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SOURCE : Salte
Le terrorisme intérieur venant de l’extrême droite est la menace la plus persistante et la plus mortelle dans le pays.
Donald Trump a beau soutenir que l’une des principales menaces planant sur les États-Unis est celle de la violence des radicales et radicaux de gauche, ses affirmations se heurtent, une fois de plus, à la réalité. Selon les analystes du Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS), en 2020, 67% des attaques terroristes, planifiées ou perpétrées, sont le fait de suprémacistes blancs. Au moins la moitié visait des manifestant·es.
Au total, l’étude compte jusqu’à présent, pour l’année 2020, quarante et une attaques et complots terroristes organisés par des personnes rattachées à l’extrême droite, contre douze qui impliquaient des acteurs associés à l’extrême gauche.
Parmi ces dernières, une seule a été mortelle: c’est celle de Michael Forest Reinoehl, un militant antifasciste ayant ouvert le feu en août dernier, à Portland, sur Aaron Danielson, un membre du groupe d’extrême-droite Patriot Prayer. D’après les analystes du CSIS qui ont mené l’étude, il s’agirait du premier meurtre aux États-Unis lié à un antifasciste depuis ces 25 dernières années.
Baisse du nombre de victimes
Le rapport fait état de cinq personnes ayant trouvé la mort au cours d’attaques liées au terrorisme intérieur depuis janvier: deux agents des forces de l’ordre, abattus en Californie par un partisan du mouvement d’extrême droite radicale Boogaloo, le fils d’une juge du New Jersey, assassiné par un antiféministe revendiqué, un militant de Black Lives Matter, tué à Austin lors d’une manifestation, et Aaron Danielson.
Le nombre de victimes est bien inférieur à celui des années précédentes, qui présentaient des bilans de 22 à 66 mort·es: cela s’explique en partie par l’absence de fusillade de masse à motivation politique en 2020.
Pourtant, le président Donald Trump et les représentant·es du ministère de la Justice continuent d’agiter le spectre d’une menace intérieure qui viendrait des terroristes d’extrême gauche et des militant·es antifascistes. Ces accusations ont été prononcées dans le contexte des grandes manifestations contre les violences policières et le racisme qui ont animé les États-Unis après le meurtre de George Floyd.
Un comptage discutable, mais un constat partagé
La méthode de comptage du CSIS se base sur l’identification du terrorisme comme «l’usage –ou la menace– délibéré de la violence, exercée par des acteurs non étatiques, afin d’atteindre des objectifs politiques et de créer un large impact psychologique». Cette définition a conduit les analystes à écarter de leur rapport de nombreux incidents dont la motivation politique ne leur semblait pas assez claire.
Alors que d’autre études relèvent ainsi plus d’une centaine d’attaques perpétrées par des personnes d’extrême-droite conduisant des véhicules lors de manifestations, la base du CSIS n’en a vérifié que onze. La fusillade de Kenosha, survenue fin août et qui a causé la mort de deux manifestants de BLM, n’a pas non plus été comptabilisée.
Selon Seth Jones, qui a dirigé l’étude, si la classification de certains cas particuliers peut susciter le débat, les expert·es travaillant sur le sujet s’accordent toutefois sur la tendance générale qui se dégage de ces attaques: ce sont avant tout les tenants de la suprématie blanche qui représentent aujourd’hui la plus grande menace de terrorisme intérieur aux États-Unis.