Raoul Vaneigem – “La revanche de la liberté”

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SOURCE : Le Média

« Ces interrogations que posent la résistance et l’auto-organisation insurrectionnelle, ne les entend-on pas se propager dans le monde et intéresser les pays les plus divers ? ». Dans une lettre aux insurgé-e-s du Chili, notre ami Raoul Vaneigem tire les leçons des insurrections françaises.

La France a occupé et continue d’occuper dans l’imaginaire des révolutions une place particulière. Elle est le pays où, pour la première fois dans l’histoire, une révolution a brisé l’immobilisme et l’obscurantisme qu’imposait la prépondérance d’une économie essentiellement fondée sur l’agriculture. Sa victoire n’a pas signifié le triomphe de la liberté, elle a seulement marqué la victoire d’une économie de libre-échange qui, très vite, a étouffé les aspirations à une vraie liberté.

La vraie liberté, c’est la liberté vécue. Les philosophes des Lumières en avaient pris conscience. Les Diderot, d’Holbach, Rousseau, Voltaire en avaient gravé l’évidence dans la mémoire universelle, et avant eux les principaux penseurs de la Renaissance, Montaigne, La Boétie, Rabelais, Castellion (à qui l’on doit le propos « Tuer un homme, ce n’est pas défendre une doctrine, c’est tuer un homme. »)

Bien que présente dans nombre de pays d’Europe, la lutte pour la liberté revêt en France une singulière acuité. Dès les XIème et XIIème siècles, les insurrections communalistes se multiplient et s’intensifient. Elles ont pour but de libérer les villes de l’autorité tyrannique de la classe aristocratique, dont les revenus viennent principalement des paysans, des serfs qui travaillent leurs terres. Les nobles n’ont pas l’intention de laisser échapper à leur emprise ces « communes » qui génèrent de nouvelles sources de revenus. Artisans, commerçants, tisserands, petits producteurs sont le ferment d’un capitalisme naissant. Ils se heurtent à la noblesse et au régime féodal qui entrave leur expansion.


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