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SOURCE : Libération
Une centaine de militants écologistes ont organisé une action coup-de-poing au siège français du gestionnaire d’actifs américain, recouvrant les murs de ses locaux de messages mettant en cause sa responsabilité environnementale.
BlackRock continue d’être la cible de groupes d’activistes. Cette fois-ci au nom de la lutte contre le réchauffement climatique et non des retraites.Une centaine de militants écologistes ont occupé lundi matin le siège de l’antenne parisienne du premier gestionnaire d’actifs au monde, avec plus de 7 000 milliards de dollars (6 410 milliards d’euros) investis via des participations dans des entreprises et des fonds spécifiques. Les manifestants, qui répondaient à l’appel de l’organisation Youth for Climate Paris, entendaient dénoncer l’inaction des PDG et des Etats face à «l’urgence climatique». Pénétrant de force dans le bâtiment Le Centorial qui abrite notamment ses bureaux dans le centre de Paris, ils en sont ressortis en début d’après-midi alors que les forces de l’ordre étaient prêtes à intervenir.
Dix-sept personnes, dont quatre mineurs, ont été interpellées pour participation à une manifestation non déclarée, dégradations et violences volontaires à l’encontre de la responsable de la sécurité du site. Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux ont montré des militants taguant les murs de slogans tels que «écologie libérale, mensonge du capital»,puis les locaux du gestionnaire d’actifs dégradés par d’autres inscriptions. Une banderole «Respect existence or expect resistance»(«Respectez l’existence ou attendez-vous à de la résistance») a été déployée. Encerclés par les forces de l’ordre à leur sortie, les militants écologistes scandaient des slogans tels que «BlackRock assassin», «Macron assassin» ou encore «Anticapitalistes ha-ha». «Nous condamnons avec la plus grande fermeté l’intrusion violente et les actes de vandalisme dans nos locaux ce matin. Ces actes, tout comme les tentatives d’intimidation à l’encontre de nos collaborateurs depuis plusieurs semaines, sont inacceptables et intolérables», a réagi BlackRock.
Après la défense, l’attaque
«Cela fait quarante ans que les PDG et les Etats sont conscients de l’urgence climatique. Pourtant, chaque seconde, ils continuent de rendre notre planète de plus en plus inhabitable à cause de leurs crimes», explique pour sa part un tract de Youth for climate Paris distribué aux passants. «Nous avons défendu, désormais nous attaquons. Notre planète brûle, notre avenir est en feu et ce sont déjà les plus démuni(e)s qui en souffrent», détaille le document. Selon ce dernier, d’autres organisations telles que Désobéissance écolo Paris, Cerveaux non disponibles ou encore Gilets jaunes place des fêtes ont apporté leur soutien à cette action «de désobéissance civile de grande ampleur».
Mi-janvier, le patron du gestionnaire d’actifs, Larry Fink, a annoncé dans la lettre annuelle qu’il rédige à l’attention de ses millions de clients dans le monde que le groupe voulait renforcer ses investissements durables en cessant notamment d’investir dans des entreprises tirant plus de 25% de leurs revenus de la production de charbon thermique. «BlackRock reste le premier investisseur des compagnies pétrolières et de la déforestation de l’Amazonie», lui avait répondu du tac au tac le collectif d’ONG américaine opportunément baptisé «BlackRock’s Big Problem». L’association d’investisseurs responsable Ceres l’a pour sa part classé 43e sur 48 parmi les gestionnaires d’actifs en termes de soutien de résolutions d’actionnaires favorables au climat.
«Greenwashing»
Lors du récent sommet de Davos, la France, l’Allemagne et plusieurs fondations ont ensuite rendu publique une intiative prise avec le gestionnaire d’actifs new-yorkais afin d’orienter des capitaux vers des projets liés au climat dans les pays en développement. Ce Climate Finance Partnership (CFP) rassemble outre BlackRock, l’Agence française de développement (AFD), le ministère allemand de l’Environnement et les fondations Hewlett et Grantham. Un «partenariat unique qui mêle des capitaux philanthropiques, publics et privés afin de combattre le risque climatique» dont l’objectif est de réunir 500 millions de dollars d’investissements dans des projets durables à destination de l’Afrique. La France y contribuera à hauteur de 100 millions de dollars via l’AfD et l’Allemagne à hauteur de 30 millions. Il s’agit «de nouvelles opportunités d’investir dans la transition mondiale vers une économie à bas carbone», avait déclaré à l’occasion de la signature de ce partenariat public-privé Brian Deese, chef de l’investissement durable chez BlackRock.
Cherchant à couper court aux accusations récurrentes de «greenwashing», le plus grand gestionnaire d’actifs au monde a publiquement mis en cause la semaine dernière Siemens dont il est actionnaire comme de la quasi-totalité des multinationales occidentales. Selon BlackRock, l’industriel allemand a échoué à prendre en considération «l’ensemble des risques» découlant de son projet au sein d’une mine de charbon australienne. Un projet plutôt modeste financièrement à l’échelle des activités de Siemens – 18 millions de dollars australiens, soit une dizaine de millions d’euros – et dont la direction de la multinationale avait elle-même déjà reconnu qu’il s’agissait d’une erreur. Pour autant et malgré ce geste symbolique sans réelle conséquence, BlackRock vient de renouveler sa confiance à la direction de Siemens comme l’a révélé Greenpeace. «La preuve que le plaidoyer de Larry Fink en faveur de l’environnement n’est rien d’autre que du greenwashing», a dénoncé l’ONG qui n’est visiblement pas la seule à le penser.