🎬 Arlette Laguiller, désormais en retrait mais avec “les idées trotskistes, communistes, révolutionnaires bien chevillées au corps”

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SOURCE : France TV Info

Tous les jours, une personnalité s’invite dans le monde d’Élodie Suigo. Aujourd’hui, l’invitée est Arlette Laguiller. Dans cet entretien exclusif à franceinfo, elle sort de son silence pour évoquer son enfance, sa longue vie militante et son regret de ne pas voir vécu “la révolution”.

Arlette Laguiller était encore candidate lors des élections municipales de 2020, aux Lilas (Seine-Saint-Denis). Ici en campagne le 6 mars 2020

Arlette Laguiller est une des figures politiques qui ont marqué la fin du XXe siècle. L’ancienne candidate trotskiste de Lutte Ouvrière à six élections présidentielles n’a rien perdu de ses idéaux.

Femme de convictions

Elle a pris sa retraite médiatique il y a quelques années et lorsqu’elle jette un œil en arrière, sa première phrase est : “Tout a passé très très vite !” Elle poursuit en souriant et soulignant sa fidélité à ses principes : “Moi, je me suis engagée, j’avais une vingtaine d’années.” De ces “60 ans de vie militante”, elle retient “le sentiment d’avoir défendu toujours mes idées et d’avoir encore envie de les défendre”, même si ce n’est plus en étant sur le devant de la scène, Nathalie Arthaud l’ayant remplacée. Arlette Laguiller se veut “surtout convaincue” et confie que durant ces six décennies, elle s’est aussi donné “les moyens de pouvoirs transmettre ces idées-là”.

Arlette Laguiller naît en mars 1940 sur fond de Seconde Guerre mondiale. Son père sera fait prisonnier de guerre, sa mère la laisse aux bons soins de sa famille dans l’Oise pendant cette période : “J’ai quelques souvenirs, des peurs que nous avions des bombardements vers la fin des années 40, 1944. Un petit peu de mon oncle qui me faisait marcher sur ses pommes pour faire du cidre, vous voyez, des choses comme ça. Puis après j’ai plutôt un grand trou quand je rentre en région parisienne que je vais à l’école”.

Les années qui suivent la fin de la guerre sont difficiles financièrement parlant, elle habite avec son pèreComme beaucoup de leurs voisins, ils vivent à crédit chez l’épicier du coin : “Ce n’était pas ‘les restos du cœur’ mais c’était vraiment des braves gens qui géraient cette boutique d’épicerie (…) On payait quand on avait les allocations familiales ou quand mon père travaillait”.

Arlette Laguiller grandit donc dans une certaine précarité sociale mais pas intellectuelle et explique qu’elle n’a pas l’impression d’avoir eu une enfance malheureuse grâce à son père : “Peut-être à cause du goût des idées qu’il a su m’insuffler. Il connaissait des films par cœur, des pièces de théâtre et puis le goût des livres” et s’ajoutent leurs nombreuses discussions autour de la politique.

Premier engagement au moment de la guerre d’Algérie

Arlette Laguiller raconte au micro d’Elodie Suigo l’évènement qui déclenche son engagement : “C’est la guerre d’Algérie”. Elle se rend à sa première manifestation en octobre 1960 : “On demande l’indépendance du peuple algérien. Après, quand j’apprends que des gens ont été matraqués, j’ai envie de m’engager, quoi”.

Embauchée à 16 ans au Crédit Lyonnais, elle devient vite déléguée du personnel mais avant de s’engager syndicalement c’est plus la politique qui l’intéresse. C’est à 32 ans qu’elle est choisie pour être la porte-parole nationale de Lutte Ouvrière. Un an après, en 1974, elle est la première femme à se présenter à l‘élection présidentielle française. Le choix d’une femme se fait en concertation avec ses camarades : “Parce qu’on trouve qu’il y en a assez de ces déclarations d’hommes politiques qui font semblant d’être pour l’égalité mais qui ne sont même pas capables dans leurs partis de présenter une femme”.

Arlette Laguiller se définit comme “une femme de 80 ans qui a les idées trotskistes, communistes, révolutionnaires bien chevillées au corps”. Peut-être a-t-elle un léger regret de ne pas avoir vécu “une révolution” : “Je n’ai pas connu de périodes révolutionnaires en réalité. Mai 68 je l’ai vécu, c’était quand même la plus grande grève générale après 1936 mais qui n’a pas débouché sur une révolution”. Son explication : un parti révolutionnaire pas assez implanté dans les entreprises.

 


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