Conseil de lecture : “Autogestion hier, aujourd’hui, demain”

AVANT-PROPOS : les articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » ne représentent pas les positions de notre tendance, mais sont publiés à titre d’information ou pour nourrir les débats d’actualités.

SOURCE : La Riposte

Pourquoi ?

Parce que ce livre est une mine d’informations.

Phénomène planétaire l’autogestion est la plus actuelle des utopies concrètes répondant aux défis du monde d’aujourd’hui “. Quatrième de couverture de « autogestion, hier, aujourd’hui, demain ». Maintenant j’en fait appel à votre curiosité…

A l’heure où la gauche est en panne d’alternatives, l’autogestion apparaît comme l’ouverture d’un autre monde possible, d’une passerelle vers l’émancipation. Elle englobe toutes les sphères de la société et répond auxrevendications de la démocratie contemporaine. Elle surgit comme la réponse à la faillite des directionsd’entreprises ou à celle de l’Etat quand celui-ci abandonne les citoyens.

L’autogestion reposerait sur ces principes :

« On produit, on vend, on se paye ! C’est nous qui travaillons, c’est nous qui décidons ! »

Cela sous-entend l’intention de se débarrasser du patronat, de sortir des hiérarchies et de mettre le monde du travail sous une forme horizontale, où les travailleurs reprendraient du pouvoir sur leur vie.

Le capitalisme a cette faculté de reprendre à son compte des alternatives qu’on lui oppose, dès qu’il ne s’agit pas de lutte sociale. Mais ce livre a la particularité de montrer qu’il n’y a pas que les anarchistes qui ont déjà prôné l’autogestion, mais aussi des syndicats et d’autres mouvements politiques de gauche, ainsi que des marxistes.

Pour une production autogérée ?

Dans le livre « autogestion, hier, aujourd’hui, demain », on démontre que parler de production autogérée est un progrès historique en plusieurs points dont un qui me semble intéressant : « Cette mutation ne peut avoir de forme progressiste que si le plus grand nombre se l’approprie et la comprend. (…) ce qui est possible et nécessaire doit être clairement défini. » Si j’en crois ce livre, c’est une forme de production non capitaliste, qui débouche sur une civilisation où les rapports humains, la création et les savoirs donnent d’autres satisfactions que la consommation.

Voilà un texte sur la « Tower Collery », exploitation minière du pays de Galles :

« En 1979, à peine désignée Première Ministre, Miss Thatcher entreprend des révolutions conservatrices en s’attaquant aux droit sociaux, aux droits syndicaux et aux services publics. Elle entreprend de prendre sa revanche auprès des mineurs, responsables à ses yeux de la chute du gouvernement Healt en 1974. (….) Entre 1982 et 1990, le nombre de mineurs passe de 181 000 à 65 000. C’est le licenciement de 300 000 mineurs. Le 22 janvier 1995, 239 mineurs reprennent la production de leurs mines sous forme de coopérative autogérée. Le directeur général est désigné pour un mandat de deux ans, renouvelable une seule fois. Un système de formation continue est mis en place afin de permettre une rotation continue des tâches. Une des premières décisions est de faire une augmentation significative et d’instaurer une couverture maladie garantissant un maintien du salaire intégral. Des ingénieurs et des cadres de haut niveau sont recrutés en assemblées générales et deviennent sociétaires de la coopérative en ayant payé leur quotepart. Les mineurs gestionnaires démontrent qu’ils peuvent très bien gérer leur entreprise et investissent dans la sécurité des travailleurs. Très vite et en dépit des discours officiels, la mine s’avère très rentable. Les coopératives s’engagent localement au niveau des tissus associatifs des vallées les plus proches et exercent la solidarité ouvrière internationaliste envers les ouvriers sud-africains et polonais ou par l’envoi de charbon à Cuba. Les mineurs anticipent sur la disparition des gisements et anticipent pour les générations futures. Très tôt, il ne s’agit plus uniquement de faire fonctionner la mine, mais de réfléchir à l’avenir. La mine exploite le filon jusqu’à son terme. »

Une stratégie de mouvement social :

C’est une stratégie de mouvement social car déjà elle instaure une forme de démocratie et cette dernière a joué un rôle énorme dans les luttes et les progrès sociaux. Aujourd’hui, bien qu’il existe une concurrence entre les travailleurs du monde entier, on peut voir apparaître un mouvement populaire comme on a pu le voir avec la réforme des retraites, les gilets jaunes, et dans les révoltes au Maghreb et au Proche-Orient. Avec une démocratie active où chacun pourrait débattre, décider, réaliser, ce mouvement peut se structurer car toute les formes de contestation s’y retrouvent. J’ai lu cela sur la communauté de Porto Alegre : « Budget participatif, scrutin à la proportionnelle, nombre élevé de circonscriptions donc d’élu(e)s (…), mandat court pour répondre à des questions concrètes et pour que la plupart des citoyens et citoyennes puissent être élu(e)s au moins une fois dans leur vie. » Cela s’approche d’une nouvelle forme démocratique. Puis comme je l’ai dit chaque forme de contestation s’y retrouve :

–La contestation internationaliste et alter mondialiste qui s’oppose à la planète uniforme instrumentalisée et contrôlée par les grandes firmes. Elle cherche à être active plutôt que réactive. Dans un texte de Bruno Della Suna et de Guy Dani on parle d’une « conception horizontaliste d’une logique de contrepouvoir tout en ne voulant pas poser le problème du pouvoir et mettant en question la légitimité du capitalisme à décider de l’avenir de nos société ».

–La contestation écologiste car de Rio en 1992 à Copenhague en 2009 et en partant de Kyoto en 1977 beaucoup d’objectifs ne sont pas atteints et la nature reste en danger. De plus, l’émancipation humaine ne peut se faire sans celle de la nature ; hors « l’option autogestion » donne le maintien de mouvements écologistes radicaux et des moyens de contestation du capitalisme vert.

L’Etat capitaliste en place, va-t-il laisser faire ce pouvoir parallèle ?  La réponse, comme on l’a vu pendant le contre-sommet du G8 de 2001, est non.

Dans le domaine éducatif :

Concrètement, il s’agit de remplacer le système classique (leçons, exercices) par un apprentissage basé sur le vécu des élèves et porteur d’une dimension sociale (jeu d’expression et de communication, correspondance, bricolage, jardinage etc..). Il s’agit aussi d’individualiser les apprentissages non seulement en tant que processus vivant mais en tant que système respectueux du rythme et des démarches de chacun.

On trouve cela aujourd’hui, avec par exemple, le lycée autogéré de Paris. La plupart des enseignants qui y sont se situent politiquement à gauche des frondeurs du Parti Socialiste.

Un peu de point de vue marxiste….

Ce livre parle bien sûr de l’épisode de la Commune de Paris. Je ne citerai pas de texte cette fois concernant le contexte de ce soulèvement de 1878. En effet, le contexte politique et social de cette époque diffère beaucoup de ce que nous vivons actuellement.

L’idée de dictature du prolétariat est née à un moment où les démocraties n’étaient pas très avancées et correspond à ce que Marx décrit dans son ouvrage “La guerre civile en France” où il explique le fonctionnement de la Commune de Paris. Autogestion de la ville et mandat impératif, mandat qui implique d’être obligé de tenir ses promesses au risque de destitution. Il me semble que c’est ça.

Michael Martin, un jeune Insoumis de Lyon.

Autogestion hier, aujourd’hui, demain, Editions Syllepse, ouvrage écrit sous la direction de Lucien Collonges.


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