Les impayés de loyer, “bombe à retardement” de la crise sanitaire

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SOURCE : Télérama

Des sans-abris à Paris, en novembre 2020.

L’HUMEUR DU JOUR — La Fondation Abbé-Pierre alerte, dans son rapport de l’année 2020, sur la “double peine” des personnes en situation de mal-logement durant le confinement et sur l’explosion des expulsions locatives qui risque de se produire dans les mois à venir. Et dénonce l’attentisme du gouvernement.

Il y a cette jeune mère célibataire confinée dans un appartement insalubre rempli de « milliers de cafards » qu’elle retire de son corps et de ceux de ses trois enfants, obligés de dormir dans le même lit avec du coton dans les oreilles par peur des nuisibles. Ou cette autre maman ivoirienne, qui traverse la crise sanitaire dans une chambre d’hôtel de 10 mètres carrés avec ses deux fils, les déposant à tour de rôle dans une poussette qu’elle fait tourner sur elle-même pour leur donner l’impression de partir en balade. Dans son rapport annuel, publié ce mardi 2 février, la Fondation Abbé-Pierre rend compte de la terrible aggravation des difficultés des personnes mal logées durant la crise sanitaire. La problématique de la suroccupation des logements, qui a rendu ces périodes de confinement particulièrement insupportables, a également été un facteur d’exposition au virus dans les foyers précaires.

Des aides publiques au plus bas

La Fondation alerte aussi sur la « bombe à retardement » que constituent les impayés de loyers. La situation économique et sociale de « dizaines de milliers » de Françaises et Français, dégradée par la crise, pourrait aboutir à ce qu’ils soient menacés d’expulsion lorsque ces procédures reprendront. Les bailleurs sociaux totalisent 65 millions d’euros supplémentaires de retards de paiement par rapport à l’avant-Covid. Les effets de la pandémie ont non seulement exacerbé les dangers qui pesaient sur les plus pauvres, mais ont également « déstabilisé des publics jusqu’ici protégés », poursuit le rapport.

Et celui-ci d’alarmer sur le manque de mobilisation du gouvernement : à l’exception de la rénovation thermique des logements, le plan de relance annoncé par l’exécutif fait l’impasse sur le secteur. La part des aides publiques au secteur du logement, 1,59 % du PIB, n’a jamais été aussi basse depuis trente-six ans que ces données existent. « Les choix politiques des derniers mois n’apportent pas de réponse à la hauteur des enjeux »,conclut la Fondation. Les solutions sont pourtant connues, en particulier l’encadrement des loyers et la mise en œuvre d’une garantie universelle des loyers. Sans des mesures d’ampleur et d’urgence, le monde d’après pourrait fortement ressembler à celui de l’hiver 1954, celui-là même qui avait vu l’abbé Pierre lancer son mouvement.


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