Covid-19 à l’école: le protocole sanitaire allégé est “complètement hallucinant”, dénoncent les syndicats d’enseignants et de parents d’élèves

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SOURCE : France TV info

Une enseignante dans une classe de CE2, le 19 janvier 2021, à Bruyères-le-Châtel (Essonne). (MYRIAM TIRLER / HANS LUCAS / AFP)

Avec les nouvelles mesures mises en place vendredi par le ministère de l’Education, les enseignants ne sont plus considérés systématiquement comme cas contact et il n’y a pas de fermeture automatique de la classe en cas de contamination d’un élève au variant détecté au Royaume-Uni.

“Un jour, vous êtes cas contact. Le lendemain, vous ne l’êtes plus. C’est extrêmement compliqué de suivre”, explique à franceinfo Gilles Langlois, secrétaire national du syndicat des enseignants SE-Unsa. Le ministère de l’Education nationale a modifié, vendredi 12 février, le protocole sanitaire en vigueur dans les écoles. Le personnel n’est plus cas contact systématique et il n’y a pas de fermeture automatique de la classe en cas de présence du variant détecté au Royaume-Uni (B.1.1.7).

Jusqu’ici, le protocole sanitaire prévoyait que, dans le primaire et le secondaire, si un cas de variant B.1.1.7 était confirmé parmi les enseignants ou les élèves, la classe concernée devait fermer. Désormais, il faudra trois cas positifs à ce variant pour entraîner la fermeture d’une classe. “L’objectif du ministère est clair : il s’agit de maintenir les écoles ouvertes”, estime Gilles Langlois.

“Pas suffisamment protégés”

“On ne comprend pas, parce qu’il n’y a pas eu de baisse des contaminations et que la question des variants est inquiétante dans plusieurs territoires, notamment en Moselle ou à Dunkerque, poursuit Guislaine David, cosecrétaire générale et porte-parole du SNUipp-FSU. Ce syndicat majoritaire chez les enseignants du premier degré réclame l’annulation du nouveau protocole et un retour au “principe de précaution”. “On a l’impression de ne pas être suffisamment protégés avec ce nouveau protocole. La zone B, qui n’est pas encore en vacances [elle le sera à partir du 20 février], risque de payer un lourd tribut de ces décisions. C’est complètement hallucinant, on a l’impression de marcher sur la tête avec cette adaptation du protocole.”

La SNUipp-FSU soupçonne le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, de penser d’abord à sa communication : “Le ministre pourra dire : ‘Regardez, les enfants ne se contaminent pas dans le milieu scolaire’. Mais c’est faux, on voit bien qu’il y a des contaminations. On a notamment une situation très compliquée en Moselle. Les élus ont tous réclamé de fermer les écoles plus tôt, et ils ont obtenu un refus catégorique du ministère. C’est dogmatique, et ça met en danger les enseignements et les élèves.”

Il ne suffit pas de casser le thermomètre pour faire baisser la fièvre… Ce n’est pas parce qu’on ne ferme plus les classes qu’on aura une baisse des contaminations.

Guislaine David, cosecrétaire générale du SNUipp-FSU

à franceinfo

Le ministère de l’Education, contacté par l’AFP, propose une autre lecture de la décision et explique que “fermer plus massivement rendrait le contact tracing et les tests plus difficiles. Au lieu de tester tout un établissement, il faudrait retrouver chaque élève chez lui, où les gestes barrières sont bien différents (pas de masque chez soi, etc.)”. Selon des chiffres officiels publiés vendredi par le ministère, 1 599 classes et 103 établissements scolaires étaient fermés en raison de cas de Covid-19 − sachant qu’une zone, la A, était déjà en vacances −, contre 934 classes et 105 établissements une semaine plus tôt.

“En totale déconnexion de la réalité des écoles”

Le nouveau protocole sanitaire concernant les écoles de la maternelle au lycée a été publié dans la foire aux questions (FAQ) du site du ministère de l’Education nationale, une méthode qui provoque également la colère de certains syndicats. Le collectif Ecole et familles oubliées a dénoncé dans un communiqué une “publication en catimini” et des règles “en totale déconnexion de la réalité des conditions sanitaires des écoles”. “Cela fait 15 jours qu’on n’a pas eu de réunion sanitaire avec le ministère”, ajoute Guislaine David. Un point sanitaire entre le ministère et les organisations syndicales est d’ailleurs prévu mardi 16 février à 15 heures.

Face à ce nouveau protocole, les syndicats dénoncent surtout la difficulté pour le corps enseignant de s’adapter sans cesse à de nouvelles mesures. “Cela demande aux chefs d’établissement de passer beaucoup de temps à lire, à relire pour comprendre les règles”, souffle Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du Sgen-CFDT. “On a un manque complet de visibilité, avec des revirements incessants dans les règles à appliquer, peste Gilles Langlois. C’est d’une extrême complexité, la multiplication des situations et des cas rend très difficile la mise en œuvre du protocole.”

“La perte de lisibilité des règles accroît l’inquiétude des personnels.”

Gilles Langlois, du syndicat SE-Unsa

à franceinfo

“On en est au troisième protocole en un mois. J’ai des enfants et j’évite de changer d’avis toutes les deux secondes”, abonde Rodrigo Arenas, coprésident de la FCPE (Fédération des conseils de parents d’élèves). “On n’est ni virologue ni épidémiologiste, mais on ne comprend pas trop ce nouveau protocole, ajoute Catherine Nave-Bekhti. On demande désormais de la visibilité et également un travail de fond sur l’adaptation à la réalité scolaire avec l’épidémie, pour voir ce qui peut être attendu dans les enseignements en fin d’année.”

“Il faut arrêter d’essayer de faire comme si c’était une année normale, et du coup de culpabiliser les enseignants qui ne parviendraient pas à finir le programme.”

Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du Sgen-CFDT

à franceinfo

Globalement, les syndicats réclament également davantage de moyens pour terminer cette année difficile. “Entre novembre et février, nous avons eu du personnel supplémentaire, notamment pour remplacer les professeurs. Et, pour l’instant, on n’a toujours pas de réponse pour savoir si leurs contrats seront renouvelés jusqu’à la fin de l’année”, constate Catherine Nave-Bekhti.


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