L’émergence d’une avant-garde large nous pose une tâche politique centrale
Après six années de calme relatif depuis 2010 et l’échec du mouvement massif contre la réforme des retraites de Sarkozy, un nouveau cycle de luttes s’est ouvert. Le mouvement contre la loi travail en 2016 a vu une avant-garde large émerger et se radicaliser, dans le milieu étudiant mais aussi à l’occasion de grèves déterminées dans certains secteurs privés. L’apparition et la pérennisation du cortège de tête a ouvert un large espace de politisation, qui s’est organisé autour d’une stratégie d’affrontement direct avec l’Etat et sa police. Entre 2017 et 2018, de nombreuses batailles se sont engagées, dont celle du rail et celle de l’opposition à la loi ORE, avec un long cycle d’occupation de facs. Fin 2018, le soulèvement des Gilets Jaunes est venu percuter l’ensemble de la société, mettant en mouvement certaines franges spécifiques du prolétariat habituellement peu mobilisées (comme la France péri-urbaine, des travailleurs.ses du transport, de la logistique, de PME, du secteur reproductif, les plus précaires, certain.e.s chômeurs/euses ou retraité.e.s). Ce mouvement a fait trembler le gouvernement dans la mesure où il en a remis directement en cause la légitimité par sa colère et sa spontanéité, mais aussi grâce à un soutien populaire très fort. Par sa puissance et sa détermination, il a modifié l’atmosphère politique, remis les questions de classe sur le devant de la scène et a redonné à une partie des travailleur/ses de la force pour aller jusqu’au bout et en finir avec les journées de grève éparpillées, après l’échec de la grève perlée des cheminot.e.s. Aujourd’hui, le mouvement contre la réforme destinée à introduire les retraites par points est une forme de synthèse entre les mouvements traditionnels encadrés par les syndicats et la volonté de contrôle par la base qui s’est radicalisée et qui ne se contente pas de suivre aveuglément les directions syndicales.
Pour prendre de la hauteur, il faut évidemment constater que cette nouvelle période est aussi marquée au niveau mondial par l’émergence d’une nouvelle vague du féminisme et par une multiplication de révoltes et d’émeutes contre les gouvernements de nombreux pays, jusqu’à en faire chuter certains. Dans la mesure où le taux de profit dégagé par les capitalistes descend tendanciellement, les gouvernements bourgeois sont contraints de multiplier les manœuvres pour sauver leur compétitivité en augmentant le taux d’exploitation et en privatisant les parties rentables des activités des services publics. L’intensification brutale de l’exploitation pousse de nombreux peuples à se soulever violemment contre leurs dirigeants, faisant écho au contexte politico-économique de 1968. Ce nouveau cycle doit se traduire en termes organisationnels afin que la radicalité du prolétariat dans toutes ses composantes puisse s’incarner politiquement et se donner les moyens d’élaborer et de défendre largement une orientation gagnante pour notre classe.
La maturité subjective de notre classe exige aujourd’hui une nouvelle forme d’organisation, particulièrement dans les sociétés capitalistes les plus avancées. Dès lors, nous devons être force de propositions pour rendre possible l’émergence d’une organisation révolutionnaire, organisation qui doit se forger dans les luttes afin de mieux les servir tout en sachant proposer une stratégie et des tactiques utiles et adaptées à la période. Les organisations doivent se transformer au contact des luttes, en intégrant les expériences et les avancées qui en sont issues, mais aussi en étant capables d’en tirer des bilans, d’en pointer les éventuelles erreurs, afin de se projeter dans la suite avec plus de lucidité, plus de possibilités de victoire. Il ne s’agit pas de prétendre détenir la vérité, mais de proposer une orientation pour développer les potentialités des luttes à venir. Nous devons garder le meilleur du mouvement ouvrier mais sans avoir peur de se renouveler, notamment par l’intégration de nouveaux.elles militant.e.s et au contact de nouvelles formes de lutte. Cela est d’autant plus nécessaire que le mouvement ouvrier, toutes organisations confondues, traverse une crise depuis plusieurs dizaines d’années.
