Prole Wave : “Travail essentiel ?”

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SOURCE : Des nouvelles du front

Traduction du texte du site Prole Waveun réseau d’ultra-gauche pour l’anarchie & le communisme, basé dans l’ouest des soi-disant États-Unis.

« Travail essentiel ? »

Diviser les prolétaires en deux catégories, « travailleur·ses essentiel·les » et « travailleur·ses non-essentiel·les » (si tant est qu’ielles aient un travail !), est un reflet de l’idéologie capitaliste. TOUT travail salarié est une contrainte, qu’il s’agisse de prendre soins des infirmes ou de remplir de la paperasse dans une entreprise quelconque. Si le rôle des supposé·es « travailleur·ses essentiel·les » est aujourd’hui sur le devant de la scène, c’est en raison de l’énorme risque qu’ielles sont forcé·es de prendre, par obligations professionnelles et/ou du salaire, pour continuer à faire tourner le monde capitaliste. Mais c’est bien cette façon parcellaire et capitaliste, sans mise en commun, de faire face à » la pandémie qui écrase ces « travailleur·ses essentiel·les » sous l’obligation d’apporter un soutien logistique ou de résoudre une crise qui n’est pas de leur fait et sur laquelle ielles n’ont quasiment pas leur mot à dire. Une vague de grèves se profile à présent, pour la plupart sauvages (Instacart, Amazon, Whole Foods, travailleur·ses de l’entretien, chauffeur·es de bus, etc.). En ces temps de pandémie, ces travailleur·ses font grève pour ne pas être sacrifié·es. Ielles deviennent une autre ressource, une autre série de chiffres mobilisée par les patrons et l’État, et non les membres d’une structure sociale commune en lutte contre ce qui peut nous atteindre tous. Les médias capitalistes regorgent d’histoires de travailleur·ses érigé·es en héros, mais on le constate de plus en plus, même ces travailleur·ses savent quand on cherche à maquiller leur boulot en noble tâche existant miraculeusement au-dessus des rapports sociaux capitalistes.

Le type de travail salarié qui est à l’heure actuelle catégorisé comme essentiel est profondément racialisé & genré sous le capitalisme. Sa perpétuation ne ferait que renforcer la naturalisation des idées sexistes & racistes selon lesquelles chaque personne est naturellement prédisposée à un certain type de travail. Certain·es peuvent se sentir supérieur·es à leurs patrons, considérant que leur travail est plus « essentiel » que celui des autres, mais le fait est que TOUT travail salarié créé une situation sociale qui ne bénéficient qu’à celles et ceux qui en tirent profit. Les gens remarquent à juste titre que certains types de travail sont effectivement superflus à l’existence humaine, ce que communistes & anarchistes n’ont jamais nié, mais se contenter d’une glorification simpliste du travail nécessaire à l’existence humaine sous le capitalisme ne ferait que renforcer la division genrée & racialisée du travail, salarié ou non. Inutile de dire que cela naturalise également la catégorie capitaliste de travail elle-même (dans laquelle les prolétaires sont réduit·es à leur force de travail). Nous sommes plus que des travailleur·ses.

En tant que communistes & anarchistes, nous devons repenser comment prendre soin, en commun, les un·es des autres, et le garder à l’esprit si nous voulons renverser tout ce que ce système capitaliste, raciste & sexiste a à nous offrir. Celles et ceux qu’on qualifie de « travailleur·ses essentiel·les » ne peuvent payer leur loyer avec nos bons sentiments, ne peuvent être protégé·es de l’infection par nos applaudissements ou s’occuper de leur famille parce que forcé·es à d’interminables heures de travail. Une véritable pratique commune du soin commence au-delà du règne du travail capitaliste. Autrement, le soin et la santé seront assignés aux mêmes travailleur·ses qui paient déjà un lourd tribut. Il est essentiel de soutenir les travailleur·ses en grève, tout comme celles et ceux qui n’ont pas les moyens de se mettre en grève, en ne franchissant pas les piquets de grève et en refusant l’idéologie capitaliste qui dit que leur travail doit continuer. Il est évident que l’État et les capitalistes n’ont pas réellement de plan pour sortir de cette crise protéiforme sinon celui qui sauve en priorité l’économie. La transformation de cette crise sociale, au moyen de mesures communistes, en crise contre les capitalistes est ce qui nous permettra de prendre véritablement soin les un·es des autres et d’abolir les rapports sociaux capitalistes une fois pour toute.


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