Sécurité Globale : Ce n’est pas la France dont nous voulons !

AVANT-PROPOS : les articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » ne représentent pas les positions de notre tendance, mais sont publiés à titre d’information ou pour nourrir les débats d’actualités.

SOURCE : Politis

Une dizaine d’organisations étudiantes de Sciences Po dénoncent d’une seule voix la surenchère autoritaire du gouvernement. Ils réclament le retrait de l’intégralité de la proposition de loi « Sécurité Globale ».

Depuis plusieurs semaines de nombreuses mobilisations contre la proposition de loi « Sécurité Globale » s’organisent dans toute la France.

L’article 24 de cette proposition de loi prévoit de sanctionner de 45.000 € d’amende et d’un an d’emprisonnement toute diffusion d’images pouvant « porter atteinte à l’intégrité physique ou psychique » d’un.e membre des forces de l’ordre. Ce flou juridique doit être dénoncé. Cette loi sert un objectif précis, celui d’encadrer la liberté d’expression, la liberté de la presse et la transparence de notre République.

Le maintien de l’ordre est un sujet complexe et essentiel. Nos policier.es et gendarmes doivent être respecté.es, mais ils-elles ne sont pas au-dessus des lois.

N’ayons pas peur des mots : les violences policières sont une réalité. Les ignorer c’est ignorer les victimes et l’État de droit. Sans la diffusion publique d’images des forces de l’ordre il n’y aurait pas eu d’affaire Benalla en France ou d’affaire Georges Floyd aux États-Unis. Notre République ne doit pas fermer les yeux.

Le 21 Novembre 2020, Michel Zecler, producteur de musique dans le 17ème arrondissement, est roué de coups par un brigadier et deux gardiens de la paix. Une fois de plus, ce sont les caméras de vidéosurveillance qui ont permis de révéler ce crime et de poursuivre les agresseurs. Si l’article 24 de la proposition de loi « Sécurité Globale » était en vigueur ce 21 novembre dernier, ces violences seraient restées impunies. Et Michel Zecler pourrait aujourd’hui être poursuivi pour diffusion d’images portant atteinte à l’intégrité physique ou psychique d’un membre des forces de l’ordre.

Est-ce la France dont nous voulons ? Liberté, Égalité, Fraternité, ces mots ne doivent pas devenir les souvenirs d’une démocratie passée.

D’éventuelles modifications du texte de l’article 24 sont envisagées. Mais nous ne voulons pas d’une réécriture. Ce n’est pas la forme que nous dénonçons mais le fond. Nous demandons le retrait de l’article 24 et de l’intégralité de la proposition de loi « Sécurité Globale ».

L’article 22 de cette même loi vise à légaliser la surveillance par drone. Nos vies privées sont menacées, nos libertés sont encadrées. Le Conseil d’État a d’ailleurs demandé en mai dernier l’arrêt immédiat de la vidéosurveillance par drone, jusque-là utilisée dans le cadre de l’état d’urgence.

Dans la France du gouvernement Macron nous pourrions tout filmer sauf les violences policières ?

L’article 25 prévoit quant à lui d’autoriser les forces de l’ordre à porter leur arme en dehors de leur service, même dans des lieux publics. Quand ils ne sont pas en service, les forces de l’ordre sont des citoyen.nes comme les autres. La France ne peut pas et ne doit pas se résoudre à défendre le port d’armes.

Mais la proposition de loi « Sécurité Globale » n’est que le dernier né du tournant sécuritaire et autoritaire que connaît la France.

La loi de programmation pluriannuelle de la recherche constitue elle aussi un recul historique de notre démocratie. Un amendement d’un sénateur UDI condamne « le fait de pénétrer ou de se maintenir dans l’enceinte d’un établissement d’enseignement supérieur […] dans le but de troubler la tranquillité ou le bon ordre de l’établissement ». Demain, si nous organisons un « sit-in » ou tout autre mobilisation pacifique au sein de notre établissement, nous serons condamné.es à 3 ans d’emprisonnement et 45.000 euros d’amende.

Voulons-nous de cette société qui criminalise les mobilisations étudiantes ?

N’oublions pas le combat mené par des générations de français.es. Ils-elles se sont battu.es pour nos droits, nos libertés et celles-ci ne doivent pas être bafouées.

Face aux projets liberticides du gouvernement Macron, nous exerçons notre liberté de manifester, notre liberté de dénoncer. La France est un État de droit, un pays libre et démocratique. Elle doit le rester.

Associations, partis politiques, syndicats et citoyen.nes nous nous unissons depuis plusieurs semaines pour dénoncer d’une seule voix la surenchère autoritaire de notre gouvernement.

Les temps que nous vivons mettent notre société à rude épreuve, mais ils ne doivent pas justifier la perte de nos droits et libertés. Notre démocratie doit être résiliente. Notre démocratie doit vivre.

Étudiant.es de tous les horizons, nous vous interpellons aujourd’hui pour défendre ce qui fait la France, pour défendre ce qui doit nous rendre fier.es : nos libertés individuelles et collectives.

Ne restons pas muet.tes face au torpillage organisé que subit notre République. Ne restons pas divisé.es face à ce déni démocratique.

Étudiant.es, citoyen.nes, défendons nos droits, défendons la France que nous voulons, celle de la Liberté, de l’Égalité et de la Fraternité.

Signataires :

Europe Écologie Les Verts Sciences Po

Génération.s Sciences Po

Union des Étudiants Communistes de Sciences Po

Parti Socialiste Sciences Po

UNEF Sciences Po

Sciences Po Écologique et Solidaire

SOS Racisme Sciences Po

Terra Nova Sciences po

Sciences Po Zéro Fossile


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