé et/ou fumeurs) doivent être protégées en priorité – les autres ne craignent pas grand chose. Il faut qu’elles évitent les contacts avec des personnes malades et des objets souillés ;
- les efforts mis en place payent, et on ne constate pas à ce jour de flambée incontrôlée de l’épidémie laissant à penser que des millions de personnes seraient atteintes en France. L’enjeu est en effet de savoir s’il y aura 20 000 cas ou 2 millions, donc quelques dizaines/centaines de décès, ou des dizaines de milliers… Et s’il n’y a que 20 000 cas, il faudra nous féliciter de tous les efforts accomplis qui auront payé, et non pas s’en moquer en disant qu’on s’est affolé pour rien…
A suivre…
Olivier Berruyer