Comment le CAC40 a changé en vingt ans

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SOURCE : Observatoire des multinationales

Entre 2000 et 2020, les groupes du CAC40 ont vu leur chiffre d’affaires et leurs profits augmenter sensiblement. Les dividendes, eux, sont littéralement montés en flèche. Seul indicateur à la baisse : les effectifs du CAC40 en France.

Ces chiffres confirment certaines des critiques régulièrement adressées aux groupes du CAC40, notamment l’explosion des dividendes, et l’érosion de leurs effectifs en France alors que les effectifs augmentent au niveau mondial, et que le chiffre d’affaires réalisé en France augmente lui aussi, de 28%, entre 2000 et 2020.

Les évolutions remarquables

Les changements les plus spectaculaires sont ceux qui ont affecté en vingt ans Sanofi et LVMH. Entre 2000 et 2020, le laboratoire pharmaceutique a vu son chiffre d’affaires multiplié par 6 et ses effectifs par 3,5. Quant aux dividendes versés aux actionnaires, ils ont été multipliés par 11,5, alors même que les profits n’étaient multipliés « que » par 3. Cette évolution spectaculaire reflète la financiarisation croissante de Sanofi, mais aussi l’absorption de laboratoires concurrents, à commencer par Aventis. Il a donc aussi vu ses effectifs français multipliés par 2 sur la période.

Du côté du groupe de luxe, le chiffre d’affaires a été multiplié par 4,5 et les profits par 10 entre 2000 et 2019. Les dividendes ont été multipliés par 9. L’effectif mondial a été multiplié par 3 sur la même période, et l’effectif français par un peu moins de 2 (+83%).

Outre les deux cas évoqués ci-dessous de Vivendi et PPR, on remarque deux chutes notables des effectifs en France entre 2000 et 2020 : chez Orange (-42%) et chez Total (-35%). Il n’y a qu’une entreprise dans notre échantillon où la part de la France dans l’effectif augmente, de 0,25% : ST Micro. Chez tous les autres, la proportion des effectifs basés en France décroît.

Un autre chiffre serait intéressant à comparer : celui des rémunérations patronales. Malheureusement, en 2000, les groupes cotés au CAC40 n’étaient pas tenus comme aujourd’hui de donner des chiffres individualisés incluant les paiement en actions. On n’a généralement que des chiffres globaux pour tout le comité exécutif, n’incluant que les parts fixes et variables de la rémunération. Cela fournit tout de même des éléments de comparaison, puisque, comme signalé dans un autre chapitre de cette publication, le PDG de Carrefour gagne davantage aujourd’hui que ne gagnaient les 11 membres du comité exécutif en 2000 (hors rémunérations en actions).

L’évolution du CAC entre 2000 et 2020

26 groupes au total qui figuraient dans l’indice du CAC40 au 1er janvier 2020 étaient déjà dans le CAC vingt années auparavant : Accor, Air Liquide, Airbus (alors EADS), Axa, BNP Paribas, Bouygues, Capgemini, Carrefour, Danone, Kering (alors PPR), L’Oréal, Legrand, LVMH, Michelin, Orange (alors France Télécom), PSA, Renault, Saint-Gobain, Sanofi, Schneider Electric, Société générale, Sodexo, STMicro, Thales, Total et Vivendi.

Entre le 1er janvier 2020 et la présente publication, trois firmes ont quitté le CAC40, Accor, Sodexo et TechnipFMC, laissant leur place dans l’indice à Alstom, Teleperformance et Wordline.

Les entreprises qui sont parties du CAC40 depuis 2000 sont Valeo, Lafarge (fusionné avec Holcim), Alcatel (racheté par Nokia), Dexia (absorbé par BNP Paribas), Lagardère, Thomson-Technicolor, AGF (acheté par Allianz), Equant (acquis par Orange), Crédit Lyonnais (repris par le Crédit agricole), Aventis (racheté par Sanofi), Casino, TF1 (intégré à Bouygues) et Suez. Celles qui sont entrées sont Veolia (scission de Vivendi), Vinci, Crédit agricole, Dassault Systèmes, Pernod Ricard, ArcelorMittal, Publicis, EssilorLuxottica, Engie, Unibail, Safran, Atos et Hermès.

Nous avons été en mesure de comparer les données financières et sociales pour 25 des 26 firmes concernées (n’ayant pas été en mesure de retrouver le Document de référence de Legrand pour l’année 2000). Parmi ces groupes, deux au moins ont changé en profondeur. Le premier est Kering, appelé à l’époque Pinault-Printemps-Redoute ou PPR. Il s’est entretemps délesté de sa partie « Printemps » et de sa partie « La Redoute » pour se recentrer sur le luxe à grand coup d’acquisitions extérieures. C’est donc l’un des seuls groupes qui a vu son chiffre d’affaires baisser entre 2000 et 2019 (mais pas ses profits, ni sa capitalisation boursière, ni ses dividendes), de même que son effectif qui a chuté de 61% sur la même période. Le deuxième est Vivendi, qui regroupait en 2000 deux groupes du CAC qui ont eux-mêmes changé de périmètre entretemps : le Vivendi actuel centré sur les médias, et Veolia. De sorte qu’il n’ya vraiment pas grand chose à voir entre le « Vivendi » de 2000 et le « Vivendi » de 2019. Nous les avons donc exclus tous deux du comparatif.

Des valorisations boursières fluctuantes

Au début de l’année 2000, la plus grosse capitalisation du CAC40 était France Télécom (Orange), devant Total, Carrefour, L’Oréal et Vivendi. Le groupe de grande distribution Casino, alors en sixième position, a depuis disparu de l’indice. Total a dépassé France Télécom dans le courant de l’année 2000 suite à l’éclatement de la première bulle internet. 2000, c’est aussi l’année du record historique du CAC40, le 4 septembre, à 6944,77 points.

Le 1er janvier 2020, c’est LVMH qui était la première capitalisation boursière du CAC40, devant L’Oréal et Total. Sanofi, devenu entretemps un poids lourd de l’in- dice, est juste derrière, suivi par Airbus, Kering et Hermès. Entre 2000 et 2020, le luxe a remplacé la grande distribution.

À noter que vers la fin des années 2000, les deux entreprises issues de la libéralisation du service public de l’énergie, EDF et Gaz de France (aujourd’hui Engie) ont été les principales valorisations boursières du CAC, EDF occupant même un bref instant la première place devant Total. Elle a depuis elle aussi disparu de l’indice, tandis qu’Engie a vu sa valorisation chuter.

 

À lire : « Le CAC, la France et le monde » (pdf, 8 p.), chapitre 6 de CAC40 : le véritable bilan annuel, édition 2020, publié par l’Observatoire des multinationales en partenariat avec Attac.

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Relire le premier chapitre : « Allô Bercy ? Aides publiques : les corona-profiteurs du CAC40 » (pdf, 16 pages), le second chapitre « Des patrons au service de qui ? » (pdf, 6 pages), le troisième chapitre « Un fardeau croissant pour la planète » (pdf, 6 pages), le quatrième chapitre « Le prix de l’influence » (pdf, 4 p.) et le cinquième chapitre « Les femmes et les hommes du CAC40 » (pdf, 4 p.).

Les chapitres suivants seront publiés progressivement dans les jours à venir.


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