L’INSEE LE CONFIRME EN CREUX: LES PAUVRES PAIENT POUR ENRICHIR LES RICHES

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SOURCE : L'Humanité

https://www.humanite.fr/linsee-le-confirme-en-creux-les-pauvres-paient-pour-enrichir-les-riches-683762#xtor=RSS-1

Sous le  titre générique  « Effets  d’une variation  de transferts socio-fiscaux  sur le niveau de vie et les inégalités», une étude publiée le 23 janvier par l’Institut  national de la statistique et des études économiques (INSEE), n’a guère retenu l’attention de la presse. Elle est parue  dans un contexte où des sujets comme le « coronavirus » en Chine, la lutte contre la réforme des retraites en France  et les dégâts  des inondations  dans le Roussillon étaient porteurs dans les médias. En chiffrant le coût cumulé  de trois prestations sociales, cette étude permet de déduire que la somme nécessaire pour améliorer légèrement la vie des plus pauvres pouvait être largement couverte par  les rentrées fiscales provenant de  l’ISF avant sa suppression par Macron. Mais, au contraire,  ce sont les plus pauvres qui paient pour enrichir les plus riches depuis plus de 30 mois en France.

Cette simulation de l’INSEE a pris 2018 comme année de référence. Elle vise à démontrer comment une « hausse  de 5%  du montant forfaitaire du RSA » et de certaines prestations  sociales peuvent améliorer la situation  des  ménages aux revenus les plus faibles dans notre pays. Le texte de l’Institut nous prévient en ces termes : « Pour estimer ces effets, l’INSEE propose un cahier de variantes de réformes de prestations  et prélèvements à partir  du modèle  de micro-simulation Ines (sources et méthodes). Sont présentées ici quatre variantes issues du cahier, contenant le revenu de solidarité active (RSA), les prestations familiales, les aides au logement et l’impôt sur le  revenu (1). Un cahier de variantes  détaille l’ensemble des variations simulées (hausse ou baisse de 1%, 3% où 5%  des paramètres des différents transferts). Dans un objectif  de lisibilité, seuls les effets  d’un hausse de 5% sont commentés ici, sur la distribution  des niveaux de vie, des indicateurs d’inégalité  et de pauvreté monétaire, les masses monétaires versées  et les effectifs taux des bénéficiaires».

Plus 5% sur les RSA, c’est 2,8% de plus en pouvoir d’achat pour le plus pauvres

Pour dire les choses plus clairement, sont portées à notre connaissance  les améliorations de pouvoir d’achat rendues possibles pour les ménages à faibles revenus par ce calcul de  hausse fictive du RSA, des allocations familiales et de l’Aide personnalisée au logement en 2018. Ces calculs ne portent que sur l’an II  du quinquennat  d’Emmanuel Macron. Selon  l’INSEE, « une hausse de 5% du montant forfaitaire du RSA  au 1er janvier 2018 (soit 27 euros de plus par mois, par rapport à un montant de 550 euros mensuels en moyenne sur 2018) coûterait 850 millions d’euros aux finances publiques, soit autant de gain  de revenu disponible pour les ménages. Elle augmenterait le niveau de vie moyen  des personnes initialement bénéficiaires du RSA  de 1,3%. La hausse serait plus forte dans le bas de l’échelle des niveaux de vie. Le niveau de vie  des personnes initialement bénéficiaires  et  appartenant aux 10%  les plus modestes  de l’ensemble de la population augmenterait en moyenne de  2,8% », nous indique cette simulation.

Mais, en réalité,  le RSA n’a augmenté que de 1%  en 2018. Cette hausse  n’a pas couvert l’inflation moyenne durant cette même année. Le RSA  n’a augmenté que de 1,6% en 1019, ce qui correspond  grosso modo  à l’inflation moyenne. On peut en conclure que les pauvres qui bénéficient du RSA sont plus pauvres trois ans après l’arrivée  d’Emmanuel Macron à l’Elysée  qu’au moment où il y est entré. D’autant que beaucoup de bénéficiaires du RSA  sont aussi des  parents de jeunes enfants  et perçoivent à ce titre des allocations familiales. Souvent aussi ils sont locataires d’un appartement et ont besoin  de l’Aide personnalisée au logement (APL). Ils ont aussi  perdu du pouvoir d’achat  depuis trois ans via la sous revalorisation de ces deux prestations.

Des allocations qui augmentent 5 fois moins que l’inflation  

Concernant l’augmentation fictive des allocations familiales formulée  dans l’étude de l’INSEE sur l’année  2018, on peut lire ceci : « Une augmentation de 5% du montant de la base mensuelle du calcul des allocations familiales (Bmaf)  au 1er janvier 2018 (soit 20 euros de plus par mois environ ) se traduirait par une hausse de toutes les prestations  familiales(…) Par exemple, les allocations familiale augmenteraient de 7 euros par mois  pour un couple aux revenus modestes  avec deux enfants de moins de 14 ans (…) La hausse de 5% de la Bmaf augmenterait  de 0,5% le niveau de vie moyen des bénéficiaires    des prestations familiales  appartenant aux 10% les plus modestes de la population et de 0,4% celui  des bénéficiaires entre les 1er et troisième décile… » .

