StopCovid : avec 1,8 million d’activations et seulement 14 notifications, l’application est-elle vraiment utile et efficace ?

AVANT-PROPOS : les articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » ne représentent pas les positions de notre tendance, mais sont publiés à titre d’information ou pour nourrir les débats d’actualités.

Ce 23 juin, Cédric O a tenu une conférence de presse pour faire « un point d’étape » sur l’application française StopCovid. Si le secrétaire d’État au numérique a affirmé que l’application « fonctionne bien », son utilité et son efficacité sont encore discutables. En effet, seulement 14 notifications de contact à risque ont été enregistrées alors que StopCovid compte actuellement 1,8 million d’activations.

L’application fonctionne comme prévu

D’après Cédric O, StopCovid n’a pas rencontré de problèmes majeurs depuis son lancement, le 2 juin. Néanmoins, le système de détection pour la version iOS est moins efficace, compte tenu des restrictions liées à Bluetooth dans les iPhone, qu’Apple a refusé de lever. Mais grâce aux techniques de contournement mises en place, l’application a pu fonctionner comme prévu, note le secrétaire d’État. D’ailleurs, il a assuré que des améliorations sont en cours et que les retours des utilisateurs sont pris en compte.

Respect de la confidentialité et de la vie privée

Durant le développement de l’application, de nombreuses voix se sont élevées, demandant plus de détails sur la façon dont StopCovid respecte la vie privée des utilisateurs. En guise de réponse, Cédric O a précisé qu’il n’y a pas eu de fuites de données et que le système de crypto-identifiant permet d’assurer le respect de la vie privée de l’utilisateur. D’ailleurs, « des audits sont en cours ou devraient être mis en place dans les jours à venir, à la fois de la CNIL et du Comité de contrôle et de liaison indépendant, voté par les deux assemblées, qui enclenchera ses contrôles ».

De son côté, Guillaume Poupard, directeur général de l’ANSSI, a précisé que le protocole ROBERT, sur lequel est basé StopCovid, est partagé publiquement. Il a également rappelé que le code source et les composants de l’application mobile sont disponibles sur GitLab.

Des chiffres décevants

Depuis sa mise en ligne, StopCovid compte 1,9 million de téléchargements et 1,8 million d’activations. Durant la semaine dernière, 190 000 enregistrements ont été comptabilisés, un chiffre qui évolue à un rythme régulier. Pour autant, il y a eu un peu moins de 24 000 désactivations et 460 000 désinstallations. En outre, il est à noter qu’une dizaine de milliers d’utilisateurs désinstallent l’application chaque jour et que cette évolution a été significative ces derniers temps.

Pour expliquer le nombre croissant de désactivations et de désinstallations, Cédric O a mis en évidence la probable baisse de la crainte des Français relative à l’épidémie ainsi qu’une estimation de la part de ceux-ci d’une utilité moindre de l’application.

Du côté des données sanitaires, 68 personnes ont décidé de se déclarer par QR Code dans StopCovid, 205 autres utilisateurs ont été signalés comme étant à proximité de ces personnes. Et sur ces 205 personnes, seules 14 ont reçu une notification qu’elles devraient prendre contact avec un médecin.

Cédric O estime que ces faibles chiffres sont notamment dues à la baisse rapide de la prévalence de l’épidémie au sein de la population. Il a également fait part de son étonnement sur le nombre de notifications, qui est, d’après lui, « assez faible ». « Ce sont des éléments que l’on doit confirmer par des études de terrain. Il est possible que ce nombre soit logique, compte tenu du fait que vous ne remontez vos contacts que sur 48 heures », a-t-il expliqué. De plus, « il est possible que nous devions améliorer une partie de la manière dont les gens utilisent l’application », a-t-il abondé.

Pour sa part, Vittoria Colizza, directrice de recherches à l’Inserm, a déclaré que l’efficacité de StopCovid dépend de son taux d’adoption. D’après elle, il faut donc qu’un grand nombre de personnes utilise activement l’application pour qu’elle donne des chiffres satisfaisants.

L’équipe de développement va notamment se pencher sur l’interopérabilité européenne

Cédric O a dévoilé trois points sur lesquels l’équipe de développement de StopCovid va se pencher : l’amélioration de la réponse sanitaire autour de l’application, la mise en place d’actions spécifiques sur les clusters et les zones à risque et le l’interopérabilité européenne”. Sur ce dernier point, les études sont déjà en cours. « Nous menons un travail constant avec la Commission européenne sur le protocole DESIRE (suite logique du protocole ROBERT) afin de travailler à une solution européenne souveraine qui soit interopérable, quelle que soit l’architecture choisie par les différents pays », a précisé le secrétaire d’État.

Une nouvelle version sera publiée ce jeudi

Plusieurs versions de StopCovid sont déjà sorties. Les dernières en date sont respectivement 1.04 pour Android et 1.03 pour iOS. Bruno Sportisse, PDG d’INRIA, a annoncé la sortie de la version 1.1 pour ce 25 juin. Celui-ci sera doté de quelques nouveautés dont un système de captcha, développé à partir d’une solution proposée par Orange. Cette nouvelle version comprendra également des améliorations du fonctionnement technique de l’application grâce aux remontées des utilisateurs.

Par ailleurs, la décision prise par la France, de développer une application de suivi de contacts à partir du protocole ROBERT, est saluée par Guillaume Poupard. D’après lui, « si on commence à se décharger sur des acteurs numériques privés non européens de sujets aussi graves que la santé publique, je pense qu’on fait un pas de plus dans une direction qui est particulièrement risquée à long terme ».

Source : Conférence de presse


Articles similaires

Commencez à saisir votre recherche ci-dessus et pressez Entrée pour rechercher. ESC pour annuler.

Retour en haut