La géographie de l’épidémie aux USA

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SOURCE : Olivier Bouba-Olga

Petit billet pour faire un point sur le cas américain, à partir des données à l’échelle du pays, des États puis des Comtés (les données sont disponibles ici).

On assiste d’abord, à l’échelle du pays, à une véritable explosion du nombre de décès, qui a dépassé les 40 000 hier.

Attention à ne pas aller trop vite en besogne avec ces comparaisons entre des pays dont les tailles diffèrent sensiblement, mieux vaut rapporter à la population, pour comparer non pas le nombre de décès, mais les taux de mortalité.

Le taux de mortalité aux Etats-Unis reste sensiblement inférieur à celui observé en Espagne, en Italie, en France ou au Royaume-Uni.

Qu’observe-t-on à une échelle plus fine ? Le constat essentiel est celui d’une forte concentration spatiale de l’épidémie, comme pour les cas européens.

A l’échelle des États américains, d’abord, l’État de New-York, le plus touché, concentre 45% des décès, et celui du New-Jersey 11%. Les taux de mortalité dans ces États sont respectivement de 757 et 491 décès par million d’habitants. Seuls 6 États dépassent le taux de mortalité moyen du pays : les deux déjà cités, auxquels s’ajoutent le Connecticut (315 décès par million d’habitants), la Louisiane (279), le Massachusetts (244) et le Michigan (237).

Si l’on se focalise à l’échelle plus fine des comtés (les États-Unis sont découpés en plus de 3 000 comtés), on constate que 62% des comtés sont pour l’instant épargnés (aucun décès) et que seulement 7% (222 comtés) dépassent le taux de mortalité observé en moyenne dans le pays. Le comté le plus touché est celui de New-York, avec un taux de mortalité de 2 490 décès par million d’habitants. Il concentre à lui seul plus de 36% des décès alors qu’il ne représente que 1,7% de la population. A titre de comparaison, les deux régions les plus touchés d’Europe, la Lombardie et la région de Madrid, ont des taux de mortalité respectifs de 1 214 et de 1 089.

Pour analyser l’évolution de la concentration géographique de l’épidémie, j’ai calculé comme dans d’autres billets un indice de concentration spatiale qui varie entre 1% en cas de concentration maximale de la variable analysée et 100% en cas de concentration minimale. A l’échelle des États, pour la variable population, l’indice vaut 43% : tout se passe comme si la population des États-Unis était répartie de manière homogène entre 43% des États américains. Pour les décès au 19 avril 2020, l’indice vaut 8,6% : les décès sont donc 5 fois plus concentrés géographiquement que la population.

Courant mars, on a observé une diffusion spatiale de l’épidémie, l’indice passant de 2% à 14%. Attention, ceci reste un pourcentage relativement faible, équivalent à celui observé en Italie (autour de 15%) et inférieur à celui observé en France et en Espagne (autour de 25%). Depuis le 24 mars, de plus, la concentration spatiale a plutôt tendance à augmenter, ce qui est plutôt bon signe : l’épidémie semble pour l’instant contenue dans les États les plus touchés.


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