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SOURCE : Le Monde
Ce macroniste de la première heure dirige le très libéral think tank qui propose de supprimer temporairement des jours de congé afin de relancer l’économie.
Un promoteur du « travailler plus »
Supprimer une semaine des vacances de la Toussaint 2020 ainsi que le jeudi de l’Ascension comme jour férié pour participer à l’effort de relance économique. Qui a dégoupillé cette petite bombe ? Un certain Laurent Bigorgne, 45 ans, macroniste convaincu, jusqu’ici plus connu des antichambres du pouvoir que du grand public. Depuis 2011, il est à la tête de l’Institut Montaigne, think tank indépendant mais résolument « libéral ». Dans une note publiée le 6 mai, ce dernier avait déjà suggéré d’augmenter le temps de travail pour relancer l’activité économique.
Un peu plus à gauche
Dans une autre vie qui est aussi la sienne, il cite le jeune chanteur anar Renaud lors de son grand oral de Sciences Po en 1996 (sujet : « Que fait la police ? » Renaud : « La France est un pays de flics/À tous les coins d’rue, y en a cent/Pour faire régner l’ordre public, ils assassinent impunément. »). Il est aussi agrégé d’histoire, fils d’une professeure de commerce et d’un proviseur très rocardien installés en Meurthe-et-Moselle. À Paris, il milite à l’UNEF-ID, l’un des syndicats étudiants à gauche de la période. En 2000, le patron de Sciences Po, Richard Descoings, le recrute pour démocratiser l’institution et la rendre plus accessible aux élèves des zones défavorisées.
Un libéral par défaut
On retourne le disque. En 2009, il tape dans l’œil de Claude Bébéar, ancien patron d’Axa, parrain du capitalisme français et cofondateur de l’Institut Montaigne. Bébéar l’intronise directeur des études puis lui offre les clés de la boutique. Bigorgne, directeur, justifie : « Je suis libéral au sens où il n’y a pas vraiment d’autres modèles que l’économie de marché. J’ai passé six mois à expliquer que l’Institut Montaigne est bipartisan et que son directeur n’a aucun engagement politique. J’arrête. On va le montrer, ce sera plus efficace. »
Un vieux pote du président
Laurent Bigorgne se serait volontiers passé de sa première saillie médiatique. En avril 2016, au lendemain du lancement d’En marche !, Mediapart publie cette information : l’adresse légale du mouvement macroniste est celle de son domicile privé, car sa compagne est directrice de la publication du site enmarche.fr. Bigorgne et Macron sont amis de longue date. Le premier conseille le second pendant la campagne présidentielle, et élabore une partie de son programme en matière d’éducation. La rumeur l’annonce comme le successeur possible de Najat Vallaud-Belkacem. Mais c’est finalement son ami Jean-Michel Blanquer qui prend le poste. En juin 2018, Bigorgne devient membre du Comité action publique 2022, installé par Édouard Philippe pour concevoir le projet de réforme de l’État.