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SOURCE : NPA
Il est trop tôt pour analyser en détail la situation sanitaire en Inde. Le confinement de l’ensemble du pays a été décrété par le gouvernement central alors que le nombre de morts comptabilisés reste faible. La propagation du virus, même si elle n’est pas déjà effective, et le confinement sont le drame des centaines de millions de déshérités du pays dans un océan de misère, d’inégalités et de ségrégation.
Suivant Donald Trump qui décrivait un « virus chinois », et des déclarations de membres du parti de Modi, les actes racistes se sont multipliés. Les populations issues du nord-est de l’Inde (région marginalisée et proche de la Chine) ont été chassés de magasins de denrées alimentaires en raison de leur couleur de peau.
Végétarisme, homéopathie et urine de vache
Dans le même temps, le pouvoir a nié la réalité de la propagation du virus alors même que les gestes barrières comme se laver les mains sont inaccessibles à ceux n’ayant pas accès à l’eau courante et au savon.
Les militants de la mouvance de Modi, dont des parlementaires, ont lancé des rumeurs sur les qualités de l’homéopathie dans le cadre de la crise sanitaire, les vertus du végétarisme, ou les puissances curatives de l’urine de vache face aux troubles respiratoires. L’urine bovine soignerait également le cancer. Ce genre de mensonges n’est pas nouveau. En pleine crise, l’utilisation des superstitions par le pouvoir leur a donné une nouvelle intensité et une fonction.
Les riches, les pauvres et le confinement
Les contrôles dans les aéroports n’ont pas manqué, les annulations de vols ont été annoncées à l’avance et les Indiens en déplacement à l’étranger rapatriés. Les grandes firmes pharmaceutiques du pays comme Dr Reddy’s et Cipla ont vérifié leurs possibilités de production. Bref, les riches ont vu la crise venir.
Quatre-vingt-dix pourcents des travailleurEs d’Inde, rémunérés quotidiennement ou hebdomadairement et en liquide, se sont eux retrouvés sans travail du jour au lendemain. Et les propriétaires des usines fermées ont viré les ouvrierEs de leur périmètre. Les travailleurEs vivant hors de leur village d’origine ont cherché à retourner chez eux pour trouver refuge. Les trains ont été supprimés, les gares fermées jusqu’au 31 mars. Ceux qui partent le font tantôt à pied tantôt en bus tandis que beaucoup sont, très certainement, restés dans leur lieu d’émigration c’est-à-dire dans la rue, les slums [bidonvilles] ou des chambres surpeuplées.
Quels moyens et pour qui ?
Le gouvernement promet 5 kg de blé ou de riz et 1 kg de lentilles à ceux qui en auraient besoin (800 millions ?) à partir du 1er avril. Une aide alimentaire arrivant une semaine après le début du confinement, dont on peut douter de l’effectivité. Les morts de faim sont déjà nombreux. Des stocks de nourriture sont attaqués par des affamés. Le prix du riz augmente. L’effectivité de l’approvisionnement en nourriture semble précarisée par les désorganisations liées aux multiples confinements et par les rapacités.
La répression des flics ou des paramilitaires est visible. Derrière, se pose la question de la corruption, l’absence généralisée de possession de documents d’identité ou de justificatifs de domicile, et l’impossibilité de s’enregistrer pour obtenir une ration de nourriture ou un laissez-passer durant le couvre-feu. Séparées du reste du pays, les résidences pour riches pourront continuer d’être approvisionnées. Et si le secteur de la santé, essentiellement privé, risque d’être très vite débordé, leurs propriétaires sont ceux qui auront accès aux 70 000 lits avec respirateurs du pays. On compte en Inde 0,7 lit d’hospitalisation pour 1 000 habitantEs (6 fois moins qu’en Chine). La situation est pire dans les régions pauvres. Et les travailleurEs de la santé manquent de matériel.