Documents – Le mouvement social ne doit pas se dissoudre dans l’état d’urgence sanitaire !

AVANT-PROPOS : les articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » ne représentent pas les positions de notre tendance, mais sont publiés à titre d’information ou pour nourrir les débats d’actualités.

SOURCE : Arguments pour la lutte sociale

Nous reproduisons en documents le communiqué des URIF du 23 mars 2020 et la déclaration issue de la coordination nationale de ce samedi.

Présentation du document 1 : Il faudrait une telle position commune au niveau national. L’intersyndicale n’a pas à être soluble dans l’état d’urgence !

Document 1

Communiqué des URIF CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF, UNL, du 23 mars 2020

Les unions régionales Ile-de-France (URIF) CGT, FO, Solidaires, FSU, avec l’UNEF et l’UNL, rejettent la loi relative à l’ « état d’urgence sanitaire » adoptée hier à l’Assemblée nationale : cette loi ne prend aucune mesure destinée à fabriquer en urgence des stocks massifs de masques FFP2, aucune mesure pour ouvrir des lits de réanimation et de soins intensifs dans les hôpitaux, aucune mesure pour organiser le dépistage systématique comme c’est le cas dans d’autres pays.

En revanche, cette loi permet d’habiliter le gouvernement à légiférer par ordonnances pour remettre en cause les droits et libertés des salarié.e.s pour une durée indéterminée, notamment en matière de congés payés, de réduction du temps de travail, de repos hebdomadaire ou de liberté de réunion.

Pour les URIF, cette loi reste plus que jamais inacceptable.

Les URIF s’inquiètent de la dégradation des libertés publiques, avec le durcissement des condi tions de déplacement, la mise en place de couvre-feux et le renforcement des sanctions.

Les URIF s’indignent des propos tenus par l’exécutif qui visent à rendre la population responsable de la propagation du virus : si la population respecte scrupuleusement les mesures de confinement, il n’en est pas de même de ce gouvernement, qui refuse de mettre en œuvre les mesures de protection des salarié.e.s, en arrêtant l’activité des entreprises non indispensables à la vie de la Nation pendant cette période.

Pour les URIF, c’est bien son incurie qui est responsable de la propagation du virus.

A ce titre, les URIF condamnent les mensonges du ministre de la Santé lorsqu’il déclare, mardi 17 mars, sur France inter : « Nous avons assez de masques aujourd’hui pour permettre aux soignants d’être armés face à la maladie et de soigner les malades. ». C’est faux, et les professionnel.le.s de santé le subissent, jour après jour, à leur dépens.

Faute de disposer de masques FFP2 en nombre suffisant, la direction de l’assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP) annonce qu’en 48h, le nombre de personnels soignants affectés par le COVID-19 est passé de 300 à presque 500. Nous assistons à un véritable scandale d’État, où les recommandations médicales s’ajustent aux contraintes économiques.

Les URIF réaffirment que le moyen le plus efficace pour conjurer la catastrophe sanitaire annoncée, c’est bien évidemment de respecter les gestes barrières, c’est aussi et surtout de rétablir tout de suite les lits qui ont été supprimés depuis des années, de créer sans attendre les postes nécessaires à la prise en charge de tous les patient.e.s (ceux atteints du Covid-19 et les autres) et de doter tous les personnels hospitaliers des masques FFP2 indispensables à leur protection.

Les URIF rappellent que ce sont les agent.e.s des « régimes spéciaux », agent.e.s de la Fonction publique et salarié.e.s qui ont des missions de service public (soignant.e.s en premier lieu, transports publics, enseignement, forces de police, services sociaux, administration pénitentiaire, ramassage des déchets… ) qui sont en première ligne et doivent assumer ces missions le plus souvent sans aucune protection (masques, gants, gels).

Elles rappellent que beaucoup de ces métiers sont féminisés alors que les femmes ont les salaires les plus bas et qu’elles sont les grandes perdantes de la « réforme » des retraites.

Dans cette situation, les salarié.e.s de nombreux secteurs sont eux aussi confronté.e.s au refus, de l’État, des collectivités territoriales et des employeurs de prendre les mesures de protection qui s’imposent, à tel point qu’ils font valoir leur droit de retrait et qu’ils-elles exigent la fermeture de l’entreprise ou du service public quand ils-elles le jugent indispensable pour leur sécurité.

Les URIF sont aux côtés de toutes les structures syndicales qui interviennent dans des conditions très difficiles pour faire respecter le droit du travail et soutiennent les salarié.e.s qui décident de se mettre en grève pour défendre leurs droits.

Les URIF dénoncent la volonté du patronat de tenter de mettre au pas les salarié.e.s, en rédigeant un « guide de bonnes pratiques » à mettre en œuvre dans les entreprises, qui serait soumis à l’aval des organisations syndicales.

Si certains appellent de leurs vœux à « l’ union sacrée » avec le gouvernement ou le patronat, nous réaffirmons, pour notre part, que nous ne participerons d’aucun dispositif qui viserait à nous transformer en auxiliaire chargé de mettre en œuvre une nouvelle dégradation des droits et protections de l’ensemble des salarié.e.s.

Après avoir annoncé le report de la « réforme » de l’assurance chômage ainsi que le report de la « réforme » des retraites, le gouvernement vient d’annoncer la suspension du jour de carence.

