Présidentielles : le NPA jeunes doit contribuer à rendre crédible notre programme et donner à la campagne un profil offensif face aux oppressions

Contribution pour le Secrétariat national du NPA Jeunes

Charlotte (pf2, ARC), Rémi (pf2, ARC), Charles (pf2, ARC), Silane (pf2, ARC)

 

Pour un programme communiste crédible, au-delà du simple programme d’urgence habituel.

L’élection présidentielle est le moment idéal pour déployer le programme communiste, parce qu’il est question de « projets de société ». Le NPA déploie habituellement dans les campagnes présidentielles un « programme d’urgence » avec une série de mesures comme l’interdiction des licenciements, l’augmentation des salaires, la baisse du temps de travail, la réquisition des logements vides, les transports publics gratuits, la liberté de circulation et d’installation, etc.

Toutes ces mesures sont justes à défendre, mais tant qu’elles ne sont formulées que comme des objectifs de lutte et non également comme les éléments articulés dans une cohérence programmatique d’ensemble de prise du pouvoir par les travailleursSEs et d’instauration d’un nouveau mode de production, le programme n’apparaît pas crédible et reste peu audible, et surtout, il peine à se distinguer de celui des réformistes.

Le journal Marianne a par exemple interprété un passage de la déclaration issue de la CN comme une défense du projet de « revenu universel ». Écrire dans la déclaration en question que nous défendons “la garantie de vivre dignement avec un revenu tout au long de la vie” sans expliquer sur quelle base nous fondons et finançons cette garantie peut en effet avoir pour conséquence de semer la confusion. Il faudrait aussi par exemple être capables d’expliquer en quoi l’expropriation sans rachat des entreprises et la planification permet-elle d’ “interdire” les licenciements, eux-mêmes liés aux caractère concurrentiel de la production capitaliste; ou encore comment le “monopole public bancaire” que nous défendons habituellement (plus précisément : la socialisation de l’ensemble du système bancaire) permet d’annuler l’ensemble de la dette publique, et pas seulement la partie détenue par la banque centrale européenne. Les mesures écologiques (fin de l’obsolescence programmée, transition énergétique, réduction de la production dans certains secteurs…) doivent prendre place dans une vision de la planification écologique qui rompt avec la propriété privée des moyens de production et la prend le contrôle de la répartition du surplus social, loin d’une logique d’investissement financé par la dette dont le paiement des intérêts finirait par retomber sur le porte-monnaie des travailleurSEs. C’est bien cette mise en cohérence du programme qui permettrait au parti de se démarquer entre autres du programme réformiste social-keynésien de la FI, au-delà de la simple critique du “nationalisme” et du “présidentialisme” de Mélenchon.

 

Pour une campagne offensive face au sexisme, au racisme, et aux LGBTIphobies.

À la dernière université d’été du NPA, les représentantEs de Lutte Ouvrière ont une fois de plus exprimé le mépris de leur organisation pour les questions d’oppression comme le racisme, le sexisme et les LGBTIphobies, qu’ils considèrent comme secondaires, alors même que des milliers de jeunes se politisent et se mobilisent sur ces questions et qu’il y a ainsi une demande de radicalité là-dessus, et surtout, alors que ce sont des oppressions sans lesquelles le système capitaliste ne pourrait pas fonctionner. De ce point de vue, le NPA peut se démarquer, et le NPA Jeunes peut y contribuer, à condition :

– De refuser de rentrer dans le piège du débat sur la laïcité et la religion, thématique agitée à des fins racistes et principalement islamophobes. Les croyances religieuses ne sont pas en soi le terreau de la réaction ni ne sont un obstacle en soi à la lutte pour l’émancipation. Ces polémiques font justement le jeu des islamistes fondamentalistes qui sont soi-disant visés par ces discours qui ont en réalité pour objectif de susciter la peur d’un « ennemi intérieur ». Mais pour nous, « L’unité de [la] lutte réellement révolutionnaire de la classe opprimée combattant pour se créer un paradis sur la terre nous importe plus que l’unité d’opinion des prolétaires sur le paradis du ciel.» (Lénine, 1905).

– De dénoncer l’instrumentalisation du féminisme à des fins racistes et impérialistes, à propos notamment de la question du port du hijab. Nous ne militons pas pour le voile, mais nous nous opposons à toute forme de contrôle policier de la manière dont les femmes devraient s’habiller, ou d’exclusion des femmes des services publics (piscines municipales et écoles par exemple) sous prétexte de leur tenue. En parallèle, la polémique réactionnaire autour de l’interdiction des crops-tops au lycée remet ce slogan au goût du jour : « Trop couvertes ou pas assez, c’est aux femmes de décider ! ».

– De prendre à bras le corps la question de l’oppression des femmes, non pas simplement pour la noyer dans les questions sociales de classe en général ou pour dire que ça divise la classe ouvrière, mais plutôt en expliquant comment un programme communiste peut favoriser la destruction de cette oppression indispensable au fonctionnement du capitalisme, à la reproduction (immédiate et intergénérationnelle) de la force de travail. Nous devrions mettre en avant ces mesures qui nécessitent une socialisation de la plus-value pour les investissements qu’elles nécessitent : développement massif de crèches, de lieux de restauration collective, ouverture de centres d’hébergement d’urgence pour les femmes victimes de violences, réouvertures de centres IVG, campagne d’éducation de masse sur la question du consentement sexuel et du harcèlement, reconnaissance de l’endométriose (fin de la journée de carence au travail, formation au diagnostic, prise en charge systématique par la sécu); formation, embauche de personnel et fin de la sous-traitance dans les secteurs très féminisés de la santé, du travail social et du nettoyage…

– De mettre en avant des revendications élémentaires concernant les LGBTI+, déjà pour la plupart mises en avant par le parti : ouverture de places d’hébergement pour les jeunes LGBTI+ victimes de discrimination, interdiction des “thérapies de conversion”, la PMA vraiment pour TouTEs, facilitation de la reconnaissance de la filiation pour les couples lesbiens, prise en charge par la sécurité sociale et facilitation des parcours de transition, changement d’état civil sur simple demande pour les personnes trans, accueil inconditionnel des migrantEs LGBTI+, et globalement, la dépense de moyens pour la formation à la sensibilisation contre les LGBTIphobies.

– D’affirmer le caractère fondamentalement raciste de l’institution policière et le caractère systémique des violences policières en particulier dans les banlieues où la jeunesse racisée et sans perspective sociale est laissée à son propre sort. La répression policière raciste est la méthode par laquelle l’Etat bourgeois gère le surplus d’ “armée de réserve” du marché du travail. Un récent sondage mené par OpinionWay montre une certaine conscience de la problématique dans la jeunesse en France : 67% des 18-24 ans estimeraient que « la violence policière est une réalité en France » et 71% que « les policiers qui commettent une bavure sont couverts par leur hiérarchie » (contre 42% et 39% chez les plus de 65 ans). Selon un autre sondage de la même agence, les 18-30 ans jugeraient à 48 % que « la police est raciste ».

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