À Coralie Delaume, Le Comptoir reconnaissant

AVANT-PROPOS : les articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » ne représentent pas les positions de notre tendance, mais sont publiés à titre d’information ou pour nourrir les débats d’actualités.

SOURCE : Le Comptoir

La blogueuse et essayiste n’est plus des nôtres. Nous avons souhaité rendre hommage à l’une de nos compagnons de route.

La nouvelle a désormais fait le tour des réseaux sociaux : Laura Blanc, plus connue sous le pseudonyme de Coralie Delaume, est décédée ce 15 décembre 2020, à l’âge de 44 ans. Un an auparavant, elle apprenait qu’elle avait un cancer qui, au fil des mois, s’est avéré inopérable. Jusqu’à ces derniers jours, Coralie se sera battue tout en gardant ce sourire que nous lui connaissions. L’essayiste et blogueuse avait par ailleurs soutenu Le Comptoir dès sa création en 2014. En 2016, elle soutient, notamment sur le plan financier, la parution de notre premier numéro papier intitulé : « Recherche socialisme désespérément ». C’est pour cette raison, entre autres, que nous tenions à honorer sa mémoire.

De l’armée aux essais

Diplômée de l’Institut d’études politiques de Grenoble, elle est d’abord officier dans l’armée. Au début des années 2010, elle décide d’ouvrir un blog qui changera sa vie. Soumise au devoir de réserve, Laura Blanc devient Coralie Delaume, taulière de L’Arène nue. Au début, elle écrit surtout pour assouvir sa grande curiosité intellectuelle. Son premier billet est une longue enquête sur Kémi Seba. Peu à peu, alors que la crise des dettes souveraines s’intensifie –  notamment de la Grèce, de l’Italie, de l’Espagne, de l’Irlande et du Portugal (surnommés de manière méprisante les “PIIGS”) – un sujet prend le pas sur les autres : l’Union européenne, dont elle deviendra l’une des meilleurs spécialistes. Elle est alors repérée par le regretté Philippe Cohen, qui dirige le site Marianne2. Comme d’autres, parmi lesquels son ami David Desgouilles, c’est ce site qui la propulse sur le devant de la scène.

Coralie Delaume lors de la soirée de lancement de notre 1er numéro papier, entourée de Thomas Porcher (à gauche) et de Frédéric Farah (à droite)

Souverainiste de gauche, elle ne se satisfait pas des trahisons de son camp, converti au néolibéralisme et à l’européisme. C’est dans cette optique qu’elle rejoint la Gauche populaire, qui dénonce l’abandon des classes populaires par le PS et rassemble des personnalités telles que Nicolas Lebourg, Christophe Guilluy ou encore Gaël Brustier, en 2012. La même année, elle rejoint Ragemag, éphémère site bénévole auquel a participé la majorité des initiateurs du Comptoir. C’est par ce biais que nombre d’entre nous l’avons rencontrée et que certaines amitiés se sont nouées. Au bout d’un an, elle s’en va écrire seule son histoire. En 2014, elle publie son premier essai : Europe, les États désunis. Trois ans plus tard paraît La fin de l’Union européenne, avec l’économiste David Cayla. Suivront, en 2018, Le couple franco-allemand n’existe pas, qu’elle rédige seule, puis en 2019, 10+1 Questions sur l’Union européenne, à nouveau avec David Cayla. Lorsque la mort est venue la chercher, Coralie travaillait sur un cinquième et dernier ouvrage, qu’elle ne finira donc jamais, mais dont nous espérons qu’il paraîtra quand même. Durant cette période de six ans, elle contribue à nombre de médias, dont Polony TV, devenu Marianne TV, ou encore Marianne, le premier magazine à lui avoir tendu la main et auquel elle est toujours restée attachée.

« À nous de nous montrer dignes de sa mémoire. »

« Coralie était une guerrière des idées », décrit avec élégance Gérald Andrieu, directeur adjoint de la rédaction de Marianne. C’est vrai. Elle était aussi d’une humilité sans égal, d’une grande gentillesse et possédait un grand sens de l’humour. Nous ne perdons pas seulement une intellectuelle, mais aussi une femme de grande qualité. À nous de nous montrer dignes de sa mémoire.


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