Les nôtres : Jean-Paul Sénéchal

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SOURCE : NPA

Notre ami et camarade Jean-Paul Sénéchal vient de nous quitter le 1er avril 2020, après un dernier combat, difficile, contre le cancer.

Dans les années 1980, il a été un militant très actif de la Ligue communiste révolutionnaire à Quimper. Au moment où celle-ci décide de s’implanter de façon volontariste dans les entreprises, il enlève de son CV ses diplômes universitaires et se fait embaucher comme balayeur à l’hôpital Laënnec de Quimper (le Centre hospitalier intercommunal de Cornouaille).

Il rentre à la CGT, et doit alors faire face au sectarisme de certains responsables forts peu démocrates, il finit par gagner de l’audience et accède à la direction de la section CGT. En 1989, se crée le premier syndicat Sud, aux PTT, puis dans d’autres secteurs comme l’éducation… En juin 1999, c’est à partir le l’hôpital de Quimper que les déçus de la CGT, Jean-Paul en tête, créent Sud Santé Sociaux, rejoints par d’autres militantEs de l’EPSM Gourmelen.

Il jouera aussi un rôle très important dans la structuration de l’interprofessionnel. Le syndicat Sud Santé Sociaux 29 deviendra l’un des plus importants syndicats de Solidaires dans le Finistère et Jean-Paul participera activement à toutes les batailles du quotidien dans son hôpital, en défense de celui de Carhaix et des hôpitaux de proximité, pour les retraites ou encore contre les licenciements lors des grandes manifestations des Bonnets rouges.

Quand le balayeur devient docteur en histoire

Passionné d’informatique, il l’était aussi d’histoire, particulièrement de celle du mouvement ouvrier. Il a travaillé avec Jacques Kergoat, économiste et dirigeant de la LCR, auteur de livres sur la social-démocratie, qui l’a poussé à écrire. En 1987, sortira aux éditions Skol Vreizh un premier livre : Images du Front populaire. Finistère 1934-1938, dédié à Pierre Guéguin, maire communiste de Concarneau, et Marc Bourhis, militant trotskiste, tous les deux fusillés par les nazis le 22 octobre 1941 à Châteaubriant.

En 2016, à l’occasion des 80 ans du Front populaire, un collectif d’une dizaine d’historiens, parmi lesquels Jean-Paul Sénéchal, publie un livre C’était 1936. Le Front populaire vu de Bretagne. Tout en continuant à travailler à l’hôpital, tout en continuant à militer syndicalement activement, Jean-Paul travaillera de longues années à une thèse de doctorat qu’il réussira avec succès. De sa thèse de 1 400 pages sortira un livre dans la collection « Histoire » des Presses universitaires de Rennes : Finistère du Front populaire : 1934-1938. Lutte pour l’hégémonie et logique de blocs. Cet ouvrage analyse l’impact du Front populaire sur le Finistère, département rural fortement marqué par la question religieuse.

Le balayeur devient docteur en histoire et chercheur associé au Centre de recherche bretonne et celtique, spécialisé dans l’étude des crises sociales et politiques. Jean-Paul aura lutté jusqu’au bout comme syndicaliste mais aussi comme militant anticapitaliste et révolutionnaire, adhérent à la IVe Internationale. Très malade, il est hospitalisé dans les conditions scandaleuses dans lesquelles les politiques libérales ont réduit l’hôpital. De son brancard, dans le couloir, il trouve le courage pour contacter la presse et dénoncer la situation faite aux patientEs.

Jean-Paul était en retraite depuis le 1er février 2020, il avait 64 ans.  Nous pensons à Claude avec qui il a partagé sa vie, à ses deux enfants Marine et Tanguy, que nous assurons de notre soutien.

Jean-Paul, nous ne t’oublierons pas et continuerons ton combat internationaliste et anticapitaliste pour la justice sociale et un monde meilleur.


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