Contribution défendue les 28 et 29 septembre par nos élu.e.s au Conseil Politique National du NPA.
Contre Macron, sa réforme des retraites, et son monde : construire la grève interprofessionnelle illimitée à partir du 5 décembre !
Vendredi 13 septembre, la grève à la RATP a été massivement suivie : près de 100 % des conducteurs et conductrices de métro et de RER étaient en grève. Du jamais vu depuis 2007 (déjà sur la question des retraites). Dans les AG, une perspective s’imposait naturellement : il faut un mouvement de grève illimitée pour faire plier Macron. Les directions syndicales de la RATP ont été obligées d’entendre leur base pour ne pas se discréditer. Du coup, 5 syndicats de la RATP (Unsa, Cgc, Solidaires, Sud, FO) appellent à un mouvement de grève illimitée à partir du 5 décembre. La CGT Ratp a refusé de se joindre à l’appel, prétextant qu’il valait mieux suivre les journées d’action interprofessionnelles….
Bien sur, une grève reconductible limitée à la RATP est une impasse. L’échec de la grève à la SNCF l’an dernier l’a montré : Macron peut faire face à un mouvement d’un secteur isolé. En revanche, une grève interprofessionnelle de masse qui bloque l’économie du pays ferait plier Macron. L’enjeu des semaines qui viennent n’est donc pas d’expliquer aux agents de la RATP qu’ils ont tort de vouloir d’une grève illimitée… mais de tout faire pour que les agents de la RATP ne soient pas seul.e.s à lutter contre une réforme des retraites qui frappera l’ensemble des travailleurs/ses.
C’est pourquoi la prise de position de Sud Rail est très importante : ils et elles se joignent à l’appel de la RATP et appellent les cheminot.e.s à la grève à partir du 5 décembre. De plus Sud Rail interpelle les confédérations syndicales pour qu’elles préparent et construisent la grève générale à partir du 5 décembre. FO Transports et Logistique appelle également à une grève illimitée à partir du 5 décembre.
Se battre pour imposer aux directions syndicales un appel à la grève interpro illimitée à partir du 5 décembre
La stratégie des directions syndicales est la même que d’habitude : appeler de journées d’action en journées d’action jusqu’à l’épuisement et l’échec. L’échec de la journée de grève du 24 septembre (150.000 manifestant.e.s selon la CGT dans toute la France) ne démontre pas l’absence de combativité des travailleurs/ses. Elle montre plutôt leur refus de perdre une journée de salaire pour un simulacre de mobilisation, sans aucune perspective autre que celle d’une nouvelle journée d’action dans plusieurs mois. Le mouvement des gilets jaunes a démonétisé une stratégie syndicale qui avait déjà beaucoup de plomb dans l’aile.
A contrario de la stratégie des directions syndicales, il faut aujourd’hui s’appuyer sur l’appel des syndicats de la RATP et de Sud Rail pour mener la bataille dans nos syndicats. L’unité la plus large doit se faire sur l’objectif du retrait pur et simple de la réforme. Le rôle des directions syndicales est de préparer la grève illimitée mais cela ne pourra être réalisable que si les bases syndicales et les travailleurs/euses syndiquées ou non font pression sur elles. Les deux mois qui viennent doivent être mis à profit pour mettre en place des caisses de grèves, préparer les blocages en lien avec les Gilets Jaunes, organiser des AG et des meetings pour populariser cette perspective.
Nous devons nous battre dans nos syndicats pour des prises de position en faveur d’un appel des confédérations à la grève illimitée à partir du 5 décembre. Il faut que ces appels circulent et fassent boule de neige. Il faut aussi nous battre pour que la convergence se fasse entre le mouvement des Gilets Jaunes et le mouvement ouvrier organisé : cette jonction est la plus grande crainte du gouvernement et l’accumulation d’expériences des Gilets Jaunes depuis près d’un an peut contribuer à un mouvement social et politique explosif .
Outre le mouvement des Gilets Jaunes, on constate des mobilisations d’envergure qui se construisent autour de revendications écologistes et féministes. Des comités de préparation de la grève féministe internationale du 8 mars se construisent partout en France. Dans le cadre de la grève internationale pour le climat, la manifestation du samedi 20 septembre a fait descendre 50 000 personnes dans la rue. Nous devons agréger ces colères. La lutte contre la réforme des retraites doit prendre en compte des revendications féministes (et ce d’autant plus que les femmes seront particulièrement touchées par la réforme) et écologistes. Les mots d’ordre écologistes font descendre les jeunes dans la rue : ils doivent lutter à la fois contre la crise écologique et contre la réforme des retraites!
