Il ne faut pas compter sur ceux qui ont créé les problèmes pour les résoudre

AVANT-PROPOS : les articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » ne représentent pas les positions de notre tendance, mais sont publiés à titre d’information ou pour nourrir les débats d’actualités.

SOURCE : Blog de Robi Morder

Calamiteux bilan de toutes celles et de tous ceux qui par leur idéologie néo-libérale, ont volontairement refusé de voir une crise pourtant annoncée. ils nepeuvent en être responsables et mener une autre politique. Qu’ils laissent la place, il ne manque pas des capacités dans le pays, les initiatives citoyennes en attestent.

 

“Il ne faut pas compter sur ceux qui ont créé les problèmes pour les résoudre.” Cette citation d’Einstein est jolie, et bien polie si on l’applique aux dirigeants politiques et administratifs qui ont amené le pays et sa population au bord du désastre et nous ont fait plonger dans une catastrophe sanitaire avec ses effets sociaux et économiques dévastateurs. Calamiteux bilan de toutes celles et de tous ceux qui, par leur idéologie néo-libérale dans laquelle ils ont été formatés et qu’ils ne cessent de distiller comme le seul horizon indépassable, ont volontairement refusé de voir une crise pourtant annoncée.

Gouverner, c’est prévoir parait-il

Nos élites ont plaidé le caractère imprévisible de cette crise se réfugiant derrière le « personne ne l’avait prévue ». Or nous savons que c’est faux, les enquêtes de Mediaparten attestent. Ils avaient les rapports sur leurs yeux ; pas un, mais plusieurs rapports, enquêtes, alertes se sont accumulés depuis le début du vingt et unième siècle. S’ils  – hauts fonctionnaires, membres des cabinets ministériels, ministres et présidents – ont ignoré ce qu’ils avaient sur leurs bureaux, et qu’ils ont enterré dans leurs placards, c’est n’est pas qu’ils ne pouvaient pas les voir, c’est qu’ils ne le voulaient pas ! Si gouverner c’est prévoir, anticiper, ils ont failli, et cela parce que cela ne rentrait pas dans leur formation, leur logique. Leur aveuglement n’était pas fatal, simplement leurs solutions, c’est-à-dire leur idéologie, leurs politiques, se sont avérées contradictoires avec la réalité. Accepter cette réalité, cela impliquait de ne pas fermer les lits, de ne pas ruiner le service public de santé, de veiller au renouvellement régulier des stocks de masques, renouvellement moins onéreux que celui du matériel militaire qui n’est pourtant, lui, jamais oublié.

Ils nous ont mené au confinement, indubitablement nécessaire comme dernier recours puisqu’ils avaient détruit tous les moyens possibles de prévention qui auraient pu l’éviter, du moins dans sa durée et ses modalités. Et maintenant, gouvernement, patronat veulent faire payer leurs errements à la masse des salariés, de la population. Si nous les laissons faire, lls tireront les leçons de la crise, non pour améliorer la situation de la grande majorité mais pour accroître la productivité. Le capitalisme a toujours su s’adapter pour défendre, maintenir et faire croître ses profits. Le teletravail, quelle aubaine en cas de grève des transports, pour reporter sur les salariés les risques du travail à la maison (accident de travail ? accident domestique ?). L’occasion fait le larron, et dans les liens administration /gouvernement/ patronat, souvent formés dans les mêmes écoles, passant du public au privé et du privé au public, ils sont nombreux à s’entendre comme larrons en foire.

