Dans son discours, Macron a tout fait pour donner l’impression qu’il avait – enfin ! – pris conscience de la gravité de la crise sanitaire et a annoncé des mesures en apparence fortes. Mais quelle est la réalité ?
Jusqu’au jeudi 12 mars, le gouvernement n’a pris aucune mesure sérieuse pour contenir la propagation de l’épidémie. Pire, lors du week-end des 7 et 8 mars, Macron incitait la population à sortir pour consommer et faire tourner l’économie ! Quelle inconscience, alors que l’épidémie se propageait déjà très rapidement ! Et maintenant il essaye de rejeter la responsabilité de la propagation de l’épidémie sur la population : le problème principal serait que les gens ne respectent pas les consignes, seraient inconscients. Mais la réalité est que le discours officiel n’a pas été clair sur la gravité de la situation. Depuis le 12 mars, le gouvernement prend des mesures qui sont immédiatement dépassées par la réalité. Par exemple, il maintient les élections municipales dont il est aujourd’hui contraint de reporter le deuxième tour.
Aujourd’hui, il annonce enfin et à juste titre une restriction des déplacements… mais pas ceux des salarié·e·s qui se rendront à leur travail ! Les cadres pourront télétravailler pendant que les prolétaires devront prendre les transports en commun et bosser dans des locaux confinés, avec des risques évidents pour leur santé. C’est inadmissible ! Les métiers nécessaires, comme les caissier.e.s de supermarché, doivent impérativement être protégé.e.s et des masques et des gants doivent par exemple être fournis. Macron, malgré son discours de proximité avec les souffrances des gens, semble surtout préoccupé de rassurer les marchés. Nous appelons tout.e.s les travailleur.se.s de tous les secteurs d’activité indispensables à imposer, en faisant usage de leur droit de retrait ou par la grève, les conditions elles aussi indispensables à leur sécurité.
Alors qu’il s’était engagé à suivre l’avis du « conseil scientifique » qu’il a mis en place et qui préconisait un « confinement total », Macron privilégie encore, malgré la gravité de la situation, les intérêts patronaux à ceux de notre santé et n’applique pas cette recommandation. Il faudrait pourtant un confinement le plus total de l’ensemble du territoire possible dès aujourd’hui, avec maintien des seules activités économiques absolument indispensables (régie de l’eau, électricité, hôpitaux, production de matériel de soins, d’hygiène et de nourriture). L’exemple de la Corée, qui a réagi très vite, montre qu’il est possible d’obtenir des résultats très significatifs en agissant “vite”, ce que dit Macron mais qu’il n’a pas fait, car il y a plus de 10 jours au moins que le confinement total aurait dû être décrété. Inversement, l’exemple de l’Italie, où la propagation du virus continue, montre que les mesures limitées par les préoccupations de continuer à faire tourner l’économie, comme celles proposées par Macron, ne pourront pas arrêter le virus.
Pour les patrons, le guichet est ouvert ! Sans aucun justificatif, ils ne paieront plus rien ! Ni leurs cotisations, ni leurs impôts, ni même leurs diverses factures et leurs loyers ! En revanche, pour les salarié.e.s, rien n’est prévu : les chanceux-ceuses auront droit au « chômage partiel », c’est-à-dire que l’État (nos impôts) paiera un salaire rétréci à la place des patrons. Enfin, sur tous les sujets cruciaux, il y a beaucoup de vague. On devrait dire merci ?
Quant aux soignant.e.s, ils et elles ont droit aux félicitations du Président, ainsi qu’à des taxis et des chambres d’hôtel, mais il manque toujours un véritable plan d’urgence pour l’hôpital. Des entreprises privées devraient êtres réquisitionné.e.s pour produire du matériel utile aux soins (masques, respirateurs, tenues, tests de dépistage, etc.), dont on manque de façon dramatique. Les cliniques privées, les médecins libéraux.ales – qui se donnent déjà corps et âme dans la lutte contre le virus malgré le manque de moyens – devraient être réquisitionné.e.s et mis.es sous la tutelle des hôpitaux publics, afin de coordonner l’offre de soins – ce que le plan blanc, qui est utile, ne fait pas complètement. Les infirmier.e.s en dernière année d’école devraient être embauché.e.s et envoyé.e.s tout de suite dans les hôpitaux, comme l’a demandé le collectif Inter-urgences. Le gouvernement espagnol, pourtant lui aussi capitaliste, va plus loin et a imposé la réquisition des cliniques privées. Combien de mort.e.s faudra-t-il pour que Macron prenne des mesures sérieuses ?
Nous ne devons pas être dupes des postures de « père de la nation » ni de la rhétorique grossièrement guerrière d’un golden boy au service du CAC 40. Nous serions “en guerre”, mais avec quels soldats et quelles armes quand le manque de personnels, de lits et de matériel se fait sentir depuis des années dans les hôpitaux ? Cette crise sanitaire et l’incapacité du gouvernement à y répondre de façon satisfaisante démontrent la faillite de ce gouvernement et de ce système. Gardons la tête froide, soyons solidaires !
Nous réaffirmons clairement que pour nous : nos vies valent plus que leur profit ! La crise dramatique que nous vivons confirme l’urgence de regrouper largement les travailleur.se.s, précaires, chômeur.se.s, jeunes dans un parti révolutionnaire de masse pour que ce slogan devienne une réalité, et pour préparer la riposte d’ensemble contre ce gouvernement qui, après avoir arrosé par la dette les entreprises et renfloué les banques pendant cette crise, va nous le faire payer par des années supplémentaires de politiques d’austérité et de privatisations. C’est cette “guerre”, une guerre sociale contre ce qui reste de services publics et d’acquis sociaux qui nous attend au tournant de cette crise. “Beaucoup de choses impossibles adviennent”, a dit Macron ce soir ; faisons advenir ce qui est nécessaire pour sauver nos vies, construire une société juste et solidaire, débarrassée de l’exploitation et de toutes les oppressions.