Jean Vigreux, Le Congrès de Tours. 25 décembre-30 décembre 1920

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SOURCE : Dissidences

Un compte rendu de Morgan Poggioli

Décidemment très prolifique cette année (Le parti rouge et le Journal de Maurice Thorez), Jean Vigreux livre un petit ouvrage sur le Congrès de Tours dans la collection « Essais » aux Éditions universitaires de Dijon (EUD). Préfacé par Gilles Richard, Président de la Société française d’histoire politique, c’est une sorte de Que sais-je qui est donné à lire, avec 130 pages de texte et plus d’une centaine en annexes.

Replaçant le Congrès de Tours dans le contexte d’une France meurtrie par la 1ère Guerre mondiale et des questionnements/déchirements qui traversent le socialisme hexagonal, Jean Vigreux montre les différentes étapes qui amènent la minorité socialiste à devenir majoritaire puis à s’engager vers la Troisième Internationale.

Se voulant une histoire du Congrès « par le bas », l’auteur analyse ensuite Tours via le vote des fédérations sur les motions en concurrence, redonne la parole aux délégués « anonymes » sans écarter les intervenants de premier ordre (Clara Zetkin, Blum, Cachin…). Il nous fait rentrer dans les lieux même du Congrès, de la salle du manège aux hôtels où résident les délégués, par affinités ou par régions, en passant par des salles annexes où se jouent nombre de conciliabules que l’on ne retrouve pas dans les comptes-rendus. La présentation des participants extérieurs et des journalistes français comme étrangers clôture ce panorama exhaustif des acteurs (hommes et des femmes) de ce théâtre où se joue l’histoire du mouvement ouvrier.

Ce sont les débuts de cette nouvelle histoire qui occupent le troisième chapitre. L’auteur replace alors l’évènement dans le contexte international du début des années 1920 et la naissance du communisme international en comparant la situation française à celles des autres pays européens (Italie, Allemagne, Angleterre, Autriche) et des colonies (Algérie, Indochine, Indes britanniques).

La dernière partie est consacrée aux mémoires de ce Congrès. Y sont exposées les rivalités mémorielles entre socialistes (discours de Léon Blum sur la « vieille maison ») et communistes (sur l’héritage de Jean Jaurès) tout au long du XXe siècle et des dates anniversaires où l’histoire est chaque fois convoquée pour justifier les positions politiques du présent. Mais cette mémoire passe aussi par la culture avec les spectacles, les livres, les films, les expositions dont l’une des toutes dernières, celle du Musée de l’Histoire vivante à Montreuil « aux alentours du congrès de Tours » tendrait à esquisser un apaisement puisque les Fondations Gabriel Péri et Jean Jaurès s’y sont jointes. Nota bene : le magnifique catalogue issu de cette exposition complète parfaitement, en termes iconographiques, l’ouvrage ici chroniqué. L’essai se termine par une partie « Annexes » conséquente où l’on retrouve entre autres le texte complet de la motion Cachin-Frossard, les 21 conditions de l’IC, la liste des délégués et leurs votes, quelques interventions (Blum, Zetkin, Rappoport)…

L’ensemble constitue un petit essai remarquable doublé d’un exercice de style périlleux, celui d’une synthèse grand public écrite dans un style alerte et passionnant. Une vraie réussite !


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