Tirer un bilan et impulser une nouvelle dynamique
La création du NPA en 2009 était une tentative de remédier à ce manque de représentation politique mais elle s’est soldée par un échec, ainsi qu’en témoignent la chute du nombre de militant.es, la chute des scores aux élections présidentielles et l’état actuel de notre organisation. L’une des raisons de cet échec est l’erreur d’orientation politique centrée sur la volonté de faire naitre un parti large : un tel projet ne permettait pas de trancher un certain nombre de questions stratégiques vitales pour le bon fonctionnement d’un parti révolutionnaire[1]. Le problème en soi n’est pas tant d’avoir fait une erreur d’orientation que ne pas être capable d’en tirer aujourd’hui les bilans.
Le NPA d’aujourd’hui n’est plus celui de sa fondation ; sa composition a changé, notamment après le départ de la GA. Suite au dernier congrès, les courants de l’ex-plateforme A représentent désormais 50% du parti tandis que la plateforme U en assume toujours la direction, ce qui contribue à exacerber la crise interne de l’organisation. Pourtant, dans ce nouveau contexte interne, un certain nombre de questions politiques pourraient se résoudre par des discussions mais aussi par une volonté de se dépasser collectivement pour répondre aux enjeux ouverts par cette nouvelle période.
Depuis sa création, le processus que nous avons engagé (et qui a débouché sur la création de l’ARC) a pour objectif de faire advenir une refondation communiste et révolutionnaire du NPA[2]. Au dernier CPN, d’autres courants (CCR, DR, AR) ont dit, chacun avec leurs mots, vouloir à leur tour une transformation significative du parti et de son fonctionnement[3]. Nous avons ainsi voté avec les camarades du CCR une motion (minoritaire) pour en discuter au prochain CPN. Pour démarrer une telle discussion, nous devons en finir avec le sectarisme interne qui nous touche parfois, en finir avec l’auto-construction boutiquière aux dépens de nos cadres collectifs et dépasser la logique du « bloc contre bloc » dans laquelle bon nombre de militant·e·s ne se reconnaissent pas. Pour cela, nous devons nous aider des mouvements récents et aller non seulement vers une clarification et une réorientation politique, mais aussi vers une remise à plat du fonctionnement des outils collectifs de notre parti : l’un ne peut aller sans l’autre.
Ainsi, à la faveur d’un contexte national et international où de nouvelles (formes de) luttes apparaissent (sur les questions économiques, démocratiques, féministes et écologistes) et suite à l’évolution des rapports de force internes au NPA, nous pensons que le moment est venu d’enclencher une refondation collective et ouverte du NPA, pour aller vers une grande organisation anticapitaliste et révolutionnaire. Cette question d’une alternative politique doit être débattue en interne et en externe du NPA dès aujourd’hui, en tissant des liens avec le mouvement historique des Gilets jaunes et celui contre la réforme des retraites. Le prochain congrès du NPA doit être l’occasion d’une telle refondation.
Refonder le NPA pour engager un processus de formation d’une nouvelle organisation révolutionnaire regroupant l’avant-garde large qui émerge des luttes
Cette recomposition aurait donc pour objectif de rassembler bien au-delà des rangs du NPA, Gilets jaunes, grévistes de la SNCF et de la RATP, syndiqué.e.s combatifs/ves, militant.e.s antiracistes des quartiers populaires, militant.e.s féministes de la nouvelle vague, militant·e·s écologistes rejetant le capitalisme, autour d’une orientation claire, débattue et portée collectivement, qui ne laisse aucune prise au réformisme ou à des flous stratégiques Des discussions pourraient aussi être engagées avec les camarades de LO, même si nous ne nous faisons pas d’illusion au vu des refus multiples que nous avons essuyés par le passé et des désaccords profonds qui séparent nos organisations, ainsi qu’avec les camarades de l’UCL. Si les discussions avec des militant·e·s par ailleurs organisé·e·s ne peuvent probablement pas aboutir à un parti commun à ce stade, elles poseraient des jalons pour militer de façon plus resserrée dans les luttes futures. Il s’agirait donc de refonder le NPA sur des bases politiques et organisationnelles plus claires, tout en s’adressant largement à tou·te·s celles et ceux qui veulent bien mener ce débat.
Pour une organisation démocratique, ayant son centre de gravité dans l’intervention directe au sein de la lutte des classes et défendant un projet de société communiste
Nous devons réfléchir pour déterminer sur quelles bases concrètes une telle refondation pourrait se faire, en nous servant des points d’appui que nous offre la situation, mais aussi en essayant d’en dépasser les limites. L’anticapitalisme fédère largement au-delà des cercles du NPA, comme en témoignent les slogans chantés en manif, les discussions en AG, etc. La question de la révolution est elle-même devenue globalement plus audible dans la période, notamment grâce au mouvement des Gilets jaunes qui par exemple n’a de cesse de faire référence à la Révolution française, mais aussi, évidemment, au vu contexte international et des situations explosives dans de nombreux pays.
