Johnson et le capitalisme mettent en danger la vie des travailleurs/ses et de la population

Article publié par l’International Socialist League

Traduction d’Emma Funk

 

Soit le socialisme, soit l’enfer du capitalisme !

Un dépistage de masse, maintenant !

Des EPI[1] en masse, maintenant !

 

La crise actuelle

La situation liée au coronavirus a mis à nu les contradictions du capitalisme, ce qui conduit maintenant le monde à d’incalculables pertes de vies humaines, et l’économie à une récession massive. La Grande-Bretagne et les Etats-Unis, ainsi que beaucoup d’autres pays, sont sur le point de souffrir d’une énorme crise sanitaire. En Grande-Bretagne, on trouve, à l’arrière-plan, un NHS[2] affaibli par les coupes budgétaires, par le manque d’effectifs et par l’impréparation – malgré les nombreuses mises en garde récentes lancées par des scientifiques sur les risques de pandémies.

Une crise sanitaire mondiale qui était prévue

La crise sanitaire mondiale actuelle a été prévue, alors qu’on en est à plus de 300 cas de zoonoses – des affections humaines d’origine animale – depuis 1960. Les zoonoses sont le résultat de l’expansion de la production alimentaire au plan mondial. En Chine, d’où provient l’épidémie, de petits agriculteurs ont été forcés de compter sur des marchés d’animaux sauvages après que d’immenses exploitations agricoles ont rendu insoutenable leur mode de vie.

L’expansion de la production alimentaire n’est pas uniquement la faute de la Chine : par exemple, la banque d’affaires Goldman Sachs a énormément investi sur des élevages de volaille chinois après la récession de 2008.

Chaque fois que des changements significatifs sont apportés à l’utilisation des sols, il faudrait toujours préparer des évaluations minutieuses de leur impact écologique. Prendre soin de la nature et de son environnement n’est pas une affaire qu’on pourrait laisser au capitalisme. Une gestion appropriée de la planète ne peut être réalisée que sous le contrôle des travailleurs/ses, avec l’aide de scientifiques.

L’austérité et la privatisation ont créé la crise du NHS

Le NHS a été créé en 1948 et il est né d’une gigantesque crise du capitalisme qui avait causé la Seconde Guerre Mondiale et une envie massive des travailleurs/ses de ne pas revenir aux années 1930. Cependant, la classe capitaliste méprise depuis longtemps toute forme de prévoyance sociale, qu’elle voit comme une réduction inutile de ses profits, qu’il s’agisse du NHS, du logement social ou de l’éducation publique.

Le NHS a fait l’objet d’un sous-financement constant et d’attaques de la part des Conservateurs. En 2012, l’introduction de services de santé mis en œuvre par des autorités de santé locales a affaibli le NHS. Le Health and Social Care Act[3] a permis la privatisation de services du NHS et la sous-cotation du NHS comme organisme national ; et ainsi, cela a entravé sa capacité à répondre à des situations d’urgence telles que le coronavirus.

Lors de récents débats et interviews à la TV sur la crise actuelle, les ministres de la santé, comme Helen Whately, sont apparu.e.s non pas avec l’habituel badge « NHS » à la boutonnière, mais avec « CARE » – une organisation parapluie délibérément mise en place par des corsaires de la santé pour saper délibérément la nature unique du NHS.

Ce gouvernement poursuit dans la voie du thatchérisme. C’est pourquoi en Grande-Bretagne, nous sommes confrontés à la crise du coronavirus avec un NHS affaibli.

Les promesses vides du gouvernement approfondissent la crise.

Pendant la crise actuelle liée au virus, les hôpitaux du NHS ont recours à des fournisseurs privés pour les lits, les équipements protecteurs et les respirateurs – tandis que les sections privatisées du NHS sont d’un accès impossible à toute personne qui ne peut pas payer. La mort des premiers médecins qui soignaient des patient.e.s atteint.e.s du coronavirus souligne l’étendue de l’incompétence gouvernementale.

Neuf semaines ont été gaspillées dans le combat contre le Coronavirus. Ces semaines auraient pu servir à effectuer des simulations des effets de la maladie, à mettre en place des chaines de production et d’approvisionnement pour les respirateurs, les EPI (équipements de protection individuelle), et pour mettre en œuvre un dépistage de masse.