Cette différence  est facile a comprendre, les allocations sont attribuées à toutes les familles que l’on soit smicard ou cadre supérieur. Mais, de ce fait, les allocations atteignent  un pourcentage beaucoup plus élevé dans le revenu global du smicard que dans celui du cadre. Or les allocations familiales n’ont augmenté que de 1% en  2018, soit nettement moins que celle des prix durant la même année. Pire encore, la revalorisation des allocations familiales n’a été que de 0,3% en  2019 alors que l’inflation a été 5 fois plus élevée. La même punition à + 0,3% est prévue en 2020  mettant encore plus en difficulté les familles les plus modestes.

APL en baisse  en 2018, sous revalorisée en 2019 et 2020

Le troisième volet de la simulation effectuée  l’INSEE concernant  les prestations sociales nous dit ceci : « Une hausse  de 5%  du barème  des aides au logement au 1er janvier  2018 augmenterait de 770 millions d’euros   le revenu disponible total des ménages, soit un coût équivalent pour les finances publiques. Le niveau de vie des personnes initialement bénéficiaires  de ces aides progresserait en moyenne de 0,7%. (…)  Pour les bénéficiaires  appartenant aux 10%  les plus modestes de la population, le niveau de vie moyen augmenterait de 1,1%. La hausse serait de 0,8% pour ceux situés entre les 1er er 2ème décile et de 0,6% pour ceux situés entre le 2ème et le 3ème décile », précise l’INSEE.

Mais il faut ici  se souvenir que l’Aide personnalisée au logement  (APL)  a connu une baisse forfaitaire   de 5 euros par  mois  et par ménage bénéficiaire en  2018. Sa revalorisation n’a été que de 0,3% en  2019, face à une inflation moyenne cinq fois plus élevée. Il  est prévu qu’il en soit de même en  2020, ce qui rendra les locataires pauvres beaucoup  plus pauvres  qu’en  2018.

Voilà qui permet de mettre en exergue  les transferts effectués  de la poche des millions de  pauvres vers celles de quelques milliers de riches, ce que les statisticiens de l’INSEE n’évoquent pas dans leur étude. Mais l’INSEE chiffre le coût  financier pour les finances publiques d’une « hausse de 5% du montant forfaitaire du RSA» à 850  millions d’euros en 2018. Celui de « l’augmentation  de 5%  du montant  de la base mensuelle de calcul des allocations familiales» s’élève à 761 millions d’euros ; celui de la « hausse du barème des aides au logement»  est évalué à 770 millions d’euros. Voilà qui nous donne une dépense totale de 2, 381 milliards   d’euros.

Ce sont bien les pauvres qui ont payé  pour les riches

Il convient de comparer ce chiffre à la perte annuelle de recette induite  par la suppression de l’Impôt de solidarité sur la fortune (ISF) en 2018, auquel s’est substitué l’Impôt sur la fortune immobilière (IFI). Le but de cette opération était de récompenser « les premiers de cordées » comme l’a justifié  le président Macron. En 2017,  l’ISF avait  rapporté 4,2 milliards d’euros au budget de l’Etat. En 2018, de l’aveu même du ministère en charge des Comptes publics, l’IFI n’a rapporté  que 1,3 milliard, soit une différence de 2,9 milliards  d’euros. Cette différence de rendement permettait  de financer  les mesures  étudiées dans cette note en faveur  des pauvres,  tout en économisant 600 millions d’euros.

Les chiffres publiés dans cette note N° 50 de l’INSEE nous permettent aussi de mesurer comment, depuis l’arrivée de Macron au pouvoir,  l’appauvrissement des  pauvres pour enrichir les riches est encore plus net  que du temps  où Nicolas Sarkozy était  à l’Elysée. Nous suggérons à l’INSEE de i calculer ce que les plus pauvres ont perdu en pouvoir d’achat depuis  qu’Emmanuel Macron  est devenu président de la République. Ce travail serait  d’une grande utilité pour les associations qui viennent en aide aux plus pauvres et qui reçoivent moins de dons des riches depuis que ces derniers ne sont plus soumis à l’ISF!

Une telle étude permettrait aussi  de mieux comprendre pourquoi le  pouvoir actuel tente de mettre fin au système de retraite par répartition. Il veut  favoriser la mise en place de la capitalisation. Elle permettra aux riches et aux très riches de cotiser individuellement pour la retraite par capitalisation tandis que tous les autres verront leurs droits à  pensions se réduire comme peau  de chagrin.

  1. Comme près de 6 ménages sur 10 ont trop peu de ressources pour être imposables sur le revenu, nous ne traitons pas dans cet article  le quatrième volet  de cette étude  de l’INSEE consacrée aux impôts

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