L’aveuglement, l’imprudence et l’impudence

La semaine dernière le président Macron a déclaré « la bataille » gagnée, maintenant on annonce que la crise est derrière nous. Après avoir entretenu un climat anxiogène pendant deux mois afin de convaincre la population du péril qu’il y avait à mettre le nez dehors, les grandes chaines de soi-disant information ne s’occupent plus que des plages, des vacances, de la reprise, comme si tout était redevenu “normal” dans les hôpitaux. Allez donc ensuite expliquer aux habitants de nos villes et villages qu’il faut porter des masques, conserver des gestes barrières. Il ne reste que des consignes contradictoires (souvenons-nous du mensonge des «masques ne servent à rien »), un moralisme avec stigmatisations des habitants des quartiers populaires, comme si ceux des quartiers plus huppés ou branchés n’étaient pas imprudentes. Là où il y avait besoin d’informations, d’une éducation sanitaire, d’une transparence totale sur les chiffres, la situation, les options, nous avons eu mensonges, omissions, propagande, et lâcheté quand la décision politique s’abritait derrière les « scientifiques » ! Et pourtant, quand il a fallu déconfiner pour faire reprendre le travail, il n’y a pas eu besoin de sortir le parapluie médical, le conseil scientifique lui-même étant réticent. Alors, on a sorti le parapluie « économique ». C’est toujours les autres qui font la loi : le virus fait la loi, l’économie fait la loi, le parlement est en sommeil et le gouvernement « subit » le virus, « subit » l’économie.

Le monde d’après ne sera plus celui d’avant avait promis le président à la mi-mars. On félicite et applaudit bien fort le personnel soignant sans s’excuser de l’avoir peu de temps auparavant matraqué, arrosé de gaz lacrymogènes. Ce personnel n’avait pas plus de masque en manifestation qu’il n’en avait pour soigner. Une dizaine de jours ne se sont pas écoulés depuis le déconfinement, que le président affirme  « Il y a eu une doctrine restrictive pour ne jamais être en rupture, que le gouvernement a prise et qui je pense était la bonne. Il y a eu ensuite un approvisionnement renforcé et une production renforcée, et nous n’avons jamais été en rupture. » Bel exemple de pédagogie ignatienne[1]. Oui, bien sûr il restait quelques masques, il n’y avait pas rupture de stock, mais l’essentiel c’était la pénurie bien réelle, et des soignants l’ont payé de leur vie, obligés de porter, quand ils en avaient, le même masque toute une journée. Orgueil et impudence que de ne pas reconnaître les fautes et les erreurs, imprudence que de revenir au « monde d’avant », celui du « circulez, il n’y a rien à voir ».

Il n’y aura pas de nouvelle politique sanitaire avec le même personnel dirigeant

Les enquêtes, qu’il s’agisse des procédures pénales, des commissions parlementaires, nous en apprendront sur les responsabilités individuelles, de même que seront utiles les travaux indépendants issus des initiatives citoyennes, de chercheuses et chercheurs, de journalistes, professionnels, syndicalistes.

Ce qui est certain, au-delà des responsabilités individuelles, c’est qu’il s’agit d’un système qui a failli. Celles et ceux qui le font fonctionner, qui en sont l’âme et l’outil ne sont pas armés pour mener une politique alternative. Le voudraient-ils sincèrement, qu’il leur faudra du temps, du recul, pour réfléchir, pour tirer les bilans, s’extraire de leur gangue doctrinale pour s’éduquer sur d’autres bases que les tableaux excel et la rentabilité à courte vue. Qu’ils se montrent pour une fois dignes et s’en aillent prendre du repos pour ce faire, et laissent la place. Il ne manque pas de capacités dans le pays, formées ailleurs qu’à l’ENA et chez les « premiers de cordée ».  Pendant deux mois les soignants ont pu s’organiser, reprendre un peu de pouvoir face aux administrateurs dans les hôpitaux. Les enseignants ont inventé sans attendre des « consignes » ministérielles. Face aux carences de l’Etat, cette capacité à prendre en charge les affaires publiques s’est manifestée avec l’inventivité et les initiatives populaires, dans les quartiers, les entreprises, pour faire face aux pénuries, pour faire vivre les solidarités. Cela vaut pour la France comme à l’international[2]  Là est l’avenir.

 

P.S.

