38°C en Sibérie : record de température au-delà du cercle arctique

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SOURCE : Les crises

Source : Vox
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

L’une des villes les plus froides de la planète a enregistré une température à la fois record et inquiétante.

Une petite ville de Sibérie a atteint samedi 20 juin la température de 38 degrés Celsius (100,4 degrés Fahrenheit). Ceci marque la température la plus chaude jamais enregistrée au nord du cercle arctique.

Les températures ont fait un bond ces derniers mois à des niveaux rarement observés dans la région russe, et c’est le signe d’une tendance plus large de changement climatique d’origine humaine qui transforme les schémas météorologiques dans le cercle arctique.

La ville de Verkhoyansk est l’une des villes les plus froides du monde – les températures y ont chuté à près de -50°C en novembre dernier – et la température moyenne du mois de juin est de 20°C.

Le relevé de 38°C à Verkhoïansk, qui se trouve plus au nord que Fairbanks, en Alaska, est le relevé septentrional le plus chaud jamais observé.

Le Washington Post rapporte que, bien que l’on puisse s’interroger sur l’exactitude de la température record, le lancement d’un ballon météo le samedi, qui a trouvé des températures exceptionnellement élevées dans la basse atmosphère, confirme cette lecture. Et dimanche, la ville a atteint 35°C, selon le Post.

Le météorologue et spécialiste du climat de CBS News, Jeff Berardelli, a écrit samedi que les températures de 38 degrés dans ou près de l’Arctique étaient jusqu’à présent « presque inconnues« .

Avant samedi, la Sibérie connaissait déjà une vague de chaleur extraordinaire. En mai, les températures de surface dans la région étaient situées 8 degrés au-dessus des moyennes, ce qui fait du mois de mai le plus chaud de la région depuis que l’on a commencé à tenir des registres en 1979, selon le service Copernicus sur le changement climatique.

« C’est sans aucun doute un signe alarmant, mais il n’y a pas que le mois de mai qui ait été exceptionnellement chaud dans cette région« , a déclaré Freja Vamborg, scientifique senior au Service Copernicus du changement climatique. « Pendant tout l’hiver et le printemps, la région a connu des périodes répétées de températures de surface supérieures à la moyenne« .

Pour faire prendre conscience de la gravité de la situation, le climatologue Martin Stendel a déclaré sur Twitter que si nous ne faisions pas face à un changement climatique, cet épisode de chaleur historique au nord-ouest de la Sibérie pourrait s’apparenter à un événement qui n’arrive qu’une seule fois tous les 100 000 ans.

Berardelli a déclaré que la chaleur moyenne en Russie entre janvier et mai correspond en fait à ce que les modèles actuels prévoyaient comme normal pour la région en 2100, si les émissions de carbone continuaient sur le même rythme.

« En raison des gaz à effet de serre qui emprisonnent la chaleur et qui résultent de la combustion de combustibles fossiles et des boucles de rétroaction, l’Arctique se réchauffe à un rythme plus de deux fois supérieur à la moyenne du globe« , a-t-il expliqué dans son analyse du relevé de Verkhoyansk. « Ce phénomène est connu sous le nom d’amplification de l’Arctique, qui entraîne le déclin de la glace de mer, et dans certains cas de la couverture neigeuse, en raison du réchauffement rapide des températures« .

Il a noté que si le climat continue de se réchauffer, ces vagues de chaleur extrêmes deviendront plus fréquentes.

Source : Vox
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises


Les images satellites montrent la détérioration de l’Arctique par les flammes

Source : Gizmodo – 15/06/2020
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Même si les normes climatiques de l’Arctique sont de plus en plus erratiques, la Sibérie a connu un printemps et un été étranges. Cette région du monde, considérée comme un bastion des températures glaciales et des paysages gelés, cède sous la pression intense de la crise climatique.

Pendant les cinq premiers mois de l’année, la Sibérie a été une tache rouge vif sur les cartes des températures mondiales. Les températures y sont en moyenne de 12,4 degrés Fahrenheit (8 degrés Celsius) supérieures à la normale depuis janvier. En mai, elles ont atteint 86 degrés (30 degrés Celsius) au-dessus du cercle arctique. La chaleur étouffante a également conduit à un hiver qui n’en était pas un et a provoqué une marée noire menaçant un lac arctique, probablement causée par le dégel du sol du permafrost. Si la liste des problèmes s’arrêtait là, ce serait déjà assez grave.

Mais comme nous sommes en 2020, ce n’est pas le cas. Le changement le plus stupéfiant de tous en Sibérie est le paysage de plus en plus parsemé de points de feu. La chaleur qui s’est emparée de l’Eurasie a provoqué de grands incendies dans toute la Sibérie (sans parler de l’Ukraine et des incendies dans la zone d’exclusion de Tchernobyl ce printemps). Les flammes se sont même propagées dans l’Arctique, où les incendies ont brûlé de manière largement incontrôlée.

L’éloignement de cette région fait que les satellites sont le meilleur moyen de saisir le chaos qui se déroule. Ce même éloignement signifie que les incendies ne menaceront probablement pas des villes comme c’est souvent le cas dans l’ouest des États-Unis. Mais ils constituent une préoccupation majeure pour le climat, en particulier les feux dits « zombies » qui ont repris. Ces feux ont également tendance à brûler dans les réserves de tourbe souterraines qui sont riches en carbone et peuvent amplifier le changement climatique en le libérant dans l’atmosphère.