Sur BBC Radio 4, le 28 mars, un fabricant de tests de coronavirus au Royaume-Uni confirmait qu’il en produisait 100 000 par jour. Toutefois, ces tests étaient envoyés à l’étranger, vers d’autres pays, particulièrement au Moyen-Orient et sans aucun doute aussi vers des prestataires de soins privés au Royaume-Uni. Le gouvernement dit qu’il n’a pas été en mesure de tester des équipes du NHS qui sont en première ligne.

Les personnels de santé doivent écouter de vaines promesses du gouvernement tandis que le capitalisme fournit 100 000 kits de dépistage à des sociétés privées comme Ocado.

Ce défaut de mesures d’urgence à la hauteur de la situation face à la pandémie reflète l’idéologie de la classe privilégiée qui dirige la Grande-Bretagne.

L’indifférence de la classe dirigeante

Son indifférence s’est reflétée dans une interview sur la BBC Radio 4 dans l’émission World at One le jeudi 26 mars, avec l’ancien rédacteur en chef du Daily Telegraph, Max Hastings. Sous couvert de s’inquiéter du coût des mesures, pour ses enfants et ses petits-enfants, il a déclaré que le pays ne pouvait pas se permettre une mise à l’arrêt, parce que cela coûterait trop cher au pays.

Ce qu’il a voulu dire, c’est que les profits sont plus importants que les vies. Cette contribution d’Hastings a exposé au grand jour la nature de classe de la société. Les gens les plus exposés au risque dans cette épidémie, ce sont les travailleurs/ses, tandis que la classe dirigeante, qui en général jouit d’une bien meilleure santé et n’a pas à travailler dans des professions à risque comme les soins, ou dans les magasins, est mieux en mesure de survivre.

Pas de dépistage de masse, le manque d’EPI, c’est un crime

Le gouvernement du Royaume-Uni n’a même pas commencé à faire un dépistage de masse pour identifier et isoler les personnes contaminées. Même les restrictions n’ont été mises en œuvre que partiellement, car il a été laissé à la discrétion des entreprises de décider si le travail non-essentiel devait continuer. On a vu des scènes alarmantes d’usager.e.s entassé.e.s dans le Métro londonien, une situation idéale pour provoquer la transmission du virus.

Au NHS, il y a des constamment des plaintes de la part d’infirmières, de médecins, d’ambulanciers, de personnel auxiliaire, y compris de personnels de nettoyage, disant qu’on ne leur fournit pas des EPI adéquats ; et constamment, le fait qu’il y ait des problèmes est nié par Chris Hopson, directeur général de NHS Providers (l’organisme parapluie pour tous les NHS trusts[4]), et aussi par son infirmière en chef.

Jeremy Hunt, précédent ministre de la Santé, a été largement vu à la TV, fustigeant le gouvernement parce que celui-ci ne prenait pas des mesures plus draconiennes pour arrêter la pandémie, mais il y a trois ans, quand il était chargé de la santé, un rapport qui exhortait à stocker les EPI en cas de future épidémie a été ignoré pour des raisons de coût.

Tandis qu’il y a  un manque d’EPI dans les hôpitaux, ceux-ci sont inexistants dans de nombreuses maisons de soins, où l’on a rapporté des morts dues au COVID-19.

Il n’y a qu’une seule conclusion, et elle est incontournable : le capitalisme considère le profit comme étant plus important que les vies humaines.

Tous les syndicats et le TUC[5] doivent se lancer dans la bataille

Chaque travailleur/euse qui est forcé.e de travailler dans un domaine non-essentiel doit être soutenu.e dans ses combats contre les employeurs. Beaucoup de travailleurs/ses se battent, dans les usines, sur les chantiers, dans les services postaux et autres. Certains employeurs utilisent cette crise pour virer des travailleurs/ses et se débarrasser de militant.e.s syndicalistes connu.e.s comme Percy, agent d’entretien au King’s College de Londres, leader du syndicat United Voices of the World (UVW).

Il y a eu des rapports indiquant que les dirigeants du NHS essaient de museler les lanceurs d’alerte dans le domaine sanitaire, à propos du manque d’EPI au sein du NHS, en les menaçant de mesures disciplinaires en cas de révélations. Les travailleurs/ses de la santé disent publiquement que des personnels en première ligne tels que des agents d’entretien ou les gardien.ne.s, et pas seulement les infirmières et les médecins, sont en danger vue les pénuries, et ils et elles précisent que les travailleurs/ses de couleur sont, de façon disproportionnée, les plus exposé.e.s dans le NHS.

UVW exige que le gouvernement paye un salaire minimum de 15£ à tous les personnels dans les secteurs essentiels, et exige que Percy, qui a été viré pour ne pas avoir participé à une audience disciplinaire du fait du manque de mesures de distanciation sociale, soit réintégré immédiatement.

