🎬 Maltraitances policières : en finir avec le silence

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SOURCE : France culture

Amar, chef de brigade au TGI de Paris, est témoin depuis plusieurs années d’agissements abusifs de la part de certains de ses collègues, à l’égard de certains détenus. Après avoir essayé en vain d’alerter sa hiérarchie, il décide de dénoncer publiquement ces agissements.

Une policière arrêtant un homme.
Une policière arrêtant un homme. Crédits : Igor Golovniov / EyeEm – Getty

Amar Benmohamed est chef de brigade au sein de l’Unité de transfèrements de nuit au Tribunal de Grande Instance de Paris. Travaillant de nuit, il est chargé de faire l’état des lieux des personnes à transférer à Paris, Créteil, Nanterre et Bobigny. Les personnes incarcérées sont palpées, nourries, on leur donne à boire et elles ont le droit de voir un médecin. En vingt ans, il a vu les pratiques changer au sein de la police. Il remarque peu à peu que les jeunes recrues, peu accompagnées, ont une capacité d’agir bien plus ample qu’auparavant et abusent de leur pouvoir.

Deux collègues féminines, qui appartenaient à la brigade de nuit, se sont fait remarquer parce qu’elles insultaient les détenus : “connard, fils de pute, t’as qu’à crever.” Parfois il y avait des crachats. Les insultes racistes, je les ai entendues deux mois après, de façon récurrente.

C’était vraiment un torrent de haine. Mes collègues me disaient “Non, ce n’est pas possible, c’est de la provocation au départ”.

J’étais vraiment surpris parce que leur comportement était normal quand je les croisais dans la cour et qu’on parlait de tout et de rien. J’avais l’impression de croiser quelqu’un d’autre.

Le chef de brigade, ainsi que ses collègues, tentent de raisonner ses collègues, il leur rappelle les règles de leur métier, le respect et la dignité qu’elles doivent à toutes les personnes, quelles que soient leurs origines ou leurs crimes. Il leur parle à plusieurs reprises mais elles ne changent rien à leur attitude. Les insultes, parfois racistes, continuent envers les détenus qui sont parfois privés d’eau, de nourriture et d’air.

La cellule était pleine, elle comptait environ douze ou quatorze personnes, il était environ minuit, la trappe d’aération était volontairement fermée – contrairement à ce qui avait été demandé par la hiérarchie. Les mecs étaient entrain d’étouffer à l’intérieur.

C’est inhumain, ce n’est pas réglementaire et ce n’est pas légal.

Je pensais que quand on était flic, on était tous honnêtes. Là, ils étaient malhonnêtes, leur comportement était celui de quelqu’un de malhonnête.

Amar ne s’arrête pas là, il signale les abus à sa hiérarchie mais encore une fois, rien ne se passe et plus encore, on lui demande de garder le silence. En retour, il reçoit des sanctions vexatoires et punitives. Il est à son tour insulté et considéré comme gênant par sa propre hiérarchie. Soumis à des pressions, il prend de plus en plus de précautions au travail mais la situation ne s’améliore pas et il commence à ressentir des conséquences sur sa santé. Il en parle finalement en détail à son avocat qui lui fait prendre conscience que sa hiérarchie cherche à lui nuire.

Ils essayent d’avoir ma peau. Il y a une entente entre plusieurs majors, plusieurs gradés de la brigade de nuit, plusieurs officiers et bien au-delà, qui ont décidé de tout faire pour m’affaiblir, me faire craquer, me discréditer.

Au pied du mur, il fallait parler aux journalistes. les textes concernant les dispositions relatives au cadre de mise en action du statut de lanceur d’alerte disent : Lorsque vous avez essayé d’en parler en interne à de multiples reprises, que ça ne donne rien ; que vous l’avez signalé de manière officielle en interne, que ça ne donne rien ; que vous subissez des manœuvres qui consistent à entraver la manifestation de la vérité et que vous recevez des réponses vexatoires, punitives – du harcèlement – vous êtes alors autorisé par la loi à signaler cela à la presse.


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