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Source : Gizmodo – 15/06/2020
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises


En Sibérie, la fin du permafrost

Source : LeTemps.ch – 03/05/2020

En Yakoutie, le réchauffement climatique provoque la fonte de sols jusqu’ici gelés toute l’année. Des milliers d’habitations menacent de chavirer dans la boue en été, tandis que les villages du nord sont submergés par des inondations noires.

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On l’appelle en Russie le «gel éternel» et rien n’est plus fallacieux. Les Yakoutes sont en train de l’apprendre à leurs dépens. La totalité de cette république perdue au fin fond de la Sibérie orientale, grande comme 72 fois la Suisse, repose sur le pergélisol (ou permafrost), une couche de terre gelée d’une profondeur dépassant parfois 1000 mètres. Où que l’on creuse le sol – même au milieu du bref été continental, au cours duquel la température atteint les 40°C – on tombe rapidement sur une terre dure comme du béton. Enfin, c’était le cas avant le réchauffement global. Désormais, la couche dégelée (ou «couche active» en jargon scientifique) descend jusqu’à 3 mètres de profondeur.

«Tous les Yakoutes ont remarqué le phénomène», raconte Valentina Dmitrieva, présidente d’Eyge, une association locale de protection de la nature. «Nous enterrons traditionnellement nos défunts en été 2 mètres sous terre. Avant, il fallait verser de l’eau bouillante pour dégeler les 50 derniers centimètres. Aujourd’hui, la terre est déjà molle», poursuit Dmitrieva, qui est aussi directrice des programmes de recherche à l’Université fédérale du Nord-Est à Yakoutsk.

Des pilotis de béton

Les conséquences de ce dégel accéléré font penser aux sept maux de l’apocalypse : déformation du sol, érosion ultra-rapide des berges de l’océan Arctique, inondations d’eaux noires, marais et lacs engloutissant les pâturages, «forêts ivres» où les arbres s’inclinent de manière chaotique, réveil de microbes et bactéries centenaires capables de déclencher des épidémies…

Même en milieu urbain, le phénomène saute aux yeux. A Yakoutsk, la capitale de la région, le pergélisol offrait une fondation d’une dureté sans égale aux bâtiments. Mais les 400 000 habitants de la ville «la plus froide du monde» ont du souci à se faire. Tels des mille-pattes de béton, toutes les constructions sont perchées sur des pilotis plantés dans le pergélisol. Un espace de 1 à 2 mètres est laissé vide entre le rez-de-chaussée et le sol pour que la chaleur des habitations ne fasse pas fondre le sol les supportant, et afin que l’air glacial refroidisse la «couche active». Jusqu’en 2000, la norme obligeait les constructeurs à planter des pilotis de 8 mètres pour les immeubles.

Ce qui signifie qu’aujourd’hui, pendant plusieurs mois, ces constructions de cinq étages ne sont plus maintenues que sur les 5 derniers mètres. Conséquence: des fissures lézardent des dizaines de bâtiments construits à l’époque soviétique. Elles sont vite colmatées par la mairie, mais pas assez pour empêcher de faire jaser. D’autant que certains bâtiments se sont déjà effondrés. Officiellement, 331 constructions ont été déclarées «inutilisables» par les autorités. Seules 165 seront effectivement détruites, faute de financement.

« Les autorités ont tendance à fermer les yeux et à autoriser la construction d’immeubles dépassant les 15 étages, alors que nous avons toujours recommandé de ne pas aller au-delà de cinq niveaux», prévient Semion Gotovtsev, directeur du laboratoire de géo-cryologie à l’Institut du pergélisol de Yakoutsk. Pour lui, de nombreuses maisons risquent de s’effondrer et «personne ne sait combien de temps elles vont tenir car on ignore à quelle vitesse la couche active va descendre».

Très inquiet, Semion Gotovtsev pointe aussi un phénomène encore mal étudié, appelé «thermokarstique» (érosion du sous-sol). «On sait que des grottes se forment sous terre, mais nous ne disposons pas aujourd’hui des moyens techniques et financiers pour les détecter. Nous allons avoir de mauvaises surprises, y compris dans le centre de Yakoutsk, car ce phénomène va s’accélérer», redoute-t-il. La presse locale s’est déjà émue d’affaissements de terrain durant l’été dernier.

Succession d’inondations

Beaucoup plus marqué dans le Grand Nord, avec déjà 3°C de plus qu’il y a trente ans, le réchauffement climatique engendre des cercles vicieux dans un milieu très fragile. Auparavant, le climat continental hyper-sec ne donnait que 40 mm de précipitations par an.

«Il arrive aujourd’hui qu’on ait 80 mm en une seule journée», note Valentina Dmitrieva. Résultat: l’intensité des inondations est décuplée. Celles, habituelles, qui accompagnent la fonte des neiges fin mai, accélèrent l’érosion des bords de rivière. Une seconde vague d’inondations survient fin juillet à cause des pluies anormales. Mais le plus terrible, c’est la troisième inondation, fin août. Elle est provoquée par les lacs qui débordent [la Yakoutie en compte plus d’un million] et les eaux noires résultant de la fonte du pergélisol, juste avant le retour de l’hiver. Les habitations n’ont pas le temps de sécher que le gel survient et tout doit être abandonné.

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