Enfin, nous devons mener une politique contre la répression d’État qui aujourd’hui interdit de fait les manifestations, par la violence policière systématique avec un seul objectif : terroriser les travailleurs/ses pour qu’ils et elles aient peur d’occuper les rues. Les services d’ordre syndicaux doivent être mis au service de la protection des cortèges, composés ou non de syndiqué.e.s, et doivent pouvoir empêcher les agressions policières.
A la RATP, dépasser le corporatisme pour entraîner les autres secteurs
A la RATP, les directions syndicales cherchent à canaliser la lutte dans un mouvement corporatiste, pour la simple défense du régime spécial de la RATP. C’est une stratégie perdante qui permettra au gouvernement d’anéantir le mouvement à la RATP en l’opposant aux intérêts des autres travailleurs/ses. Les agents de la RATP devront notamment s’opposer à la puissante bureaucratie de l’UNSA, qui refuse de demander le retrait pur et simple de la réforme des retraites, et qui cherche à construire un mouvement cantonné à la RATP. Se focaliser uniquement sur la défense des régimes spéciaux serait une erreur tactique, nous devons au contraire chercher à unifier pour construire un mouvement d’ensemble en expliquant la logique de la réforme qui aura pour conséquence de faire baisser toutes les retraites. Ce mécanisme de retraite par points a pour objectif principal de ne pas augmenter les cotisations et que le montant total des pensions ne dépasse pas 14% du PIB. Il sera ainsi possible que la valeur relative du point diminue ce qui arrivera nécessairement si les cotisations n’augmentent pas étant donné que la proportion de retraités augmente.
Contre cette stratégie, la bataille doit être menée pour que les syndicats de la RATP proposent aux autres secteurs de s’associer à la grève illimitée à partir du 5 décembre. Si les syndicats de la RATP proposaient une conférence nationale de préparation de la grève illimitée, cela aurait un grand impact. A défaut d’imposer cette initiative aux directions syndicales, il faudrait que des structures d’auto-organisation se mettent en place et cherchent à construire des liens concrets avec d’autres secteurs, en premier lieu les secteurs stratégiques de l’économie. C’est ce qui commence à être fait à la RATP avec le nouveau syndicat « La Base » qui cherche à étendre l’appel à la grève illimitée au delà de la RATP. Nous devons aussi chercher à faire le lien avec les mobilisations féministes en expliquant que les femmes seront particulièrement touchées par la réforme (non prise en compte des trimestres supplémentaires pour maternité, durcissement de l’accès aux pensions de reversion …).
Le NPA doit mener la bataille contre les bureaucraties syndicales et pour la grève illimitée à partir du 5 décembre
Un des principaux porte-parole de notre parti (Olivier Besancenot) plaide pour la mise en place d’une « coordination permanente de la gauche qui lutte ». A quoi doit servir cette coordination ? Si c’est pour soutenir les journées d’action décidées par les bureaucrates syndicaux, cela ne sert à rien. Si c’est pour soutenir les initiatives qui visent à construire une grève interprofessionnelle illimitée, cette coordination est utile. En fait, l’idée même d’une « coordination permanente » indique que le but est de maintenir un cadre « permanent » avec la gauche réformiste, ce qui ne peut se faire que sur le plus petit dénominateur commun.
Les mobilisations récentes (la grève à la RATP notamment) montrent que la disponibilité au combat est bien présente quand les travailleurs/ses pensent que le jeu en vaut la chandelle. Les Gilets Jaunes ont depuis novembre popularisé la nécessité de « tout bloquer ». Notre parti devrait se positionner aujourd’hui très clairement pour la construction de la grève illimitée à partir du 5 décembre, comme perspective à donner à ces journées d’action de septembre. Il devrait interpeller (comme Sud Rail) l’ensemble des organisations du mouvement ouvrier pour qu’ils se positionnent dans le même sens et pour prendre ensemble des initiatives pour construire cette échéance.
Ne laissons pas les bureaucraties syndicales nous mener une fois de plus droit à l’échec !
Mettons dès maintenant en place des cadres d’auto-organisation pour rendre possible une grève interprofessionnelle puissante à partir du 5 décembre.