Crise sanitaire: construire une alternative à l’autoritarisme et à la paralysie

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SOURCE : NPA

Partout en Europe, la situation sur le front de l’épidémie devient critique. Après le Royaume-Uni c’est au Portugal, pays jusqu’alors relativement épargné, que l’on peut voir des images d’ambulances stationnant devant les hôpitaux dans l’attente de place pour les patientEs atteints de formes graves du Covid-19. Le gouvernement du pays a dû lancer un appel au secours pour tenter de faire face. Alors que les nouveaux variants du virus se répandent sur le continent, et que la campagne de vaccination balbutie, une course de vitesse est engagée pour éviter une évolution dramatique, hors de contrôle.

Pendant ce temps, en France, pour Emmanuel Macron, il est urgent d’attendre malgré les chiffres inquiétants et les mises en garde des professionnelEs de santé, qui voient le nombre de contaminations augmenter, les services hospitaliers se remplir et le nombre de patientEs en réanimation poursuivre une courbe ascendante.

Le nombre de nouveaux patientEs positifs diagnostiqués quotidiennement reste autour de 20 000 quand l’objectif fixé était de 5 000 au lendemain du 2e confinement. Le nombre de personnes en réanimation reste toujours supérieur aux 3 000 espérées. Dans les hôpitaux, la déprogrammation d’autres activités pour faire place aux patientEs Covid s’accélère.

VaccinéEs en 2026 ?

On assiste, cinq mois plus tard, à la répétition du scénario de la fin de l’été 2020. L’exécutif, qui n’avait pas tenu compte des multiples alertes venues du terrain, avait été contraint en catastrophe à un second confinement. La situation aujourd’hui est plus sérieuse à plusieurs titres.
Les nouveaux variants (« anglais », « sud-africain »), beaucoup plus contagieux et potentiellement plus dangereux, risquent de devenir à court terme prédominants. Le système hospitalier est encore plus fragilisé et les personnels plus épuisés. La désespérance et l’exaspération saisissent des pans entiers de la société, du fait de la prolongation de la crise, des catastrophes sociales et psychologiques qu’elle engendre, et de l’inefficacité des politiques menées malgré des contraintes autoritaires de plus en plus mal supportées. L’espoir de retour à une vie « normale » porté par la vaccination est douché par l’incapacité des institutions, tant au niveau européen que français de répondre aux exigences de la situation. Macron a beau promettre que toute la population adulte pourra être vaccinée d’ici fin août, les projections faites par l’outil indépendant « Covid Tracker » en prolongeant le rythme actuel situent l’échéance à novembre… 2026.

Les contradictions de l’exécutif

La paralysie qui frappe l’exécutif en ce moment décisif est le résultat d’une contradiction dans laquelle il s’est lui-même enfermé. Faute d’apporter les réponses sanitaires et sociales nécessaires, il n’a d’autre solution à sa disposition que les mesures administratives autoritaires et punitives. Mais plus le temps passe, moins celles-ci sont praticables car rejetées par une partie grandissante de la population. Aussi l’exécutif retarde-t-il le plus possible l’annonce des contraintes, jouant délibérément avec la santé et la vie d’une partie de la population. Incapable d’anticiper par une politique préventive efficace, le pouvoir fait le choix cynique, qui se paiera en morts supplémentaires, d’attendre que la situation commence à être hors de contrôle pour faire accepter par la peur un nouveau confinement.

Il faut une nouvelle fois rappeler que, face à l’épidémie nous ne sommes pas condamnés à l’alternative biaisée : soit par déni du danger ou par fatalisme d’attendre que l’immunité collective soit atteinte au prix de milliers de vies brisées et de morts évitables, soit de se plier à un confinement ou à des contraintes autoritaires, qui ne constituent que des pis-allers aux effets sociaux, sanitaires et psychiques catastrophiques dans la durée et sont pour cette raison de plus en plus mal supportées.

Imposer une autre voie

Une troisième voie est possible, et c’est elle qu’il faut aujourd’hui imposer par la mobilisation unitaire des mouvements sociaux, organisations syndicales, partis, collectifs de citoyenEs autour : de revendications pour une politique de prévention certes faite de contraintes, mais intelligentes car construites avec la population et pour cette raison acceptées ; d’exigences pour le système de santé et l’hôpital public ; de garanties des revenus et des salaires, et de partage du travail entre toutes et tous ; d’accès de toutes et tous, par la réquisition des laboratoires pharmaceutiques et la suppression des brevets, à une vaccination universelle, rapide et transparente, sous contrôle citoyen.

La dynamique lancée autour de l’appel « Brevets sur les vaccins anti-covid, stop. Réquisition ! », et les initiatives qui seront prises autour de cet appel doivent ­contribuer à initier un tel mouvement.


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