“Rentrez chez vous sales arabes”: les femmes voilées poignardées témoignent

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SOURCE : Révolution permanente

Ce dimanche plusieurs femmes voilées ont été victimes d’une agression raciste, deux d’entre elles ont été poignardées. Des victimes ont témoigné au micro de Taha Bouhafs sur cette atroce agression qui fait pour l’instant les frais d’un assourdissant silence politique et médiatique.

Ce dimanche 18 octobre, alors qu’ils se promenaient vers la tour Eiffel, cinq femmes et quatre enfants se sont faits agresser. Les insultes racistes ont fusé et deux d’entre elles ont pris d’importants coups de couteau.

Suite à cette horrible agression, deux d’entre elles ont pris la parole au micro de Taha Bouhafs.

Femmes voilées poignardées près de la Tour Eiffel, une des victimes témoigne.

Hanane explique qu’elle a demandé aux propriétaires des chiens qui effrayaient ses enfants de tenir en laisse les animaux. « Là les propriétaires sont montées au créneau, nous ont crié dessus, à nous dire qu’elles étaient là depuis 16h et que personne les avait dérangées et nous ont demandé de tracer notre chemin. On leur a demandé pourquoi elles nous parlaient de la sorte. Elles nous ont répondu qu’on était des sales arabes et qu’on était là pour les déranger. […] L’agresseuse en face répond qu’elle est ici chez elle, que nous on a rien à faire là. Et de là Kenza lui dit “de ta petite taille tu vas faire quoi ?” Et là la dame se retourne, sort quelque chose de sa poche et taillade Kenza au niveau du visage. Kenza est en sang », témoigne ainsi Hanane.

S’en sont suivis 9 coups de couteau. Kenza en a pris trois, a dû être opérée et un de ses tendons a été coupé. Sa cousine, Amel, en a reçu six. Elle a été touchée au poumon et est toujours hospitalisée.

L’attaque violente et traumatisante est dépeinte par Hanane : «  Elles se sont mises les deux filles sur elle [Amel], et nous on avait les chiens sur nous, et on a rien pu faire. On s’est sentie démunie. Les enfants d’un côté qui pleuraient, Kenza à terre ensanglantée et Amel qui se faisait torturer ». Kenza de son côté assure qu’elle « a vu la haine dans leurs actes » et ajoute « si ma sœur ne m’avait pas détachée d’elle [l’agresseuse], elle ne se serait pas arrêtée. Jusqu’à ce que mort s’en suive ».

Une attaque dont le caractère raciste est minimisé de toute part

En plus des « sales arabes », des « rentrez chez vous », les agresseuses ont mentionné les voiles que portaient les victimes. Mais le caractère raciste, pourtant évident, a été minimisé de toute part. D’abord par les policiers comme le souligne Hanane : « Au commissariat, ils ont pris nos dépositions en tant que témoins mais quand j’ai demandé à porter plainte pour injure raciale, on m’a pas pris en compte et on n’a pas pris ma déposition », bien que finalement le caractère raciste ait été retenu par le parquet.

Les médias de leur côté ont principalement mis en avant « un différent lié à des chiens » comme on peut lire sur actu.fr le 20 octobre. Pendant que le Parisien assure dès la première ligne « l’affaire, plutôt confuse, date de dimanche soir » avant d’ajouter rapidement que « les deux groupes se disputent à propos de l’animal en liberté. Le ton monte. « Tenez votre chien sinon je sors la lacrymogène », prévient l’une des mamans ». Une manière de les faire passer pour responsables -au moins en partie- de l’agression dont elles ont été victimes. C’est d’autant plus scandaleux qu’Hanane dément au micro de Taha Bouhafs avoir eu en sa possession une bombe lacrymogène.

L’attaque raciste, minimisée par tous, est par ailleurs très largement absente des médias dominants, occupés à relayer les propos islamophobes de toute la classe politique. En effet, cette agression intervient dans une séquence très particulière dont on ne peut faire abstraction. Et pour cause suite au crime perpétré contre Samuel Paty, les discours islamophobes se sont multipliés et avec eux de nombreux amalgames entre terroristes et musulmans -ou assimilés comme tels. L’union nationale permet au gouvernement, et à toute la classe politique, de la gauche à l’extrême-droite de déverser un fiel raciste sur les plateaux télé. C’est dans ce contexte qu’Eric Ciotti a tweeté que « Le voile est l’arme de la soumission pour les islamistes. »

C’est ce genre de sorties éminemment islamophobes, et tout le contexte dans lequel elles s’inscrivent, qui alimente un terreau de violences contre les personnes musulmanes et particulièrement les femmes voilées.


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