Bernard Squarcini, les barbouzes et l’IGPN

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SOURCE : NPA

Le 12 juillet, Mediapart publiait sur son site le premier volet d’une enquête concernant Bernard Squarcini, ancien chef des services secrets intérieurs durant le quinquennat Sarkozy. Squarcini est, depuis, passé du côté du privé, en montant sa propre officine de renseignements, qu’il met au service des multinationales et des grands groupes, au premier rang desquels LVMH et son patron Bernard Arnault, l’homme le plus riche de France (et de Belgique).

Cette enquête est basée sur des écoutes téléphoniques réalisées par un service anti-corruption dans le cadre des « affaires » libyennes du désormais célèbre intermédiaire Ziad Takieddine. Des écoutes qui permettent d’en apprendre beaucoup sur les activités de Squarcini mais qui, et c’est une première information, n’ont jamais été exploitées par la police et la justice.

Et pourtant… Comme l’écrit Mediapart, elles révèlent l’existence « [d’]une forme d’État dans l’État où se mêlent intérêts privés et fonctions publiques, basse police, renseignement politique et espionnage économique, parfum mafieux et puissances étrangères. » Le premier épisode de l’enquête nous montre ainsi comment, à la demande de LVMH, Squarcini a mis en branle ses réseaux pour enquêter sur François Ruffin et le journal Fakir, à l’époque où celui qui n’était pas encore député enquêtait sur Bernard Arnault et s’invitait dans des locaux de LVMH et des événements organisés par la firme.

Collusion public-privé, utilisation des ressources de l’État pour les basses œuvres d’une multinationale, appel à des réseaux douteux : on se croirait dans un mauvais roman d’espionnage. Il ne s’agit cependant pas d’une fiction, mais bien des arrière-cuisines de la 5e République, où les puissants se rendent discrètement des services inavouables, tout en prodiguant des leçons de maintien au commun des mortels, à grand renfort de références à la « morale », à l’« effort » et au « respect de la loi ».

Ce n’est toutefois pas sur le plan de la morale que ces détestables pratiques doivent être condamnées, mais bien en raison de ce qu’elles nous disent sur le fonctionnement d’un système dans lequel des responsables politiques, des hauts fonctionnaires, des (ex-)flics et des grands patrons trouvent toujours un terrain d’entente pour s’en prendre à celles et ceux qui contestent un tant soit peu l’ordre établi. Et l’on n’est guère surpris d’apprendre que ces écoutes pourtant accablantes n’ont jamais été exploitées par le service auquel elles ont été transmises : l’IGPN, toujours dans les bons coups.


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