S’en remettre à la charité des entreprises ou réorganiser la production ?

Article publié sur le site internet du NPA

Avec la crise sanitaire, les grandes entreprises jouent les bons samaritains pour suppléer les carences de l’État. Après l’incendie de Notre-Dame, on avait déjà observé un concours de « dons » entre les grands patrons du CAC 40. Avec le coronavirus, les grandes entreprises affichent leur « générosité » : LVMH annonce la mobilisation de certains de ses sites pour fabriquer du gel et s’engage à offrir 10 millions de masques grâce à ses partenaires chinois ; Bouygues, petit joueur, en fournira 1 million ; Pernod-Ricard fait don de 70 000 litres d’alcool pour fabriquer du gel désinfectant. Avec les millions qu’ils vont recevoir de l’État grâce à la loi de finances rectificative, ces entreprises ont tout intérêt à distribuer quelques miettes pour améliorer leur image de marque et pour éviter qu’on leur en impose davantage…

Mais la charité des entreprises ne saurait constituer une réponse à la hauteur de la crise sanitaire que nous vivons. Nous manquons de tout : masques, appareils respiratoires, gel hydroalcoolique, tests de dépistage, lits d’hôpitaux, personnel hospitalier, etc. La crise sanitaire démontre la faillite du système en place, incapable de fournir une production minimale de biens essentiels, alors que les productions et les emplois inutiles pullulent : publicité, marketing, armement, finance, etc. La logique du profit montre toute son incapacité à satisfaire les besoins humains les plus fondamentaux.

Des mesures d’urgence à prendre immédiatement !

Dans l’urgence, la production doit être réorganisée :

– Des entreprises doivent être immédiatement réquisitionnées pour les obliger à produire en grande quantité du matériel sanitaire et de protection : les entreprises du textile pour la production de masques, les usines automobiles pour la production de respirateurs, les usines de parfum pour la production de gel hydroalcoolique ; l’usine Gerzat (seule usine d’Europe à produire des bouteilles d’oxygène médical, actuellement en arrêt) doit redémarrer immédiatement sous le contrôle d’un administrateur public ;

– Les cliniques privées et les médecins libéraux doivent être réquisitionnés et organisés par les pouvoirs publics ;

– Les entreprises de transport (taxis, compagnies privées…) doivent être réquisitionnées pour organiser au mieux les déplacements des travailleurEs affectés à la production de services vitaux ;

– Alors que la grande distribution profite de la ruée dans les magasins pour augmenter les prix, ceux-ci doivent être strictement contrôlés. Les pouvoirs publics doivent organiser la distribution de nourriture dans les foyers pour limiter et rationaliser les déplacements ;

– Les loyers doivent être gelés, les remboursements d’emprunt doivent être suspendus, les logements vides et les hôtels doivent être réquisitionnés pour loger décemment les sans-logis et les mal-logéEs.

Ces mesures d’urgence pourraient être prises par un gouvernement capitaliste qui serait soucieux de limiter l’ampleur de la catastrophe sanitaire, et de mettre entre parenthèses la logique du profit. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, et c’est pourquoi la politique du gouvernement est criminelle. Il est essentiel que l’unité du mouvement ouvrier se fasse pour imposer ces mesures d’urgence !

Sortir du capitalisme et renouer avec une perspective communiste

Au-delà de l’urgence, la crise sanitaire doit nous inviter à penser le fonctionnement d’un autre mode de production, centré sur la satisfaction des besoins. Le gouvernement distribue des milliards au patronat (45 milliards avec son plan d’urgence) et se dit même prêt à nationaliser les grandes entreprises. Ces nationalisations sont réactionnaires : elles visent à sauver ces entreprises en utilisant l’argent public, afin de les revendre une fois remises sur pied. Tous ces milliards distribués aux patrons auront une contrepartie : la crise sera payée par les travailleurEs qui subiront des plans d’austérité bien plus rapides et massifs que lors de la crise de 2008.

Nous devons opposer une perspective communiste à ces plans d’urgence réactionnaires. Les grands groupes capitalistes doivent être expropriés sans compensation. Les travailleurEs doivent prendre le contrôle de l’économie, en bénéficiant d’un véritable statut de producteur (qui leur garantit un salaire à vie) et en décidant des choix d’investissement. C’est par la mise en place de nouvelles institutions communistes, organisant la production sous le contrôle des travailleurEs, que nous pourrons réellement satisfaire les besoins et faire face, dans la solidarité, aux catastrophes climatiques ou sanitaires.

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