Contrairement à ce qu’affirme Darmanin, le CRS au blason nazi n’a pas été révoqué

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SOURCE : Marianne

Devant la commission des lois, le ministre de l’Intérieur a affirmé le 30 novembre qu’il n’avait « pas gardé » un policier « qui avait porté un écusson qui rappelait le IIIe Reich. » Or ses services confirment aujourd’hui que cet homme est toujours dans la police. Le ministre avait uniquement fait annuler sa promotion à la suite d’un article de “Marianne” cet été.

Contrairement à ce qu'affirme Gérald Darmanin, le CRS au blason nazi n’a pas été révoqué

Gérald Darmanin a voulu mettre en avant une de ses premières décisions en tant que ministre, en attestant, face à la commission des lois, le lundi 30 novembre, qu’il avait révoqué un agent de police ayant arboré un blason nazi. Mais patatras : cela ne s’est jamais produit. Le ministre a uniquement bloqué l’avancement de ce policier à la suite de révélations de Marianne fin juillet, en demandant au directeur général de la police nationale de l’annuler, comme nous l’a confirmé le 1er décembre son cabinet.

« Il est vrai que de la part de ceux qui ont l’autorité, des propos racistes, des actes racistes sont absolument inacceptables (…) L’un de mes premiers gestes en tant que ministre de l’Intérieur, ça a été de ne pas garder dans la police nationale un agent qui avait porté un écusson qui rappelait le IIIe Reich, ça me paraissait la moindre des choses », a-t-il déclaré devant la commission des lois dans le cadre de son audition sur les conditions dans lesquelles les forces de l’ordre ont recours à la force. Mais le CRS en question est donc en réalité toujours dans les effectifs. Sollicités par Marianne pour savoir si une révocation avait effectivement été sur la table, les services du ministère ont uniquement répondu que cette question « relevait des conseils de discipline », sans s’étendre plus en avant sur la question.

DÉJÀ SANCTIONNÉ PAR UN ANCIEN MINISTRE DE L’INTÉRIEUR

Promu le 30 juin 2020 brigadier-chef, son nom était inscrit sur le tableau d’avancement de l’été dans un arrêté signé de la main de Frédéric Veaux, directeur général de la police nationale, « pour le ministre de l’Intérieur et par délégation ». Un avancement surprenant puisqu’il avait par le passé arboré fièrement sur son casque de travail un blason représentant la 12e Panzer SS, une division nazie ayant officié pendant la Seconde Guerre mondiale. Le brigadier G. avait été sanctionné en 2015 par décision du ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, de quinze jours d’exclusion.

Ce CRS était l’un des supérieurs hiérarchiques d’Inès* en 2012 : elle était gardienne de la paix et lui brigadier dans une compagnie de Joigny (Yonne). Cette dernière est l’une des personnes ayant lancé l’alerte sur l’admiration de son chef pour le matériel nazi, ainsi que sur les propos sexistes et racistes tenus dans leur unité et sur sa « mise à l’écart » par lui et d’autres. Une première enquête de Marianne racontait son calvaire en 2016. Quand Inès avait appris sa promotion cet été, elle était restée pantoise. Comment imaginer que lui soit récompensé et qu’elle n’ait toujours pas obtenu une réparation qui lui convienne ?

PAS DE RÉPARATION POUR LA CRS

Car la jeune femme a été reconnue victime de propos discriminatoires et sexistes dans son unité, dans laquelle le brigadier G. était un de ses supérieurs, par le défenseur des Droits et le tribunal administratif. L’autorité indépendante et le tribunal avaient tous deux fustigé l’inaction du ministère de l’Intérieur pour la protéger. Il était alors recommandé au ministère par le défenseur des Droits « d’examiner la demande de mutation d’Inès afin qu’elle puisse retrouver rapidement une affectation lui permettant d’exercer ses fonctions dans des conditions sereines ». Résultat : la CRS n’a obtenu ni réparation, ni mutation proche de son domicile. Depuis un congé maladie après une blessure en service en 2012, elle a été en congé maternité et parental, s’y sentant forcée puisque la seule mutation proposée était, affirme-t-elle, bien trop éloignée de chez elle.

Face à la décision d’annuler la promotion du brigadier G. cet été, Inès était restée pantoise : « Dès le début, tout a été mal fait avec une sanction aussi minime de 15 jours d’exclusion. Ils enlèvent la promotion oui, et alors ? Et tous ceux qui sont déjà promus sans qu’on ne le sache ? » Elle précisait : « Il y a vraiment un dysfonctionnement dans la police nationale. Il faut se demander comment en est-on arrivé là. Comment ça se fait que ce monsieur a pu faire carrière dans la police, avec de telles idées. Il a pu mettre un insigne nazi à la vue de tous sur son casque, un matériel qu’on porte en intervention. C’est symptomatique. Quelles sont les solutions à trouver pour empêcher que cela se reproduise ? »


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