“Ce n’est pas la démocratie qui meurt, c’est Julian Assange”

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SOURCE : NPA

 

Ce texte a été prononcé par le sociologue et philosophe Geoffroy de Lagasnerie lors de la soirée de soutien à Julian Assange, contre son extradition, organisée le 20 février 2020 à Paris. Nous le reproduisons avec son autorisation.

Dans un texte publié en 1986, Jacques Derrida avance qu’il y a des moments de l’humanité où le destin de certains individus en viennent à incarner ce qu’il appelle le « destin de l’humanité » – le tout du monde. Leur vie condense une situation dans laquelle chacun sent qu’il en va de la gouvernementalité générale, de l’économie des forces à l’œuvre dans le monde et à laquelle chacun d’entre nous est, malgré soi, exposé. Derrida affirme que, alors qu’il écrit ce texte en 1986, celui dont la vie synthétise ce tout du monde, c’est Nelson Mandela. Il mentionne aussi ce qui se passe en Palestine-Israël. Je pense que ce qui se passe, aujourd’hui, autour de Julian Assange représente ce type de situation où le destin de l’humanité est en jeu. Ce qui lui arrive est aussi important et devrait susciter la même indignation mondiale que celle de Nelson Mandela. Il en va aussi dans ce combat de la protection de la vie et de la mise à mort, de la guerre et de l’État, du droit et de la justice. Il en va aussi d’ailleurs de la question raciale. On pourrait en effet expliquer le fait qu’Edward Snowden suscite une plus grande sympathie en Europe ou aux États-Unis qu’Assange par le fait que les fuites faites par Snowden impliquaient des Occidentaux blancs, alors que beaucoup de celles de WikiLeaks impliquaient des Yéménites, des Afghans, des Irakiens….


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