En revanche, trois questions essentielles posent problème :
-Un projet de société alternatif concret et la question du programme restent globalement absents du débat public. Nous devons ainsi chercher à populariser et développer cette dimension pour rendre crédible et palpable une société fondée sur l’émancipation collective.
-La notion et le mot de « parti » sont rejetés massivement, ils rendent sceptiques et n’inspirent plus confiance à la plupart des personnes des catégories populaires. Ce mot est d’un côté assimilé aux politiciens bourgeois traditionnels et corrompus, de l’autre aux partis communistes bureaucratisés et antidémocratiques. Les partis sont très souvent perçus (à tort) comme fonctionnant nécessairement de manière antidémocratique, du haut vers le bas, en déconnexion de la base, alors même qu’ils peuvent permettre, par leur structuration, les conditions du débat horizontal. Paradoxalement, c’est aussi les lourdeurs des débats démocratiques internes qui rebutent, au profit d’une certaine forme de spontanéité qui ne permet en définitive que de faire émerger dans les luttes quelques « têtes » ou « leaders.euses », ni mandaté·e·s, ni contrôlé·e·s. Nous ne faisons pas un fétiche du mot « parti », mais nous devons montrer l’utilité pour les luttes et la révolution d’une organisation révolutionnaire construite par et pour la base. Une telle organisation doit être fondamentalement démocratique, permettant aux militant.e.s de contrôler réellement la direction et garantissant le droit des minorités (droit d’expression, droit de tendance et de fraction), tout en mettant ces militant.e.s en capacité de taper ensemble au même endroit au même moment. Mais la démocratie ne doit pas signifier un « parlementarisme » usant et stérile : un parti révolutionnaire, s’il réfléchit et débat, est une organisation de combat, faite pour l’intervention révolutionnaire dans la lutte des classes. C’est aussi à cette condition qu’un tel parti pourra gagner à lui les prolétaires déterminé.e.s à combattre et les militant.e.s les plus à l’avant-garde des luttes. Au vu des tâches qu’il se fixe, il ne peut s’agir que d’un parti de militant.e.s et non de simples adhérent.e.s, organisé de façon à être le mieux disposé pour intervenir efficacement dans la lutte de classes.
-Ces deux questions se synthétisent autour de la question stratégique. Même si les aspirations révolutionnaires réapparaissent dans la société aujourd’hui, le problème à régler est bien celui de la voie à suivre pour la victoire de la révolution, car l’héritage stratégique du mouvement ouvrier s’est en grande partie dilué. En cela, nous devons replacer les enjeux stratégiques au centre de notre projet politique.
Quelques grands axes
En ce qui nous concerne, nous pensons qu’une refondation devrait déboucher sur une organisation indépendante non seulement vis-à-vis de l’État, mais aussi des réformistes et des directions syndicales. Une organisation qui se réclame explicitement de la révolution et du communisme. Nous devons former les militant.e.s au marxisme tout en cherchant à l’actualiser sur certains aspects (comme l’écologie, l’anti-racisme et le féminisme). Nous devons nous construire et nous implanter en priorité dans les lieux de travail. Notre objectif est un gouvernement des travailleurs/ses, et non un gouvernement dans les institutions actuelles. Nous sommes ainsi pour développer dès que possible les luttes dans tous les secteurs, et pour chercher à les rassembler autour de mots d’ordre fédérateurs, notamment en construisant des fronts uniques (dans les luttes, pas sur les questions de programme ou de gouvernement) ;nous sommes pour nous efforcer depopulariser le mot d’ordre de grève générale lorsque la situation le permet, et de défendre et construire l’auto-organisation des luttes. Pour préparer cela, nous sommes pour intervenir à toutes les échelles dans les syndicats, sans se subordonner à la bureaucratie, en particulier en construisant des sections locales fortes et indépendantes, capables de dénoncer et de lutter contre les directions syndicales lorsqu’elles brisent des mobilisations en cédant face au gouvernement. Nous sommes pour prendre pleinement en compte les oppressions spécifiques dans notre combat, en les liant aux questions de classe et réciproquement. Les questions écologiques doivent être centrales dans notre programme et liées à la question de la planification démocratique de l’économie. Nous devons lutter de façon intransigeante contre l’impérialisme et le néo-colonialisme – et, dès lors, contre toutes les formes de racisme –, soutenir les peuples contre toute sorte d’oppression, tout en insistant sur la centralité de la classe ouvrière.
