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SOURCE : Révolution permanente
Avec 3.661 cas de coronavirus détectés et 79 morts, la France se situe parmi les pays les plus touchés par l’épidémie. Pourtant les tests de dépistage restent peu accessibles à la population, et le nombre de test effectués est largement inférieur à d’autres pays moins touchés
Qu’en est-il de la réalité du nombre de tests effectué en France ?
Celle-ci est compliquée à définir, du fait d’une transparence très minime de la part des autorités. De plus, comme mis en exergue par le Check-news du 13 mars de Libération,, il y a de nombreuses contradictions dans les différents chiffres sortis. De fait, le 5 mars, un graphique réalisé par GHoeberX a été publié sur Twitter, montrant un comparatif des tests effectués en France et au Royaume-Uni, en Corée du Sud, et en Italie. Ces chiffres qui viennent directement du rapport journalier d’une source censée être fiable – l’organisme Santé Publique France – montraient un nombre de tests très inférieur pour la France comparativement aux autres pays, pourtant parfois moins touchés par l’épidémie comme au Royaume-Uni. Selon LCI, 12.000 tests avaient été réalisés entre le 24 février et le 11 mars. Une gestion très différente de celle mise en place en Corée du Sud, où des contrôles massifs ont été mis en place, qui en fait une référence en matière de lutte contre l’épidémie. La méthode a d’ailleurs été exportée en Grande-Bretagne, où les autorités comptent augmenter le taux de dépistage à 10.000 par jour. Des chiffres qui contrastent avec le faible accès aux tests en France.
Curieusement, à la suite de cette publication, ces rapports journaliers ont tout simplement disparu du site de Santé Publique France, et ont été remplacés par une nouvelle page où les caractéristiques de comptages sont différentes et les chiffres de dépistages bien supérieurs : 2.000 cas supplémentaires auraient été testés pour la même période. Face aux interrogations des journalistes, la plateforme ne donne que des explications partielles sur la différence des deux rapports mais aussi sur la suppression suspecte des pages. De plus, depuis le 7 mars, l’agence ne publie plus aucun chiffre. Il est pourtant légitime de la part de la population d’exiger des informations claires face à la crise sanitaire ouverte avec l’épidémie de Coronavirus. D’autant plus que la psychose est justement alimentée par l’absence de dépistage systématique, et par conséquent la possible présence de nombreux contaminés non-diagnostiqués.
Pourquoi la France réalise si peu de tests ?
Au lieu de tester tous les cas suspects ou même la population dans son ensemble, seules les personnes gravement malades sont éligibles au dépistage officiel dans les hôpitaux publics. En effet, les autorités justifient cette sélection en expliquant qu’il serait impossible de généraliser le dépistage, tandis que de nombreux médecins se plaignent d’une rupture de stocks très rapide des kits de détection, de prélèvements, mais aussi de protections. Ces carences montrent une nouvelle fois les conséquences directes de la casse de l’hôpital public et de la recherche, par les gouvernements néo-libéraux successifs et actuel. Aujourd’hui, ce manque de moyen humain et matériel entraîne immanquablement une sous-estimation du nombre de cas de contamination.
Des dépistages si complexes à réaliser ?
Le test diagnostic du COVID-19 doit forcément être effectué par un médecin ou un infirmier. Il consiste en un prélèvement par une petite brosse dans la gorge le nez ou le nasopharynx. L’échantillon est par la suite analysé par un laboratoire spécialisé afin de rechercher la présence du potentiel gène du coronavirus et ainsi confirmer le diagnostic de l’infection. Il s’agit d’un test non-invasif, qui ne prend que quelques secondes. Facile à effectuer, le délai d’attente des résultats n’excède pas trois à cinq heures. Au point que des cliniques et laboratoires privés en Espagne le commercialisent même sur internet entre 150€ et 300€, soit 3 à 6 fois le coût « normal » du test.
Une campagne de dépistage pour toutes et tous gratuite essentielle pour endiguer le virus !
Les autorités ne prévoient pas pour le moment d’effectuer de tests gratuits et accessibles à tous. Jusqu’à présent, les tests de dépistage réalisés en milieu hospitalier étaient pour certains facturés au prix de 135€. Il est prévu que les dépistages du COVID-19 soient réalisés en laboratoire de villes, facturés 54 euros et remboursés à hauteur de 60 % par la Sécurité sociale. La somme restante pourra être prise en charge par les mutuelles, tout en sachant qu’un grand nombre de personnes n’en possèdent pas.
Ainsi, le coût important pour les usagers est un obstacle à une campagne de dépistage massive, et laisse le flou sur le nombre réel de personnes contaminées. Cela alors que de plus, les annonces faites par Emmanuel Macron jeudi soir tendent certes à fermer les lieux d’enseignements mais pas les entreprises et les transports en communs, entraînant donc indéniablement de nouveaux cas de contact avec le virus et de contamination. Pour faire face à l’extension du coronavirus que l’OMS qualifie désormais de pandémie, une campagne de dépistage gratuite et accessible à tous est nécessaire, tout comme l’embauche de personnels soignants, et la mise à disposition de moyens supplémentaires dans les hôpitaux ainsi que dans la recherche.