La crèche marxiste de Patrick Besson

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SOURCE : Le Courrier picard

Avec «Les Lâches et les autres», il propose le livre le plus drôle de l’année. Courageux et profond aussi.

Patrick Besson photographié à Paris en octobre 2017. Photo : Philippe Lacoche.

Il doit s’agir, sans aucun doute, de l’un des livres les plus drôles de l’année 2020. Si ce n’est le plus drôle. Le plus courageux et le plus profond aussi. Avec Les Lâches et les autresPatrick Besson a fait fort. Très fort. Ce n’est pas étonnant au fond. Ses lecteurs – ses fans, devrait-on dire car fans il possède; nombreux sont les lecteurs issus de la vraie gauche qui, tous les jeudis, s’arrachent Le Point pour sa chronique – attendent ses livres comme ceux de Patrick Modiano attendent ceux du haut gaillard nobélisé, ou ceux de Simenon salivaient à l’annonce de la sortie des Maigret de l’immense romancier.

«(…) en URSS il n’y avait pas de sans-abri car tout le monde avait un toit.»

Patrick Besson

Patrick Besson n’a pas peur de grand-chose; ça fait du bien dans ce monde de brutes à petits bras, dans ce monde de… lâches. Il n’aime pas le politiquement correct, les idées reçues qu’il renvoie, direct, aux bêlants envoyeurs. Il se souvient des Desproges, Coluche, Jean Yanne, Bedos et autres francs-tireurs, et tire sur tout ce qui bouge mou comme l’eussent fait les vaillants combattants soviétiques qui mirent la pâtée aux Teutons dans les rues de Stalingrad. Initialement parues dans journaux et des news (La Revue des Deux MondesÉgoïsteLe PointLa MarseillaiseParis Match, etc.), ces chroniques sont un vrai régal; elles confinent au festin. Festin de bons mots, festin du style, festin de vivacité féline car il a bouffé du lion, le Patrick! Ça fuse; ça vole haut. Ça dégomme mais ce n’est jamais mesquin car c’est toujours marrant. L’élégance, c’est aussi cela. On se bidonne quand il raconte, page 33, comment, à la faveur du deux centième anniversaire de la naissance du petit Karl (5 mai 1818), il rassemble autour du «berceau de paille du divin enfant, les figurines de Joseph Hegel, le père ou plutôt le beau-père du fondateur de notre croyance, et Marie Gouze, dite Olympe de Gouges, la féministe engrossée par un certain nombre d’esprits saints: Diogène, Spinoza, Rousseau.» Un peu plus loin, il rappelle à juste titre qu’il serait nécessaire de se souvenir qu’au moins «en URSS il n’y avait pas de sans-abri car tout le monde avait un toit, même si le moi n’était guère autorisé (…) On divorçait en une seule journée. Un employeur ne pouvait pas vous renvoyer sans vous avoir trouvé un nouvel emploi.»

On est en droit de se réjouir de telles paroles en cette époque de bobos moralisateurs, ultralibéraux et trottinetteux qui, depuis des années, ne cessent de cracher à la gueule du communisme et du peuple.

Et du populisme. C’est beau, pourtant, le populisme. Aussi beau qu’un Gilet jaune. «La bourgeoisie et son armée de troufions médiatiques, bien nourris dans les déjeuners en ville, ont déniché un nouveau mot pour déconsidérer le peuple et ses luttes: le populisme (…) qui serait une survivance du fascisme avec un reste de nazisme et une goutte de communisme.» C’est tellement vrai. Aussi vrai que «les visages haineux des clientes de magasins bio». Besson balance; ça fait un bien fou.

PHILIPPE LACOCHE

Les Lâches et les autres, Patrick Besson; Robert Laffont; coll. Mauvais esprit; 154 p.; 19 €.


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