Il n’y a pas que les patrons de bar qui “prennent très cher”

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SOURCE : NPA

Henri Wilno
Hebdo L’Anticapitaliste – 538 (08/10/2020)

Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, a déclaré le mardi 6 octobre que les patrons de bars et de restaurants « prennent très cher ». Certains d’entre eux sont effectivement en difficulté, voire en grande difficulté. Presse et radio ne cessent de nous en parler, mais on note qu’elles ne s’intéressent guère à leurs salariéEs et plus généralement aux millions de personnes qui subissent le poids de la crise.

 

Selon une première étude réalisée durant le confinement par lInstitut de recherches économiques et sociales, 35% des actifs navaient pas perçu lintégralité de leur rémunération à la suite du confinement : 6% des actifs ne touchaient plus aucun revenu et 29% des actifs seulement une partie de leur revenu (activité désormais à temps partiel, chômage partiel ou technique). Ces proportions étaient très variables selon la catégorie sociale. Outre les artisanEs et petitEs commerçantEs, les plus touchés ont été les ouvrierEs et les employéEs.

 

Un recul rare en temps de paix

Depuis, plus de 700 000 personnes ont perdu leur emploi et cela continue avec la vague des plans sociaux et des suppressions demplois sous toutes leurs formes. Cela se traduit dans lactivité des organismes humanitaires. Cest ce que montre la nouvelle édition du baromètre  de la pauvreté Ipsos/Secours populaire, qui enregistre un recul rare en temps de paix : unE FrançaisE sur trois a subi une perte de revenus depuis le confinement. Parmi elles et eux, 43% des actifs disent avoir perdu une partie de leurs revenus. Et 16% des répondants enregistrent même une perte quils qualifient d’« importante ». Cest le cas dun tiers des ouvrierEs et de près dun quart des personnes au bas de l’échelle des revenus (moins de 1 200 euros nets par mois).

Si, près de la moitié des Français aurait mis de largent de côté durant le confinement, un tiers narrive chaque mois qu’à boucler péniblement son budget ; tandis que 18% sont systématiquement à découvert.

Déjà, le précédent baromètre Ipsos/Secours populaire avait montré « une dégradation sans précédent » des conditions de vie des plus précaires en 2019. Une dégradation sans doute liée à la baisse des allocations logement, surtout pour les familles monoparentales, la hausse de la CSG, le changement des prestations daccueil des jeunes enfants et la réduction des contrats aidés (qui ne sont pourtant pas une solution).

Craintes sur lavenir des plus jeunes

Pour payer leurs loyers, de nombreux ménages sont désormais obligés de rogner sur leurs autres dépenses. Pour ceux qui sont dans la situation la plus difficile, de débumars à la mi-avril, le Secours populaire a assuré en urgence lalimentation de 1,3 million de personnes contre 3,3 millions sur toute lannée 2019. Une vague qui a continué pendant l’été. Les étudiantEs, nombreux à occuper des petits boulots pour financer leurs études, représentent une autre catégorie touchée par la crise.

Les craintes sont aussi très fortes sur lavenir des plus jeunes : 81% des personnes interrogées considèrent que le risque de pauvreté est plus élevé pour leurs enfants que pour eux-mêmes. Cette inquiétude a été réactivée par la fermeture des écoles : 44% des parents denfants scolarisés pensent que leurs enfants ont pris du retard à cette occasion. La crainte de voir ses enfants décrocher à l’école est particulièrement présente chez les ouvrierEs : 25 % pensent que leurs garçons et leurs filles ont pris un retard quil leur sera très difficile, voire impossible, à rattraper. Le confinement a accentué les inégalités scolaires, avec le « manque de matériel informatique (ordinateurs, imprimantes) et d’accèà internet pour suivre l’école à distance, des logements exigus ne permettant pas de s’isoler pour étudier dans le calme », souligne le Secours populaire.


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