Comité de santé publique

Au cours du confinement, malgré les limitations imposées aux libertés publiques pendant « l’état d’urgence sanitaire » qui se prolonge, des hommes et des femmes de professions, d’horizons et de générations diverses, confrontés au risque sanitaire, ont décidé d’entreprendre une démarche citoyenne permettant d’interroger chaque étape, passée et à venir, du confinement et du déconfinement, afin que plus jamais une telle catastrophe ne se répète et ont décidé de s’engager dans un Comité de santé publique national, et des comités locaux, en mobilisant ensemble professionnels de santé, chercheurs, usagers, salariés, citoyens… dans l’action et la formulation de propositions, pour reconstruire un service public de santé répondant aux besoins, parce que la santé est l’affaire de toutes et tous. Fruit de ces semaines de travail, elles et ils ont rédigé un texte (voir plus bas), et en Ile-de-France un meeting (virtuel) se tient mardi 26 mai. Pour le contacter, pour signer l’appel : pouruncomitedesantepublique@gmail.com

Mardi 26 mai 19h
Meeting virtuel parisien en vue de formation d’un Comité parisien de Santé publique

La crise sanitaire révèle les désastres de la mondialisation, destructrice du vivant et de la planète, menaçante pour l’humanité. Elle frappe partout et surtout les plus fragiles déjà victimes des politiques néolibérales. Du fait du manque de masques, de tests ou de moyens pour les hôpitaux l’épidémie est devenue pandémie.
Le déconfinement représente un enjeu. Les impératifs sanitaires ont désormais plus que jamais partie liée avec l’ensemble des relations sociales, économiques, mais aussi démocratiques, qui régissent nos sociétés.
Face à des pouvoirs politiques, économiques et administratifs discrédités, l’exemple des initiatives surgies de la base montrent la voie : la puissance citoyenne doit se réapproprier l’expertise sanitaire et sociale et la partager le plus largement.
Pour ce faire, se met en place un Comité de santé public à l’échelle nationale comme au niveau territorial. Ses initiateurs et initiatrices vous invitent à participer à un Meeting virtuel le mardi 26 mai de 19 h à 21 h.

En deux séquences, plusieurs intervenants : personnel soignant, associatifs, syndicalistes présenteront d’abord un état des lieux sanitaire, puis aborderont les propositions et actions nécessaires sur différents terrains : système de santé, transports, lieux de travail.

Participer à la réunion Zoom
https://us02web.zoom.us/j/82802062053

ID de réunion : 828 0206 2053
Une seule touche sur l’appareil mobile
+33170950103,,82802062053# France
+33170950350,,82802062053# France

Composez un numéro en fonction de votre emplacement
+33 1 7095 0103 France
+33 1 7095 0350 France
+33 7 5678 4048 France
+33 1 7037 2246 France
+33 1 7037 9729 France
+1 253 215 8782 États-Unis d’Amérique (Tacoma)
+1 346 248 7799 États-Unis d’Amérique (Houston)
+1 669 900 9128 États-Unis d’Amérique (San Jose)
+1 301 715 8592 États-Unis d’Amérique (Germantown)
+1 312 626 6799 États-Unis d’Amérique (Chicago)
+1 646 558 8656 États-Unis d’Amérique (New York)
ID de réunion : 828 0206 2053
Trouvez votre numéro local : https://us02web.zoom.us/u/kdVzqGehE8

 

 

POUR UN COMITE NATIONAL DE SANTE PUBLIQUE

Partout en France, formons les comités locaux du Comité national de Santé publique

La crise sanitaire révèle les désastres de la mondialisation, destructrice du vivant et de la planète, menaçante pour l’humanité. Elle frappe partout et surtout les plus fragiles déjà victimes des politiques néolibérales.

Une telle crise était annoncée depuis une quinzaine d’années, pourtant rien n’a été fait pour être prêt à faire face. Bien au contraire. En raison du manque de masques, de tests ou de moyens pour les hôpitaux (matériels, lits, personnels), l’épidémie de Covid.19 s’est largement et rapidement diffusée. Le confinement général a été la solution moyenâgeuse imposée, sous un nouvel état d’urgence dérogatoire aux libertés ordinaires, par un président et un gouvernement à la gestion calamiteuse et dramatique.

