🎬 Femmes combattantes: entre déni et décri

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SOURCE : France culture

Des Amazones aux Femen, l’Histoire occidentale regorge de figures féminines offensives qui ont investi l’espace public. Un recours à la violence longtemps occulté et caricaturé par un regard masculin soucieux de perpétuer le mythe de l’innocence féminine et d’écarter les femmes du pouvoir.

Valentine Cameron Prinsep, "To Versailles", 1894. Une idéalisation rétrospective de la marche des femmes sur Versailles les 5 et 6 octobre 1789.
Valentine Cameron Prinsep, “To Versailles”, 1894. Une idéalisation rétrospective de la marche des femmes sur Versailles les 5 et 6 octobre 1789.  Crédits : Getty

Puisque le féminisme est au travail, avec une énergie renouvelée, et qu’il constitue, entre obstacles et avancées, l’un des mouvements sociaux, politiques et éthiques les plus profonds de notre présent, nous allons braquer notre attention, ce matin, sur un sujet qui, comme tant d’autres, exige la lumière de la longue durée.

Il ne s’agira pas, dans le temps bref d’une émission, d’embrasser l’histoire générale du féminisme à travers les âges. Mais de considérer, et ce sera notre « angle », comme disent les journalistes, quelques moments où des femmes ont spécifiquement signifié, que ce soit dans la guerre extérieure ou dans des conflits intestins, qu’elles étaient à même de se saisir elles-mêmes d’une violence dont la plupart des civilisations attribuaient le monopole aux représentants du sexe mâle.

Cela a pu être directement, afin d’arracher plus d’égalité, civile et politique, contre la résistance de l’ordre établi. Mais cela put être aussi pour affirmer, l’arme à la main, qu’elles avaient une place dans des combats guerriers dont l’enjeu concernait leur société toute entière – ce qui était encore, indirectement, une façon d’affirmer le refus d’une subordination.

Nous ne rêverons pas d’être exhaustifs, même dans un champ défini et restreint de la sorte. Mais, en courant la poste, depuis les Amazones jusqu’aux suffragettes anglaises, en passant, par le Moyen-Âge ou les révolutions du long XIXe siècle, de 89 à la Commune, nous pourrons rencontrer bien des résonnances et peut-être exhumer aussi les origines de quelques fantasmes masculins.

Martial Poirson, professeur d’histoire culturelle à l’Université de Paris VIII-Vincennes Saint-Denis, vient d’organiser un livre à plusieurs voix qui s’intitule précisément Combattantes, une histoire de la violence féminine en Occident. Il s’imposait donc que je l’invite. Et voilà qui est fait.

Programmation sonore

  • Chanson anonyme de 1793, intitulée “Départ des Amazones françaises des 83 départements pour la frontière”, interprétée par Francesca Solleville en 1989.
  • Lecture d’un extrait d’Histoires d’Hérodote (Ve siècle avant JC), récit sur les Amazones, par André Daguenet, dans “La Matinée des autres” consacrée aux voyages d’Hérodote, sur France culture, le 18 juillet 1978.
  • Extrait de la pièce de théâtre Judith de Jean Giraudoux (1931), acte 1 scène VI, adaptée pour la radio par André Beucler, avec Germaine Montéro (Judith), Jean Hervé (Joaquin) et Jacques Dacqmine (Jean), dans “Cycle Jean Giraudoux”, le 19 avril 1952.
  • Lecture d’un extrait des Nuits révolutionnaires de Restif de la Bretonne (1789-1793), sur la marche des femmes sur Versailles les 5 et 6 octobre 1789, par Sylvain Joubert, dans “Documentaire d’été” consacré à “L’année sans pareille, chroniques de 1789”, sur France culture, le 19 août 1988.
  • Interview de Louise Weiss, cheffe des suffragettes en France, sur l’hippodrome de Longchamps investi par les suffragettes, le 29 juin 1936.

Bibliographie

  • Martial Poirson (dir.), Combattantes. Une histoire féminine de la violence en Occident, Paris, Seuil, « Beaux livres », 2020, préface de Christiane Taubira.
  • Martial Poirson (dir.), Amazones de la Révolution : Les femmes dans la tourmente de 1789, Catalogue de l’exposition du Musée Lambinet (Versailles), Paris, Gourcuff, 2016.
  • Jasmine Cornut, Martial Poirson, Adélaïde Zeyer, _Le sexe faible ? Femmes et pouvoir en Suisse et en Europe (16e-20e siècles)_, Catalogue de l’exposition du musée de Morges, 2020.
  • Michelle Perrot et Georges Duny (dirs.), Histoire des femmes en Occident, Paris, Plan, 1990, 5 volumes.
  • Michelle Perrot, La place des femmes. Une difficile conquête de l’espace public, Paris, Textuel, 2020.
  • Cécile Dauphin et Arlette Farge (dirs), De la violence et des femmes, Paris, Albin Michel, 1997.
  • Sophie Cassagnes-Brouquet, Chevaleresses, une chevalerie au féminin, Perrin, 2013.
  • Éliane Viennot, La France, les femmes et le pouvoir I. L’invention de la loi salique (Ve-XVIe siècle), Paris, Perrin, 2006.
  • Dominique Godineau, Citoyennes Tricoteuses. Les femmes du peuple à Paris pendant la Révolution française, Aix-en-Provence, Alinea, 1988.
  • Bibia Pavard, Florence Rochefort, Michelle Zancarini-Fournel, Ne nous libérez pas, on s’en charge. Une histoire des féminismes de 1789 à nos jours, Paris, La Découverte, 2020.
  • Jill Liddington et Jill Norris, Histoire des suffragistes radicales: le combat oublié des ouvrières du nord de l’Angleterre (1978), trad. Laurent Bury, Paris, Libertaria, 2018.

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