Les URIF tiennent à rappeler qu’elles exigent, non pas le report ou la suspension de toutes ces contre-réformes, mais leur retrait pur et simple.

Les URIF ont écrit au préfet de région pour trouver une solution au déplacement des mandaté.e.s syndicaux-ales : à ce jour, nous n’avons reçu aucune réponse, ce qui contribue à entraver sérieusement notre capacité à intervenir et faire respecter le droit du travail dans les entreprises d’Île- de-France.

Cette situation ne saurait durer plus longtemps : nos organisations interpellent solennellement le préfet de région afin que des solutions urgentes soient trouvées.

* * *
Document 2

APPEL DE LA COORDINATION NATIONALE DES AG, COMITÉS, ET COORDINATIONS DE GRÉVISTES qui s’est tenue aujourd’hui par conférence téléphonique :

Ce n’est pas à nous de payer leur crise sanitaire !
Soutenons en masse les droits de retrait !

Macron protège les intérêts des riches. A la jeunesse et au monde du travail, avec ou sans emplois de défendre leur santé et tous leurs droits !

Quinze jours après le début du confinement, la priorité de la classe dirigeante, c’est toujours de maintenir les profits, coûte que coûte, faire un maximum de profits, sans aucun égard pour les conséquences sur la santé et la dignité de la grande majorité de la population ! C’est pourquoi nous n’accordons aucun appui, aucun crédit, aucun soutien à l’union nationale qu’ils appellent de leurs vœux.

Le confinement et le télétravail pour les un.e.s, le travail à hauts risques voire la mort pour les autres et l’état d’urgence décrété en guise de lutte contre le convid-19, c’est l’exacerbation de toutes les exploitations et oppressions quotidiennes que subissent les travailleuses, les travailleurs et la jeunesse !

Le gouvernement accélère ses attaques contre nos droits. Cadeaux financiers au patronat, aucune embauche à l’hôpital et même remise en cause de nos congés, de la limitation du temps de travail, licenciements massifs et abus vis-à-vis des précaires en particuliers intérimaires, sous-traitants, et sans papiers en même temps que se multiplient les atteintes flagrantes à nos libertés démocratiques : intervention policière contre des syndicalistes, violences et quadrillage policiers dans les quartiers populaires…

C’est à nous-mêmes de prendre en main la défense de notre santé et de nos intérêts. Une guerre est effectivement menée, en particulier contre les salarié.e.s les plus exploité.e.s, les femmes, les SDF et en définitive contre nous toutes et tous, mais nous refusons d’être de la chair à profit !

Battons-nous pour exiger :

  • Le retrait de tous les plans de régression sociale, sur nos retraites, nos congés payés et sur le temps de travail.

  • Un plan d’urgence pour l’hôpital public avec 10 000 embauches immédiates de personnels soignants et le nombre correspondant de personnels non-soignants, la mise à disposition de tests de dépistage en nombre suffisant, ainsi que la réquisition des entreprises privées du secteur de la santé

  • De le financer en prenant déjà l’équivalent de ce qui a été distribué aux actionnaires en 2019 : 60 milliards d’euros

  • La réquisition des logements vacants.

  • La fin de la sous-traitance et la régularisation des travailleur.e.s sans papiers

Nous appelons à la généralisation de l’exercice du droit de retrait : les nombreuses et nombreux salariés qui se sont saisis, dans le privé comme dans le public, de cette arme ont mille fois raison ! Il est temps d’étendre au maximum cette forme de résistance salutaire, qui peut donner le signal d’un début de reprise d’initiative de notre camp social. Combinons ce droit de retrait avec la grève des loyers pour étendre la lutte au plus grand nombre.

Nous appelons également l’ensemble des organisations du mouvement ouvrier et du mouvement social à se réunir et à appeler à une journée de grève interprofessionnelle.

Nous proposons aux syndicats, partis associations, organisations du mouvement socialune journée d’action, de mobilisation le mardi 7 avril. Avec pour les confiné.e.s des affiches aux fenêtres, vidéos-projections sur mur en face, diffusion d’enregistrements sonore avec nos revendications… Et pour celles et ceux au boulot, il y a le droit de retrait ou même la grève. Là où c’est possible, nous nous donnons les moyens de mettre nous-même en œuvre cette proposition.

Nous appelons tous les syndicats, organisations, collectifs de lutte, AG de secteur et interpro à maintenir des cadres de réunion en s’appuyant sur les moyens technologiques d’audio-conférences. Le confinement n’affaiblit pas la nécessité d’être organisé, bien au contraire : il nous faut plus de liens, plus d’information, plus de solidarité, en un mot plus d’organisation ! Le regroupement des forces qui maintiennent le cap d’une mobilisation d’ensemble contre le gouvernement est plus que jamais vital. Cela signifie réunir le plus possible d’AG interpro et de secteurs dans la semaine qui vient, afin de mandater des représentant.e.s en vue de discuter des moyens d’actions communs.

Nous nous préparons d’ores et déjà à descendre dans la rue en masse dès le premier samedi après la sortie du confinement contre ce gouvernement et sa politique criminelle.

Nous appelons à une prochaine coordination nationale le samedi 4 avril. Regrouper toutes les forces qui veulent une mobilisation d’ensemble du monde du travail et de la jeunesse est plus que jamais nécessaire !

Le 28 mars 2020.


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