Aujourd’hui, le déconfinement représente un enjeu de société. Les impératifs sanitaires ont désormais plus que jamais partie liée avec l’ensemble des relations sociales, économiques, mais aussi démocratiques, qui régissent nos sociétés.

Alors que rien n’exclut le retour au « jour d’avant », en pire, il est temps de refuser que le prolongement de la crise sanitaire en crise de société ne laisse plus encore de gens sur le bord du chemin.

Face à des pouvoirs politiques, économiques et administratifs discrédités, nombre d’initiatives montrent la voie montrent la voie : la puissance citoyenne doit se réapproprier l’expertise sanitaire et sociale et la partager le plus largement.
Faisant suite à une première initiative parisienne et francilienne, nous appelons à la formation de comités locaux partout en France et à l’institution d’un Comité national de santé publique.

Nous nous adressons aux médecins, soignant.e.s, personnels de santé, chercheurs et chercheuses, pharmacien.ne.s, représentant.e.s de collectivités, de forces politiques, de syndicats, d’associations de malades ou de patients, de lutte pour la santé publique ou de défense de la santé environnementale, de groupes d’auto-organisations solidaires, aux lanceurs et lanceuses d’alerte, aux citoyennes et citoyens  prêt.e.s à s’engager dans cette démarche, français ou étrangers, avec ou sans papiers, etc.

Nous invitons, toutes et tous, à former ensemble un Comité national de santé publique chargé d’évaluer et d’informer sur l’évolution de la situation sanitaire et sociale, pour anticiper les défis qui vont se présenter et pour établir sans concession les responsabilités de toutes celles et tous ceux qui nous ont amenés là.

Le Comité national de santé publique affirmera la nécessité de remplacer le primat de la logique budgétaire par les besoins des patients dans le respect plein et entier des libertés individuelles et collectives.

Le Comité national de santé publique sera un outil permettant à la population de décider collectivement et en connaissance de cause pour trouver une issue positive et raisonnée, tout en portant l’exigence de justice et de responsabilité.

Le Comité national de santé publique travaillera notamment à l’organisation d’un dispositif de veille scientifique, doté de moyens adéquats, afin d’assurer dans la transparence et en dehors de tout conflit d’intérêt, une information rapide des citoyens sur la situation nationale et internationale de l’épidémie de Covid19, sur l’état de la situation sanitaire et sociale, etc.

Le Comité national de santé publique s’inscrira en complémentarité et en convergence avec l’ensemble des initiatives citoyennes, associatives, syndicales, professionnelles et politiques qui ont vu le jour à l’occasion de la crise (ou antérieurement à elle) et qui portent la dénonciation et la rupture avec le désordre organisé source de cette crise sanitaire et sociale.

Dès à présent, les appelants au Comité national de santé publique se saisissent du suivi de la gestion des masques (qui doivent être gratuits, financés par les employeurs pour leurs salariés et pris en charge par une sécurité sociale renouant avec ses ambitions initiales de santé publique), des masques, des tests, des respirateurs, des médicaments en tension, mais aussi de l’évaluation des différents indicateurs qui permettent la prise de décision.

Les appelant.e.s s’engagent à promouvoir une Sécurité Sociale dégagée de la logique du marché et administrée par des représentant.e.s élu.e.s des assurés sociaux. Les appelant.e.s s’engagent à militer dès à présent pour un plan de financement massif pour l’hôpital et ses salarié.e.s qui se sont démené.e.s et se démènent toujours dans cette crise sanitaire.

Les comités locaux et le Comité national de santé publique seront ouverts à toutes celles et tous ceux qui souhaitent y participer.

Le Comité national de santé publique travaillera à l’élargissement des participations et à la publicité de ses travaux auprès de toutes et tous. Il sera un espace libre du débat argumenté pour construire dès aujourd’hui un nouvel épisode de solidarité collective.

 

[1] La vie, 20 juin 2018.

[2] Voir les brèves et les documents de Un virus très politique aux Editions Syllepse. https://www.syllepse.net/syllepse_images/articles/un-virus-tre–s-politique–n-deg-7.pdf


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