Quelques considérations stratégiques
Pour montrer son utilité, populariser un projet et rendre crédible une société alternative, une organisation révolutionnaire doit aborder de front la question de la stratégie. On peut scinder cette question en deux : comment abattre le pouvoir en place ; et par quoi et comment le remplacer. Nous proposons ci-dessous quelques axes qui nous semblent essentiels, sans prétendre à l’exhaustivité.
Cela pose d’abord la question de la classe sociale capable d’abattre le capitalisme. S’il est évident que la transformation post-fordiste du capitalisme et l’assaut néolibéral ont profondément restructuré la classe ouvrière, le sujet révolutionnaire reste incontestablement, pour nous, les travailleur·se·s dans toutes leurs composantes, tant dans l’industrie que dans les services, tant dans le travail productif que le travail reproductif. Cela implique un effort permanent d’implantation dans cette classe et en particulier dans les secteurs les plus stratégiques, c’est-à-dire sur ceux ayant la plus grosse capacité de blocage de l’économie.
Cela pose ensuite la question de la crise profonde que traverse le mouvement ouvrier depuis plusieurs dizaines d’années et du recul de la conscience de classe. Une telle situation implique des tâches de reconstruction considérables. Mais cette crise du mouvement ouvrier et de la conscience de classe ne doit pas nous conduire à fuir nos responsabilités politiques et à occulter nos propres insuffisances stratégiques : loin d’annuler la nécessité de proposer une direction révolutionnaire à la hauteur de la situation, la situation rend au contraire d’autant plus urgente l’élaboration par le parti d’une stratégie conséquente.
On en vient donc logiquement à la question de la stratégie à développer dans les luttes. Si nous pensons qu’il est essentiel de participer à la construction et au renforcement des organisations syndicales à la base, et à la démocratie en leur sein, nous estimons qu’il est indispensable de porter une stratégie de lutte révolutionnaire, qui se trouve donc en rupture avec celle des directions réformistes. Pour nous, il ne s’agit pas de faire pression sur le gouvernement et le patronat pour leur imposer de lâcher quelques miettes. D’ailleurs, la période rend cette stratégie de plus en plus illusoire, car la bourgeoisie lâche de moins en moins de consessions sous la pression de journées d’action ou de luttes simplement sectorielles, même quand il s’agit de longues grèves reconductibles. La bourgeoisie n’est prête à lâcher que si elle craint de tout perdre. Dès lors, il s’agit de combattre pour une véritable grève générale, donc insurrectionnelle, qui allie grève du travail productif et grève du travail reproductif, afin de vaincre ici Macron et son monde, et plus généralement le capitalisme. C’est pourquoi nous devons combattre la participation des organisations du mouvement ouvrier aux concertations organisées par un pouvoir qui veut détruire toutes les conquêtes sociales, et nous devons lutter contre la tactique des journées d’action saute-moutons, des grèves dispersées secteur par secteur, des grèves « perlées », etc. Nous devons lutter centralement pour l’auto-organisation véritable de la grève, laquelle permet la participation de tou.te.s les salarié.e.s – à commencer par les plus opprimé.e.s, les femmes, les personnes racisé.e.s, les plus précaires – et leur donne le contrôle effectif de leur grève. Cela suppose de défendre la mise en place de véritables comités de grève, qui ne se bornent pas à l’organisation – indispensable – des actions (piquet de grève, manifestations, actions coup de poing, fêtes pour populariser et financer les grèves, etc.), mais qui impulse la discussion sur la manière de conduire la grève pour gagner. Cela ne peut se faire sans lutter pour la coordination de ces comités de grève locaux en un comité central de grève, par profession et/ou à l’échelle interprofessionnelle selon les possibilités ouvertes par la situation. Cela pose également la question de l’auto-défense des prolétaires et de la jeunesse face aux violences policières.
