Le retrait de Bernie

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SOURCE : Arguments pour la lutte sociale

Bernie Sanders a retiré sa candidature à la présidentielle US. Le déluge du coronavirus s’abat sur le pays, il y a un million de chômeurs de plus chaque jour, les grèves sauvages pour stopper la production se répandent telles celles des salariés d’Amazon à Chicago. Trump est plus désavoué que jamais à tous les étages. La crise est là, terrible, qui bouche tout horizon, tout en rendant tout possible.

Bernie Sanders se retire à ce moment-là. Un autre choix était possible : « La crise du capitalisme est totale. Pour le Medicare pour tous et le Green New Deal, pour imposer la démocratie dans ce pays, pour lutter tout de suite contre l’épidémie, je suis candidat hors partis ! Qu’ils s’en aillent tous ! Place à la démocratie ! Gouvernement fédéral d’urgence : des masques, des tests, des lits, des respirateurs, tous les profits doivent aller là-dessus, tout de suite ! ».

Mais n’allons pas reprocher à Bernie de ne pas avoir été au-delà de qu’il a été dans l’histoire des États-Unis. Bernie Sanders, réformiste honnête et démocrate radical, a incarné le retour de l’idée socialiste en Amérique et l’a fait passer du virtuel au réel. Dans les sondages, il était le seul à battre Trump à tous les coups. Mais on voyait venir que le cadre dirigeant du parti démocrate allait lui barrer cette fois-ci la route. La surprise révolutionnaire de 2015-2016, où il avait probablement battu Clinton, ne devait pas se reproduire. Bernie a été un moment de la reprise en main de son destin par le peuple, par les prolétaires, par toutes et tous les opprimés.

Meilleure incarnation d’une longue période faussement pacifique, Bernie passe donc la main. Il ne pouvait pas porter l’autre choix. Des millions de jeunes pensent comme nous l’avait dit son représentant à Paris le 2 février : « Si ce n’est pas Bernie, ce sera The Vest, à la française. »

Ce sera bien plus que cela. Les États-Unis vont s’effondrer en tant que société organisée. L’auto-défense sociale va faire émerger des milliers, des millions de combattants. Ils commencent à apparaître dans les grèves sauvages et dans la lutte contre l’épidémie. La présidentielle censée se dérouler en fin d’année dans un pays qui sera dévasté, n’offre aucune issue.

Il n’y a plus d’issue démocratique dans le cadre de la Constitution américaine, ce monument le plus ancien, le plus solide, de l’efficacité bourgeoise et de la combinaison des pouvoirs, dans une dynamique de déséquilibre permanent retombant toujours sur ses pieds.

Bernie portait les aspirations démocratiques à l’intérieur de ce cadre constitutionnel. Ce cadre va sauter. Quand le maire de New York accuse le président de l’Union d’aller vers une déclaration de guerre aux États, il l’annonce malgré lui. Bernie a fait avancer la barque par temps relativement calme. La zone des tempêtes arrive. Avec une pensée sincère pour lui, les combattants doivent s’organiser pour les temps de catastrophes et de soulèvements.

08-04-2020.


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