Le temps presse : mettre le pays à l’arrêt et prendre des mesures d’urgence !

Le gouvernement ne cesse de perdre du temps pour agir face au virus Covid-19. Il est confiné dans ses contradictions : fermeture des écoles et des universités mais maintien de la production et de la circulation des marchandises, maintien des élections… Chaque jour, chaque heure perdus signifie des dizaines, des centaines, voire des milliers de mort-e-s en plus. 

 

Pourtant, le gouvernement disposait de l’expérience de la Chine et de l’Italie, avec tous les chiffres sur la progression de l’épidémie. Or le cas de la Chine est particulièrement éclairant : la Chine a décrété un confinement total à partir du 23 janvier à Wuhan et le lendemain dans 7 autres grandes villes de la province de Hubei. A ce moment-là, la Chine avait moins de 1000 cas recensés au total (qui en fait correspondaient à environ 2500 cas réels) et une augmentation de 400 cas recensés par jour. Cette mesure – et d’autres mesures complémentaires comme le traçage par des équipes très nombreuses des chaînes de contamination – a permis de juguler l’épidémie. Mais il a fallu environ sept semaines pour parvenir à ce que les nouveaux cas recensés descendent à un niveau résiduel, une dizaine le 14 mars et une vingtaine le 15 mars (dont une majorité de voyageurs-ses venu-e-s de l’étranger). Au total, il y a eu environ 80 000 personnes infectées en Chine et 3000 morts. On peut calculer1   que si la Chine avait pris sa décision de confinement un jour plutôt tôt, elle aurait évité environ 20 000 cas, soit environ 700 à 800 morts. 

 

En France, il y a actuellement 4500 cas recensés et un nombre de cas réels beaucoup plus important, sans doute entre 80 000 et 300 000. Et encore, la manière dont sont recensés les cas contribue à casser le thermomètre. A la vitesse où la maladie se propage, il semble évident que les hôpitaux seront bientôt submergés et ne pourront plus faire face à l’afflux de patient, faute à la fois de moyen matériel (permettant de mettre les patients sous respiration artificielle) et humains. Cela placera les soignantes en France dans la même situation que leurs collègues italien-ne-s obligés de choisir qui soigner et qui laisser mourir. 
On peut noter que, dans une épidémie, moins on intervient, plus l’épidémie passe vite, avec une hausse exponentielle du nombre de personnes infectées et une chute tout aussi brutale quand le pic est atteint. Mais cela accroîtrait dans ce cas de beaucoup le nombre de mort-e-s, pour deux raisons :

 

D’abord parce qu’une grande partie des malades graves ne pourrait pas être soigné-e-s, faisant bondir le taux de létalité du virus. C’est en partie ce que l’on observe en Italie (même s’il y a d’autres facteurs, comme le fait que les personnes âgées sont plus nombreuses dans la population). 

 

Ensuite, parce que cela signifierait laisser 60% à 70% de la population se faire contaminer en très peu de temps, à un moment où on ne sait traiter que les symptômes, le virus dont on estime le taux de létalité autour de 0,6% à 1% (contre 1 pour 1000 pour la grippe “normale”). Laisser 39 à 45 millions de personnes se faire infecter, cela voudrait dire accepter aux alentours de 230 000 à 450 000 morts (c’est de ce type d’hypothèse que viennent les chiffres avancés par certains épidémiologistes que le gouvernement juge catastrophistes sans raison sérieuse). Mais, en revanche, sur le plan économique, si cher au Président, cela rendrait l’impact plus faible, car l’activité reprendrait plus vite. 

 

Inversement, plus on intervient de façon rapide et drastique pour stopper l’épidémie, plus l’épidémie dure. Mais évidemment, une telle intervention permet de limiter considérablement le nombre de morts, tout en impliquant bien sûr un ralentissement plus poussée de l’économie et par là des profits capitalistes. Évidemment, il ne s’agit pas de reproduire le contrôle social oppressif et totalitaire qu’a déployé la bureaucratie “communiste” de l’État chinois.  Mais, pour nous, il n’y a pas à hésiter : nos vies avant leurs profits

 

C’est pourquoi nous exigeons que le gouvernement prenne immédiatement les mesures d’urgence indispensables pour protéger au maximum de ce qui est possible la santé de la population :

 

    – confinement le plus total de l’ensemble du territoire possible dès aujourd’hui, maintien des seules activités économiques absolument indispensables (fourniture d’électricité, d’eau, de nourriture, hôpitaux, matériel de soins etc.). Ce confinement doit être accompagné de l’augmentation du nombre de places en hébergement d’urgence pour les femmes victimes de violences domestiques et d’un service de garde d’enfants pour ceux dont les parents travaillent dans les secteurs cités plus haut.
    – réquisition de tous les outils industriels déjà existants dans l’industrie pour fabriquer des respirateurs, des masques, tests de dépistage et thermomètres pour qu’ils soient disponibles en quantité suffisante à la hauteur des besoins. Les masques et tests doivent pouvoir être disponibles sans ordonnance !
    – réquisition et de tous les hôtels et cliniques privées pour augmenter le nombre de places en hospitalisation et réanimation. 
    – réquisition de tous les logements vacants en bon état pour loger tous les sans-abris et migrant-e-s dans des conditions décentes. 
    – droit inconditionnel à l’accès aux soins pour les migrant-e-s.

    

    Pendant la crise sanitaire, le confinement doit pouvoir être respecté sans avoir recours à la répression policière ! Pour cela, la diffusion de l’information, qui reste encore aujourd’hui très faible, est cruciale. Nous sommes capables de comprendre nous-mêmes les nécessités de la période ! Pour cela, des comités de quartiers indépendants de l’État doivent pouvoir s’organiser pour à la fois tenir la population informée, et organiser la solidarité concrète entre les habitant-e-s, en particulier envers les plus vulnérables.

 


1. cf. l’article de Tomas Puyeo : https://medium.com/tomas-pueyo/coronavirus-agissez-aujourdhui-2bd1dc7838f6

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