Chez Axa France, le vol des congés et des jours de repos

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SOURCE : NPA

Lundi 6 avril sera la 4e semaine de travail à distance pour l’ensemble des salariés d’Axa France. Dès le 10 mars, des salariés d’activités dites «critiques», puis finalement tout le personnel a évacué les différents sites situés en France, ainsi qu’au Maroc.

Le télétravail est donc imposé pour tous, alors que certains ne sont pas en capacité : pas d’internet, petit logement, garde des enfants, enfants en bas âge, aidants de parents âgés, conjoint lui-même en télétravail), travail sur PC portable sans grand écran pour ceux qui n’avaient pas de télétravail. La continuité du «Business» impose réunions téléphoniques et patron à domicile tous les jours à toute la famille confinée, par exemple quand votre enfant est en train d’apprendre à marcher et qu’il faut le surveiller constamment, que les enfants doivent faire les devoirs demandés par Blanquer et ne pas surfer sur Internet ! La charge mentale du travail et l’intendance d’une maisonnée touche en premier lieu les femmes. Ces conditions de travail et de vie entraîne augmentation du temps de travail, fatigue, stress.

Les ordonnances : une aubaine pour voler les congés.

La direction veut réquisitionner les congés et imposer la prise de congés payés ou jours de RTT ou du Compte Epargne Temps à raison de 5 à 10 jours sur le mois d’avril dans les secteurs qu’elle considère en baisse d’activité. Elle n’a pas attendu la publication des ordonnances sur les mesures d’urgence du gouvernement pour les anticiper et déroger au Code du travail. Elle a commencé par vouloir refuser la déprogrammation des congés acquis en 2019 et posés jusqu’à la fin de mai. A postériori, elle va consulter le CSEC comme l’indique la dernière ordonnance. Le «dialogue» social est sauf. Comme dirait Pénicaud : nous avons un droit du travail protecteur !

Aujourd’hui, sous la pression des grands et petits chefs, des salariés se voient imposer de prendre des jours de repos. Des congés confinés, ce n’est pas du repos.Au prétexte que les salariés seraient privilégiés et ont la possibilité de travailler à domicile en étant protégés du virus, elle vole les congés. La solidarité, c’est toujours dans le même sens. Les sacrifices pour les travailleurs, pas pour les actionnaires.

La possibilité d’avoir recours au télétravail n’est pas une nouveauté

Depuis quinze ans, l’entreprise a entamé sa «transformation numérique» : tous les «flux entrants» des dossiers clients ou des agents commerciaux : mails, courriers papiers, formulaires, signature numérique des contrats : tout est numérisé ou en grande partie. Le traitement des dossiers ou «back office» peut se faire à Paris, à Toulouse, chez des sous-traitants en région, ou au Maroc où l’entreprise a externalisé ses emplois de gestion en créant des postes de travail. Prônant le «dialogue social» en France tout en licenciant les salariés marocains tentant de créer des syndicats. Les appels téléphoniques y sont également routés. Cette transformation a abouti à des gains de productivité ou des réductions des temps de traitement de ses activités d’Epargne et Prévoyance Individuelle et Collective, Santé, Habitation, Automobile pour ses clients Particuliers et Professions libérales ou des contrats des grandes Entreprises.

Elle a développé le télétravail depuis plusieurs années, tout d’abord en fermant les yeux sur les cadres qui travaillaient à domicile parce qu’ils fuyaient les open space bruyants, puis l’a ouvert par des avenants individuels au contrat de travail dans le cadre d’un accord collectif. La grève contre les retraites a été une opportunité de tester grandeur nature la continuité des activités. Ceci a touché le personnel qui ne pouvait se déplacer ou mal faute de transports publics en région parisienne, car la grève marchait fort à la SNCF ou sur les lignes RATP.

Aussi le 10 mars, elle a déclenché son Plan d’urgence pour faire face à des interruptions de toutes natures (pandémie, catastrophes naturelles, incendie,…) en imposant à tous le télétravail le week-end précédent les annonces gouvernementales du confinement. S’agissait-il de protéger le personnel ou d’assurer la continuité des activités ? Toujours est-il que le PDG s’affichait sur le portail intranet se promenant dans les services quelques jours avant le confinement en se faisant prendre en photo adossé aux fauteuils des salariés devant les écrans de leurs postes de travail. Quelques jours plus tard un enregistrement vocal solennel du même PDG indiquait sa réjouissance de la «mobilisation» des travailleurs de l’entreprise pour la continuité des affaires dans cette période de crise tout en préparant «l’après» puisque la crise du coronavirus a entraîné la chute des bourses financières.

La vision des patrons du CAC pour l’ «avant» ou «l’après» est toujours en continuité avec «tout pour les actionnaires». A nous de préparer un autre après !


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