En attendant, le TUC ne dit rien à propos de ces attaques, du besoin de construire une offensive organisée contre un gouvernement qui s’en fiche, ou de se battre pour la réintégration de tous les travailleurs/ses renvoyé.e.s, comme Percy. Le TUC a accepté de coopérer avec le gouvernement et a ainsi abandonné la lutte des travailleurs/ses.

Le COVID-19 et le capitalisme sont des virus mortels

En Grande-Bretagne, l’actuel gouvernement conservateur s’est montré complètement incapable de protéger la population du coronavirus. Selon un rapport, lors d’une soirée au N°10[6] à la fin février, un conseiller du gouvernement a souligné que la stratégie du gouvernement à ce moment-là était celle de « l’immunité collective » : protéger l’économie, et si cela signifie la mort de certain.e.s retraité.e.s, tant pis…[7] Ce n’est que lorsqu’il a été démontré que 500 000 personnes allaient en mourir, que le gouvernement a évolué vers des mesures plus rigoureuses, mais toujours insuffisantes.

Le capitalisme n’a pas de visage humain

Le gouvernement et le NHS savaient que ce type de crise allait arriver un jour, tout comme il est sûr que la nouvelle crise mondiale allait survenir. Dix années d’austérité ont aidé à créer la situation catastrophique actuelle. Les travailleurs/ses étaient frappé.e.s avant l’arrivée du COVID-19 : la catastrophe de la tour Grenfell (connue comme étant un piège mortel) ; l’inondation qui a touché des millions de gens ; l’environnement hostile pour les immigré.e.s. Tous ces exemples illustrent un système pourri.

Tandis que la crise continue pour les travailleurs/ses, maintenant avec la pandémie de COVID-19, la culpabilité de la classe capitaliste dans la création de cette crise devient chaque jour plus évidente. Il y a une décomposition accélérée de nos droits, de nos conditions de travail et d’existence, et de nos vies, et cette décomposition se fait sous la houlette de la classe capitaliste, qui va chercher à profiter de la douleur et de la souffrance.

Ce n’est qu’en mettant fin au capitalisme que nous arrêterons ces attaques. Cela signifie lutter pour un gouvernement des travailleurs/ses, le contrôle des travailleurs/ses sur la santé, sur les services publics et sur l’industrie. Mais pour y parvenir, nous devons construire une lutte de masse des travailleurs/ses et un parti révolutionnaire pour y conduire les travailleurs/ses et les dépossédé.e.s.

  • Un dépistage de masse, maintenant !
  • Des EPI complets pour tou.te.s les travailleurs/ses du NHS, et tou.te.s les travailleurs/ses des secteurs essentiels, comme celui des transports !
  • Distanciation sociale complète dans tous les lieux de travail essentiels – tels que les chantiers de construction essentiels – et fermeture de tous les autres !
  • Personne n’est illégal[8] – des papiers et un accès gratuit aux services publics pour tou.te.s !
  • Plein accès au NHS !
  • Le NHS doit prendre le contrôle de tous les services de santé y compris tous les services privatisés.
  • Suspension du paiement des loyers et des évictions pendant un an (comme cela est exigé par UVW) !
  • Salaire minimum de 15£ de l’heure pour tous les personnels dans les secteurs essentiels, immédiatement !
  • Réintégrez Percy !
  • Construisons la lutte de masse pour renverser le capitalisme !
  • Construisons le parti révolutionnaire pour mener ces luttes !

Notes

[1] En anglais : PPE (Personal Protection Equipment) ; en français : EPI (équipement de protection individuelle).

[2] NHS (National Health System) : le système de santé publique au Royaume-Uni.

[3] Une loi de 2012 prévoyant une très vaste réorganisation du NHS

[4] « NHS trusts » : fiducies NHS. « Une fiducie du NHS est une unité organisationnelle au sein du Service national de santé anglais, servant généralement une zone géographique ou une fonction spécialisée » (Wikipédia).

[5] TUC (Trade Union Congress) : l’organisation fédératrice des syndicats britanniques.

[6] N°10 : Number 10 est l’appellation courante du siège du Premier ministre à Londres (au 10 Downing Street).

[7] https://www.theguardian.com/politics/2020/mar/22/no-10-denies-claim-dominic-cummings-argued-to-let-old-people-die

[8] No One Is Illegal ! (campagne de soutien et de solidarité avec les migrants).

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