Congrès du PCF de 1924 : le mot d’ordre de “bloc ouvrier et paysan”

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SOURCE : Blog de Nicolas Maury

On continue sur la saga des congrès historiques du Parti Communiste Français

Le Parti Communiste – Section Française de l’Internationale Communiste tient son 3ème congrès national à Lyon du 20 au 24 janvier 1924. Le jeune parti doit faire face à beaucoup de contradictions internes et aux premières grandes campagnes d’agitations qu’il organise.

Retour historique sur ce congrès

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Le mot d’ordre de “Bloc ouvrier et paysan” n’est pas creux et ne naît pas ex-nihilo. L’Internationale communiste organise les Partis communistes et les pousse à créer des “Fronts uniques” pour permettre de détacher le prolétariat des officines sociales-démocrates et réformistes.

Le mot d’ordre de “Bloc ouvrier et paysan” est le premier grand mot d’ordre du Parti communiste pour une élection nationale.

Contexte général à l’ouverture du 3ème congrès national du Parti Communiste – Section Française de l’Internationale Communiste

– Le PC-SFIC n’a pas encore mis fin à ses vieilles pratiques sociale-démocrates et le IIème congrès du Parti (14 au 19 octobre 1922 à Paris) montre que les affrontements entre les “motions” (gauche/centre/droite) continuent d’affaiblir le fonctionnement du Parti. L’Internationale communiste devra intervenir pour mettre fin à ces pratiques droitières et opportunistes. Ludovic-Oscar Frossard (Secrétaire général) quitte le Parti le 1er janvier 1923. Un nouveau Bureau politique constitué d’authentique révolutionnaire remplace l’ancienne direction désavouée.

– La CGTU se structure comme organisation révolutionnaire opposée au réformisme de la CGT. Elle devient une base indispensable à la classe ouvrière et au développement du syndicalisme.

– L’impérialisme français du “Bloc national” est de nouveau mobilisé et entend mettre à genou l’Allemagne en réclamant de ce pays le paiement de fortes indemnités et l’armée française envahi la Sarre en 1921. En 1923, des divisions de l’armée française occupent toute la Ruhr.

– Le PC-SFIC n’attend pas l’entrée de l’armée française en Allemagne pour mobiliser la classe ouvrière. Dans L’Humanité les travailleurs-travailleuses de France et d’Allemagne appellent à la solidarité face à la bourgeoisie. Un Comité d’action, rassemblant le PC-SFIC, la Jeunesse communiste et la CGTU, est crée le 27 décembre 1922. Débute ainsi la première grande campagne du Parti communiste. Les mots d’ordre de l’internationalisme prolétarien se diffusent dans la classe ouvrière, l’armée elle même est touchée par ces derniers (publication du journal “La caserne”, organisation des communistes sous l’uniforme …). Le PC-SFIC gagne l’écoute de la classe ouvrière française, ainsi que de certaines franges progressistes de la petite-bourgeoisie et des intellectuels (comme Henri Barbusse).

– La répression s’abat férocement contre les communistes et les syndicalistes de la CGTU. Marcel Cachin voit son immunité parlementaire levée par la Chambre des députés et il rejoindra en prison de nombreux communistes comme Monmousseau et Sémard.

Le 3ème congrès du Parti Communiste – SFIC se déroule à Lyon du 20 au 24 janvier 1924

– Pendant le congrès, le 21 janvier 1924, Lénine mourut. Les membres du Parti lui rendirent unanimement hommage à la clôture du congrès.

– Les élections législatives de 1924 approchent et le “Bloc national” connait de fortes failles avec notamment les critiques de la SFIO et des Radicaux-socialistes à son encontre. Le Congrès du Parti décide donc de rédiger un programme et défini une tactique pour ces élections.

– Le programme défini sera en deux volets : Programme immédiat / programme fondamental :

Parmi les mesures les plus urgentes ont trouve : l’application stricte de la Loi des 8 Heures, hausse des salaires, droit syndicaux pour les fonctionnaires, assurances sociales payées par la production, réforme du système fiscal, fin de la taxation sur les salaires …

Le PC-SFIC promeut un certains nombre de mesures démocratiques comme la liberté de la presse, liberté syndicale, abolition du statut de l’indigénat dans les colonies, amnistie et libération des prisonniers politiques.

En politique international le PC-SFIC exige l’évacuation de la Ruhr, l’annulation du Traité de Versailles, le paiement des frais de réparations de guerre par la bourgeoisie et l’alliance avec l’Union soviétique.

Le programme fondamental portant lui sur l’alliance de la classe ouvrière, de la paysannerie laborieuse et des couches moyennes pour instaurer la dictature du prolétariat et édifier le socialisme.

– Le congrès défini sa tactique électorale et appelle à la constitution du “bloc ouvrier et paysan”. Il rejette l’idée de “cartel des gauches” proposé par les radicaux-socialistes à la SFIO qui aboutirait à mettre la classe ouvrière à la remorque du Parlement et de la bourgeoisie libérale. Ainsi le PC-SFIC appelle à la constituions d’un “Front unique des travailleurs” sous le mot d’ordre de “Bloc ouvrier et paysan”.

– Le PC-SFIC invite la SFIO à constituer ce bloc, cette dernière refusera catégoriquement. Le Parti communiste ira seul à la bataille et constitue des listes dans tous les départements (sauf trois) et veille à ce que ces dernières représentent la classe ouvrière et la paysannerie.

– Maurice Thorez et Pierre Semard entrent au Comité directeur du PC-SFIC.

– Le congrès décide la constitution des cellules comme base d’organisation du parti.

Conclusion

Les élections législatives se dérouleront les 11 et 25 mai 1924.

Le PC-SFIC remporte 875.812 suffrages (9,82%) et 26 députés. Il remporte ses meilleurs scores dans les bassins ouvriers de la région parisienne (250.000 voix et 15 sièges), du Nord (3 sièges), de la Seine et Oise (3 sièges), et de la Seine Inférieure (1 siège). Le PC-SFIC remporte deux députés dans les département du Cher et de la Lot-et-Garonne montrant un début d’implantation dans la paysannerie laborieuse.

Cependant de large couche du la classe ouvrière ont préféré le discours réformiste de la SFIO appelant à faire battre le “Bloc national”.


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