Nous défendons encore et toujours la perspective d’une grève générale insurrectionnelle, mais il faut comprendre qu’elle possède plusieurs dimensions complémentaires. La grève reste une arme essentielle dans le rapport de forces et la réappropriation de l’outil productif, mais il ne faut pas oublier qu’elle peut s’articuler à de nouvelles et anciennes formes de lutte comme les actions de blocages, les occupations, les manifestations qui virent en émeutes. Ces formes de luttes sont perçues par un grand nombre de personnes mobilisées comme des tentatives de rénovation pour essayer de trouver des tactiques gagnantes suite aux échecs des précédents mouvements (mal) dirigés par les directions syndicales. De plus, les mouvements de grève ne développent pas uniquement des revendications économiques, mais ils s’articulent de plus en plus à des revendications écologistes, féministes et antiracistes. Cela permet à d’autres catégories que celles des fonctionnaires ou de certains bastions ouvriers d’investir de manière salutaire les mouvements (jeunes, femmes, précaires, chômeurs.ses, retraité.e.s, …). Cependant, si nous devons savoir intégrer à notre stratégie ce que les travailleur·se·s elleux-mêmes inventent et qui fait ses preuves, nous devons toujours avoir la préoccupation de faire en sorte que l’avant-garde ne se coupe pas de la majorité des travailleur·se·s et s’efforce au contraire de l’entraîner jusqu’au niveau d’affrontement nécessaire pour gagner.
Ensuite, que faire si l’énergie populaire parvenait à renverser un gouvernement ? Comment le remplacer par un gouvernement des travailleurs/euses ? La réponse à cette question manque, notamment dans de nombreux pays où le peuple a fait tomber le régime. Une telle lacune participe de fait à l’émergence de l’extrême droite au niveau mondial, ou de la “droite extrême” dont Trump, Johnson et consorts sont les incarnations. Le soulèvement des Gilets jaunes a posé à juste titre la question de la démocratie – et donc la question politique. Cette question, essentielle et radicale, s’en est cependant tenue pour l’essentiel à la revendication du RIC, revendication qui serait bien loin de suffire à gouverner dans une société et à contrer les gouvernements bourgeois autour de nous. Il faudrait que les prochains mouvements, qui ne manqueront pas d’émerger, prennent conscience de la nécessité de l’auto-organisation : c’est-à-dire la base des travailleurs/euses qui se coordonne et mandate les siens pour mener la lutte, mais aussi pour mettre en place un contre-pouvoir effectif, lequel se dote d’un véritable programme pour une société alternative, ce que nous appelons un gouvernement des travailleurs/euses. Le rôle d’une organisation révolutionnaire est de pousser de toutes ses forces dans ce sens.
Toutefois, la popularisation des idées révolutionnaires, la bataille pour l’hégémonie politique, est un travail de longue haleine et il va sans dire que nous ne convaincrons pas beaucoup de travailleurs/euses si nous nous contentons d’invoquer de manière incantatoire la Révolution à chaque mouvement. Notre organisation doit faire preuve de son dynamisme, de sa vitalité, quotidiennement, par son intervention dans la lutte des classes, par sa capacité à soutenir les luttes, par son travail d’élaboration théorique, par sa production littéraire et artistique, par ses apparitions médiatiques et par les médias qu’elle développe elle-même, par son implantation locale dans les syndicats et par sa capacité à organiser des événements mêlant discussions politiques et convivialité. Une réflexion sur les relations internes au parti et les dynamiques entre militant.e.s devrait aussi être menée.
Sur ces bases et en lien avec les luttes récentes des Gilets jaunes et de la grève contre la réforme des retraites, nous devons refonder le NPA pour aller vers une grande organisation anticapitaliste et révolutionnaire, par et pour la base.
Telles sont nos premières propositions, mais c’est par la discussion collective que nous devrons définir les contours d’une telle organisation. Alors, que le débat s’ouvre !
[1] https://alt-rev-com.fr/2018/06/22/684/
[2] https://alt-rev-com.fr/2019/07/23/declaration-de-fin-de-congres-fondation-dune-nouvelle-tendance-du-npa/
[3] Citations du BI du dernier CPN : AetR : « la nécessité d’un parti révolutionnaire qui regroupe des militantes et des militants issu.e.s d’expériences et de traditions diverses » DR : « engager un processus de refondation du NPA » CCR : favorable à « l’ouverture d’un débat pour la construction d’un grand parti révolutionnaire »