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SOURCE : L'Obs
La nomination de Gérald Darmanin au ministère de l’Intérieur, visé par une plainte pour viol, provoque la colère de féministes. Elles se sont rassemblées devant le ministère, ce mardi.
Pendant la passation de pouvoirs entre Christophe Castaner et Gérald Darmanin, ce mardi 7 juillet, une vingtaine de militantes féministes s’est rassemblée près du ministère de l’Intérieur, en appelant à la démission du nouveau locataire de la place Beauvau, visé par une plainte pour viol.
Descendant la rue avec des fumigènes et des pancartes « Darmanin à l’Intérieur, vous vous torchez avec nos plaintes », ces militantes ont été rapidement stoppées par les forces de l’ordre qui quadrillaient le quartier, proche de l’Elysée.
Ces manifestantes, qui répondaient à un appel spontané sur les réseaux sociaux, ont scandé des slogans hostiles au ministre (« Darmanin violeur, police complice ») mais aussi à Eric Dupond-Moretti (« Un violeur à l’Intérieur, un complice à la Justice »), à qui elles reprochent « un désintérêt et des attaques » contre les prises de paroles de femmes victimes de violences.
« Ce remaniement montre bien que nous ne sommes pas entendues, pas crues. La promotion de Gérald Darmanin est une blague… Cela suscite tellement de colère, de désespoir que nous poursuivrons nos actions », a déclaré à l’AFP Tiphaine, une militante, regrettant de ne pas avoir pu « aller devant le ministère ».
Enterrement symbolique de l’égalité hommes-femmes
Lors d’une seconde manifestation organisée devant l’église de la Madeleine, une cinquantaine de militantes du collectif #Noustoutes, vêtues de noir, ont procédé à l’enterrement symbolique de l’égalité hommes-femmes, décrétée « grande cause du quinquennat » par l’exécutif.
Emmanuel Macron « a perdu une fois de plus toute légitimité à parler des violences sexistes et sexuelles », a lancé devant des journalistes une responsable du collectif. « Avec la nomination de Gérald Darmanin », cette « grande cause » « a connu un coup fatal », a-t-elle insisté.
A l’issue de ce rassemblement, des roses blanches et rouges ont été déposées devant un cercueil surplombé par un aigle noir géant sur lequel était inscrit le nom du nouveau ministre. « La culture du viol est en marche », ont scandé les militantes.
Darmanin mis en cause
Gérald Darmanin a été mis en cause par deux femmes début 2018, l’une pour viol, l’autre pour abus de faiblesse, des accusations qu’il réfute. Si le parquet a rendu un non-lieu concernant la seconde, après deux ans de bataille procédurale, la cour d’appel de Paris avait ordonné début juin la reprise des investigations sur les accusations de viol, harcèlement sexuel et abus de confiance portées contre le ministre par Sophie Patterson-Spatz.
L’entourage du président de la République a fait savoir lundi soir que cette plainte ne constituait « pas un obstacle » à sa nomination en tant que ministre de l’Intérieur, ce qui a déclenché la « colère » des féministes.
Eric Dupond-Moretti, pour sa part, a été épinglé pour avoir critiqué en 2018 le fait que « siffler une femme » dans la rue « devienne une infraction pénale ». « Il y a à mon avis une hystérisation du débat qui est totalement inutile […] Il y a d’ailleurs des femmes qui ont dit ‘Moi, ça me fait très plaisir d’être sifflée’ », avait-il déclaré.