Retour sur le dernier CPN du NPA

La crise que traverse actuellement le NPA n’est pas un coup de tonnerre dans un ciel serein.
Elle prend place dans une double crise structurelle, crise du mouvement ouvrier organisé, d’une
part, et crise du courant trotskyste à l’échelle internationale comme à l’échelle nationale, d’autre part.
Toutes ces crises sont bien évidemment liées entre elles. Comme l’a souligné Bensaïd dans son
histoire des trotskysmes, plus une organisation est faible, plus elle a tendance à la scission, car
« chaque composante est soumise à la tentation de mettre en pratique ses idées sans craindre de
perdre grand chose en échange ». Le paradoxe est que cette crise surgit pour nous au moment précis
où les mobilisations reprennent – que ce soient les soulèvements à l’échelle internationale de ces
derniers mois, dont les gilets jaunes en France sont une des manifestations, ou que ce soient les
mobilisations directement coordonnées internationalement sur les questions antiracistes, féministes
ou écologiques. C’est donc au moment précis où nous aurions plus que jamais besoin d’un parti
révolutionnaire que le NPA est au bord de l’explosion, à contretemps.

Au dernier CPN, deux blocs ont achevé de se constituer et de s’opposer. Le drame est
qu’une fois encore, ce n’est pas autour d’un véritable bilan du NPA que cela a eu lieu, mais sur la
question de savoir si la date limite d’adhésion au NPA pour pouvoir voter au Congrès serait
septembre ou novembre, et si la date limite pour remonter les tableaux de suivi des effectifs et des
cotisations des comités serait novembre ou janvier. Va-t-on véritablement scissionner pour des
questions organisationnelles et sur des divergences de quelques mois ? La pfU a a décidé de
modifier les conditions de participation au congrès alors que la motion d’organisation ne faisait que
reconduire les modalités des congrès précédents. Pour notre part, nous avons défendu d’essayer de
trouver un compromis sur les divergences organisationnelles entre ces deux blocs, notamment en
votant l’amendement 1 de la pfU et en amendant son amendement 3. En vain. La pfU a alors fait un
chantage à la scission sur sur la base de ses deux amendements, en proposant de repousser le vote
de la motion d’organisation du congrès. De notre côté, nous pensons que nous avons de façon
urgente besoin d’un congrès pour parler politique – et c’est pourquoi nous avons voté contre la
motion de report et pour la motion d’organisation du congrès, avec les autres courants de l’ex-pfA.

Parler politique, d’abord pour faire le bilan du projet initial du NPA. À l’origine, le NPA
avait pour vocation de regrouper les anticapitalistes et les révolutionnaires dans un même parti, le
fameux parti large, et pour ce faire, il a dissous la LCR et son programme, et repoussé les
définitions stratégiques à plus tard. Cela s’est fait en ne prenant pas bien la mesure que la naissance
d’une organisation clairement réformiste, le Front de Gauche, quasiment au même moment, s’est
révélé un projet plus cohérent, plus attractif pour toute une frange des anti-capitalistes au sens large.
Malgré l’échec du projet du NPA qui n’a fait que rétrécir, et malgré les échecs des politiques de
partis larges internationalement, la direction n’a jamais tiré de bilan, et c’est cette absence de bilan
et de clarification qui empêchent encore aujourd’hui d’avancer.

Parler politique ensuite, pour décider au congrès de la refondation révolutionnaire du NPA.
Beaucoup de camarades répondent à cela que le NPA est déjà clarifié dans les faits. Ce n’est pas le
cas : nous proposons de rompre avec l’orientation de la direction sortante, en défendant un
programme communiste révolutionnaire et en revoyant nos principes fondateurs. D’autres
camarades disent que la clarification se fera par l’intervention commune, et pas en se mettant
d’accord sur un programme de 50 pages. Loin d’opposer intervention et élaboration, il faut les
penser ensemble : l’élaboration oriente l’intervention, et en retour l’intervention permet de corriger
l’élaboration. Dans le cadre du NPA, il faut se mettre d’accord sur les fondamentaux de notre projet
de parti commun : un parti implanté dans la classe, un parti de militantEs, un parti avec une
stratégie et un programme révolutionnaire, un parti regroupant le meilleur de la tradition trotskyste,
un parti qui confère des droits et des devoirs à ses diverses composantes, un parti qui met en son
centre la démocratie interne, et qui donc renouvelle sa direction. Ce n’est qu’une fois que nous
aurons fait tout cela qu’alors nous pourrons avoir un certain centralisme démocratique entre nous, et
donc agir ensemble dans la réalité, tirer les bilans ensemble, et continuer d’approfondir notre
élaboration commune. La situation actuelle ne peut plus durer, mais ce n’est pas une scission qui
arrangera les choses, ce n’est qu’une autre façon de ne pas tirer les bilans : la seule porte de sortie
par le haut est la refondation révolutionnaire du NPA !

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