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SOURCE : NPA
BLOG NPA AUTO-CRITIQUE
Le blog NPA auto-critique est animé par les militantEs du NPA de la branche automobile.
Alors que le confinement est maintenu, la reprise de la production se prépare chez Renault en Europe. À l’exception de l’usine Renault Dacia en Roumanie, ce n’est pas une reprise générale qui est prévue pour les prochaines semaines d’ici au 11 mai.
Les obstacles à une reprise complète de la production sont encore nombreux : d’abord une résistance des travailleurs face à laquelle Renault a reconnu pour ces prochaines semaines la possibilité d’obtenir un avis médical justifiant la non-venue au travail, ensuite l’organisation de la production en appliquant des mesures barrières qui changent nécessairement le rythme de la production, et bien sûr la crise économique qui frappe maintenant tous les pays européens et pèse sur les débouchés de la production de voitures.
Cinq cent milles voitures neuves sont, selon l’organisme des constructeurs automobiles français, en stock dans les parkings sortie d’usine et les garages. La récession qui atteint tous les pays européens, va amplifier le phénomène. Tous ceux qui parlent d’une reprise accélérée pour rattraper la production perdue sont ou des aveugles ou des fieffés menteurs. La reprise de la production en plein confinement maintenu s’explique par la concurrence d’autant plus vive entre firmes automobiles que leur « marché » se contracte.
Alors que l’ampleur de la dépression est strictement imprévisible, il s’agit pour les firmes automobiles, comme pour les autres grands groupes capitalistes, d’extraire en toute hâte le plus de profit possible du travail des salariés. Un “sauve-qui-peut” pour continuer à produire au mépris de la vie et de la santé des salariés et de toute la population !
À la date du 17 avril 2020, les intentions de reprise :
– À Renault-Cléon, la direction a la volonté de redémarrer certaines installations à partir du lundi 20 avril. 161 salariés sont concernés. 97 personnes lundi puis augmentation jusqu’à 161 personnes vendredi. La direction assure que ce sera au volontariat, que chaque salarié sera appelé par la médecine du travail et que les salariés stressés, qui ont peur ne viendront pas travailler. La direction ne connaîtra pas le motif.
Passage par l’accueil obligatoire le premier jour, contrôle de température, vidéo projetée, passage aux vestiaires, dotation de masques. Les 3 équipes ne devaient pas se croiser : 5h30, 12h45 pour l’équipe du matin. 13h30, 20h45 pour l’équipe d’après-midi. 21h15, 4h45 pour l’équipe de nuit. Avec 10 minutes de pause avant la 6e heure de travail.
Pour la CGT de l’usine, c’est scandaleux. « Les élus CGT seront présents sur le site lundi et mardi pour s’assurer que la direction ne met pas en danger les salariés. La CGT se réserve le droit d’intervenir, sous quelque forme que ce soit, pour garantir la sécurité des salariés, la CGT est toujours opposée à toute reprise pendant le confinement. »
– À Renault-Douai, il n’y a pas confirmation de date de reprise officielle, la semaine 19 est seulement envisagée. La direction de l’usine Renault-Douai ne nie pas que les équipes se préparent à la reprise. « On travaille actuellement avec les équipes médicales pour assurer la sécurité des salariés au point de vue sanitaire afin qu’ils puissent reprendre le travail dans les meilleures conditions, mais pour l’heure il est prématuré d’annoncer une date de reprise d’activité. »
Le syndicat CGT s’oppose à une reprise avant la fin du confinement. « À quoi bon se rendre en usine pour fabriquer des voitures que les gens n’iront pas acheter car ce n’est pas un achat de première nécessité. La moitié de la planète est confinée, les concessions sont fermées. Sans compter qu’il sera difficile d’avoir les pièces et qu’est-ce qu’il en est des sous-traitants ? Les salariés ont peur. »
– L’usine de Renault-Sandouville est fermée jusqu’au vendredi 24 avril inclus au minimum. C’est une semaine supplémentaire alors que la direction de l’usine avait envisagé le lundi 20 avril. Les mesures de sécurité annoncées ne sont pas encore toutes prêtes : prise de température des salariés chez eux puis à l’entrée de l’usine ; masques obligatoires pour tous, pause de 10 minutes toutes les heures pour nettoyer les outils de travail ou bien encore nécessité de se rendre de manière individuelle sur le site alors que beaucoup de salariés viennent d’habitude par des cars affrétés par l’entreprise.
– L’usine Renault du Mans devrait reprendre le 22 avril en une équipe 1×8 « afin de pouvoir livrer et prendre en compte le délai de transport pour arriver sur les sites clients », aussi bien situés au Maroc qu’en Roumanie ou en Turquie.
– Au Portugal, Renault a repris sa production dès le… 9 avril dans son usine de Cacia où ce site de moins d’un millier de personnes produit des boîtes de vitesses (600.000 l’an dernier) et des composants mécaniques exportés vers une douzaine de pays.
– Dans l’État espagnol, il n’y a pas encore de dates fixées pour la reprise de la production des les usines.
– Au Maroc, Renault compte rouvrir les deux sites de Tanger et de Casablanca progressivement à partir de la fin du mois d’avril.
– En Roumanie, Renault Dacia a annoncé une reprise de la production pour le 21 avril, malgré la poursuite du confinement dans le pays. « La production démarrera progressivement sur la base du volontariat et montera en puissance jusqu’au 4 mai, lorsque l’ensemble des quelque 15 000 salariés retourneront au travail » selon un communiqué officiel de Dacia ! C’est la seule usine européenne de Renault à prévoir la remise au travail de la totalité des salariés de l’usine à une date aussi proche. Il est très probable que dans ces conditions les dispositifs de sécurité définis pour les autres usines européennes n’y seront pas appliqués.
Le pire des exemples dont voudra se servir Renault. L’alerte s’impose !