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SOURCE : Tendance marxiste internationale
Le pays entier est supposé être confiné depuis le 16 mars. Macron l’a dit et les médias l’ont répété : « restez chez vous ! ». Pour ma part et comme des millions d’autres salariés, je ne suis pas confiné. Je continue à sortir tous les jours, pour aller travailler comme caissier dans une supérette « équitable ». Les ventes enregistrent des chiffres record et le patron nous envoie chaque jour des mails dithyrambiques pour nous féliciter de notre implication dans cet « effort national ».
Bien que la fréquentation du magasin ait explosé – et avec elle les risques d’infections –, les premières mesures de protection ont dû être prises par les employés eux-mêmes. Nous avons ressorti des placards de vieux gants en latex, fournis par boites de 50, ce qui est à peine assez pour une journée de travail. Quand nous le pouvons, nous désinfectons les caisses, les paniers et tout ce que les clients sont susceptibles de toucher. Mais nous ne sommes pas assez nombreux pour avoir le temps de tout faire correctement. Avant la pandémie, nous avions déjà un problème permanent de manque d’effectifs, du fait de la mauvaise gestion de notre direction. Aujourd’hui, c’est encore pire avec les arrêts maladie.
Il y a aussi le problème de la clientèle, paniquée par la pénurie et la maladie. Les clients se pressent et refusent même parfois d’obéir aux mesures de sécurité que nous essayons de mettre en place. Il aura fallu cinq jours, et que nous cessions d’être aimables, pour qu’ils attendent hors du magasin lorsque le nombre de personnes qui sont à l’intérieur a atteint la limite autorisée.
Nous manquons de gants, nous n’avons pas de masques, pas de gel hydroalcoolique – ou alors de temps en temps, au gré des trouvailles du patron. On devrait bientôt nous installer des hygiaphones aux caisses, pour pallier au manque de masques : encore de nouvelles surfaces à désinfecter, encore du travail en plus. « Haut les cœurs ! Vous aurez une prime ! », nous encourage le patron, qui n’oublie jamais de nous rappeler, au passage, que nous devons garder le sourire, pour maintenir le haut « standing » de l’enseigne.