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SOURCE : Arguments pour la lutte sociale
Au commencement, il y a des « entrepreneurs » qui affrètent un navire complètement pourri et le bourrent de 2750 tonnes de nitrate d’ammonium. En cours de route, il y a une escale à Beyrouth où des contrôleurs maritimes ordonnent, à juste titre, que le navire stoppe sa route avec cette cargaison hautement dangereuse. Malheureusement, après il y a l’incurie d’un État corrompu et incapable de protéger sa population.
Cette incurie, c’est un stock menaçant qui végète dans un hangar durant six ans jusqu’à l’étincelle fatale. Au bilan : un nombre de morts qui reste encore à établir, plus de 4000 blessés, de 250,000 à 300,000 personnes jetées à la rue par la destruction de leur logement, un port important dans la vie et l’économie du pays détruit, une agglomération ravagée par le souffle de l’explosion. On peut affirmer sans grossir le propos qu’un pays, frappé en son cœur, vient d’être mis à genoux !
Les coupables sont faciles à identifier : ceux qui ont organisé le transport d’une marchandise hautement dangereuse et s’en sont désintéressés une fois saisie, ceux qui ont affrété un rafiot pourri, et enfin ceux qui sont à la tête d’un État, incapables de s’occuper et de protéger la population, mais très capables de s’en mettre plein les poches pour le compte d’une infime minorité oligarchique.
Les mécanismes mis en cause sont connus : la liberté d’entreprendre sans égard pour la sécurité de tous, la liberté de diriger un État pour son profit personnel au détriment du peuple. Cette liberté bourgeoise de faire pour son compte sans se préoccuper de l’intérêt et du soin de l’immense majorité. Toute la bourgeoisie est coupable, pas seulement la branche libanaise de cette classe !
Le Liban est touché depuis des mois par un crise économique profonde qui a déjà suscité en 2019 un mouvement populaire contre la vie chère et la corruption, dépassant pour la première fois les divisions communautaires héritées du protectorat colonial français. L’oligarchie libanaise, entente cordiale des élites bourgeoises issues des diverses communautés pour exploiter leurs sujets respectifs, n’a trouvé que la répression pour répondre aux revendications sociales et politiques de ce mouvement. Puis il y a eu la vague du Covid dans ce petit pays qui compte six millions d’habitants dont 1,5 millions de réfugiés, principalement syriens mais aussi palestiniens.
Au delà de l’aide matérielle et sanitaire immédiate que les associations d’entraide du mouvement ouvrier et populaire peuvent amener, il y a une exigence politique internationale à faire valoir : toutes les bourgeoises doivent payer ! C’est votre monde et ses principes mêmes qui ont amené à cette catastrophe ! A bas la liberté d’entreprendre au détriment de tous !
La France, ancienne puissance coloniale responsable du carcan institutionnel communautariste, et co-responsable du maintien au pouvoir de l’oligarchie communautariste par delà guerres et crises, garde une responsabilité particulière : Macron doit payer !!
Le 05-08-2020.