Le CPN du NPA des 8-9 février aurait dû permettre au parti de dégager une orientation et une politique concrète pour les semaines à venir. Ce n’est pas le cas dans la résolution légèrement majoritaire votée par la seule plateforme U. Si la perspective d’une manifestation nationale est avancée, si il est réaffirmé qu’une « grève de masse » est nécessaire pour gagner, la résolution ne propose pas vraiment un plan de bataille pour construire la grève générale et affronter la politique des bureaucraties syndicales qui fait obstacle à la construction d’une telle grève.
La politique de l’intersyndicale nationale mène droit à la défaite
Il est parfaitement clair pour des couches de plus en plus large de travailleur/se.s que si une grève reconductible de plus de 50 jours à la SNCF et à la RATP, soutenue par une forte mobilisation des profs et des journées d’action massives, n’a pas fait céder Macron. Ce ne sont pas des journées d’actions dispersées qui vont y parvenir, d’autant plus qu’elles sont de plus en plus espacées (la prochaine étant programmée… le 31 mars), avec une participation en déclin : c’est un enterrement de la lutte. L’expérience des luttes précédentes nous le rappelle. Il faut donc mener publiquement et fortement la bataille contre cette stratégie démobilisatrice, et proposer un plan de bataille :
- proposer une manifestation nationale à Paris le 14 mars, en s’appuyant sur la montée nationale programmée par de plus en plus de groupes de gilets jaunes (et ignorée complètement par l’intersyndicale nationale), un an après l’ultimatum fixé à Macron et l’épisode du Fouquet’s ;
- proposer une véritable rencontre nationale large pour la grève générale, rapidement après le 14 mars (par exemple le 15 mars), afin de rassembler toutes celles et tous ceux qui veulent construire une véritable grève qui bloque l’économie et contraigne le gouvernement à retirer sa contre-réforme.
Regrouper toutes les forces qui veulent se battre pour créer les conditions de la grève générale
Il faut s’appuyer sur le fait que des secteurs de la France insoumise appuient la perspective d’une manifestation nationale popularisée par notre parti, notamment Olivier. Il faut interpeller publiquement toutes les organisations du mouvement ouvrier et féministe pour qu’elles appellent avec nous à une manifestation centrale à Paris, le 14 mars, avec les gilets jaunes, autour d’une perspective claire : bloquer les profits pour obtenir le retrait ! À ce titre, la manifestation et la grève féministe du 8 mars doivent être un appui. Nous devons les construire, y participer, faire le lien entre le mouvement féministe et le mouvement contre la réforme des retraites.
Il faut mener cette bataille pour le front unique contre Macron, qui combine la proposition d’actions unitaires et massives et la défense d’une politique indépendante des appareils de la gauche réformiste politique et syndicale.
Les cadres d’auto-organisation que nous cherchons à mettre en place doivent mener cette bataille, en cherchant à s’adresser au plus grand nombre, sans se replier sur des actions minorisantes qui nous en coupent. Chaque courant ne doit pas créer son propre cadre, sortir son propre appel, en visant davantage son auto-construction que la construction du mouvement. L’avant-garde des luttes est à juste titre agacée par cette façon de faire et veut le regroupement de toutes les forces, car elle sait que c’est la condition de l’efficacité. Nous devons préparer collectivement un appel large pour une rencontre nationale pour la grève générale, dépassant la périphérie de chacun des courants du parti. Cela suppose d’inviter dès le départ très largement pour élaborer ensemble, au lieu de faire les choses dans son coin et ensuite de demander aux autres de suivre.
Refonder le parti
La résolution majoritaire du CPN insiste à juste titre sur la nécessité de « faire de la politique et défendre nos idées », d’aider à donner une « vision politique large » au mouvement. Pour cela, nous devons défendre un programme communiste concret et actualisé de rupture avec le capitalisme, soit la socialisation des moyens de production, la planification autogestionnaire de l’économie, une organisation du travail décidée par les travailleur/se.s, la rupture avec l’ordre capitaliste internationale. Au-delà de la question du programme, l’un des bilans de ce mouvement est que le NPA n’a pas a été à la hauteur des enjeux et est plus que jamais balkanisé. Pour nous, pour la lutte des classes, c’est un énorme frein. A ce titre, la perspective du prochain congrès du NPA va être déterminante, dans lequel nous pensons qu’il faut appeler à la refondation du NPA, en nous appuyant sur la reprise des luttes pour clarifier notre programme, reposer des règles de fonctionnement démocratiques et collectives, reconstruire notre implantation ouvrière.