AVANT-PROPOS : les articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » ne représentent pas les positions de notre tendance, mais sont publiés à titre d’information ou pour nourrir les débats d’actualités.
SOURCE : Huffington Post
Au total, près de 80 rassemblements sont prévus ce samedi 16 janvier en France pour la première grande mobilisation sociale de l’année.
Colère globale. Nombreux seront les Français à descendre dans la rue ce samedi 16 janvier pour la première grande journée de mobilisation sociale de l’année 2021. Déjà la sixième du genre depuis la fin du mois de novembre pour dénoncer les dérives sécuritaires du gouvernement, illustrées, à leurs yeux, par la loi dite “sécurité globale.”
Au total, près de 80 rassemblements sont prévus samedi en France “pour le droit à l’information, contre les violences policières, pour la liberté de manifester, pour le respect de notre vie privée”, selon les mots du collectif d’organisations et syndicats, notamment de journalistes, portant l’appel à manifester.
“Nous marcherons le 16 janvier, et tant qu’il le faudra”, lançait-il dans un communiqué publié deux jours avant les rassemblements. Pourtant, le gouvernement a bien promis de réécrire l’article le plus décrié de la loi en question, le 24, qui visait à pénaliser la diffusion malveillante d’images de policiers. Qu’importe, leurs revendications, aussi larges que nombreuses, vont bien au-delà de ce texte… et laissent planer le spectre -jaune- d’une mobilisation sociale durable.
Article 21, 22, loi séparatisme…
Malgré “une mobilisation sans précédent pour la défense des libertés, le gouvernement a opposé une fin de non-recevoir”, regrette, dans son appel à manifester, la coordination anti-sécurité globale, composée des associations comme La Ligue des droits de l’Homme, Amnesty, ainsi que de nombreux syndicats et associations de journalistes et réalisateurs notamment.
La proposition de loi, déjà votée en première lecture à l’Assemblée nationale, doit être examinée en mars au Sénat. Et si la majorité au palais Bourbon a promis de réécrire totalement l’article 24 -après nombreux atermoiements- c’est le Sénat qui a la main pour le moment. D’où l’importance, pour les manifestants, de maintenir la pression sur un pouvoir politique qu’ils accusent de multiplier les atteintes aux libertés.
Outre le retrait pur et dur des dispositions visant à pénaliser la diffusion d’images des policiers, le collectif cible les articles 21 et 22 sur l’usage des caméras-piétons et des drones par les forces de l’ordre. “Les enjeux sont (…) majeurs. Ils touchent au respect même de l’État de droit” et du contrôle des autorités “par les citoyens, le Parlement, la justice et la presse”, soulignent les associations, qui craignent, par ailleurs, de voir l’article 24 revenir sur le tapis au moment de la loi dite “séparatismes.”
La mouvance des “free parties” se joint au cortège
Et elles ne sont pas les seules à pointer ces dérives. La proposition de loi a été vivement critiquée en France par la Défenseure des droits et la Commission nationale consultative des droits de l’Homme, et à l’étranger par des rapporteurs spéciaux des Nations unies et la commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe.
Encore très récemment, le gendarme des données personnelles a semblé donner raison à l’inquiétude des associations. La Cnil a effectivement enjoint, jeudi, les forces de police de cesser “sans délai” tout vol de drone équipé de caméras jusqu’à ce qu’un cadre normatif soit mis en place, expliquant que pour l’instant, ce type d’opération se faisait “en dehors de tout cadre légal.”
De quoi motiver, encore un peu plus, les manifestants, mobilisés par intermittence depuis le mois de novembre? À Paris, le cortège partira à 14 heures de la place Daumesnil pour rejoindre celle de la Bastille. Des rassemblements auront aussi lieu à Rennes, Nantes, Caen, Rouen et Le Havre, ainsi qu’à Lyon, Clermont-Ferrand ou Dijon, notamment.
Dans la capitale, les manifestants traditionnels seront rejoints par les “teufeurs” de la mouvance des “free parties”, rarement unie, mais qui fait -pour l’occasion- front commun “pour le droit à la culture” et contre la “répression disproportionnée” après la rave party de Lieuron qui a réuni 2.400 personnes au Nouvel an.
Une mobilisation partie pour durer?
À tel point que certains se prennent à croire au début d’un printemps social, et ce malgré les nouvelles restrictions de déplacements liées à la circulation du coronavirus sur le territoire. Un tel contexte pourrait au contraire donner à cette journée de mobilisation un rôle de catalyseur des colères et pourquoi pas d’agrégateur des luttes.
“C’est la reprise du combat”, avance par exemple Gérald Le Corre, un des responsables de la CGT en Seine-Maritime à l’AFP. Et le syndicaliste de sentir venir un “vent de colère” avec l’extension du couvre-feu à 18 heures et parce que “les seules libertés” accordées le sont ”à l’économie”. “Le gouvernement (prend) des mesures liberticides dans un contexte social et économique qui se dégrade”, ajoute Stéphane Obé, secrétaire départemental de la CGT Gironde, pour expliquer les frustrations qui parcourent la société.
Et pour la suite? Un “grand rassemblement” est déjà prévu samedi 30 janvier à Paris, deux mois après la plus importante des marches pour la liberté. Il s’agira de l’acte 7.